Des oeufs contre une piqûreTous les moyens sont bons pour promouvoir le vaccin
ATS
8.4.2021 - 11:13
Des oeufs frais en échange d'un vaccin, ou alors un mauvais point affiché à l'entrée de l'immeuble: par un mélange de pression et de récompenses, les Chinois sont fortement incités à se faire vacciner contre le Covid-19.
08.04.2021, 11:13
08.04.2021, 11:40
ATS
Premier pays touché par le coronavirus mais aussi premier à s'en sortir selon Pékin, la Chine peine quelque peu à convaincre sa population de passer sous la seringue. D'autant que les fabricants locaux de vaccins ne brillent pas par la transparence de leurs études cliniques.
Le pays le plus peuplé du monde n'a pour l'heure administré «que» 140 millions de doses (la plupart des vaccins disponibles nécessitent deux doses), soit 10% de sa population. Il prévoit de vacciner 40% des Chinois d'ici à juin.
Alors que la vie a largement repris un cours normal, avec une poignée de contaminations annoncées chaque jour, certains habitants ne voient pas d'urgence à se faire vacciner. Résultat, les collectivités locales rivalisent d'imagination pour convaincre.
D'abord la carotte
En banlieue de Pékin, l'arrondissement de Daxing offre des bons d'achat aux personnes qui ont reçu leurs deux doses.
Dans un autre quartier, les autorités ont promis deux boîtes d'oeufs aux plus de 60 ans dûment vaccinés. D'autres obtiennent des tickets gratuits pour visiter le Temple des lamas, un célèbre site bouddhiste de la capitale. Prix normal du billet: 25 yuans (3 euros).
Scandales de vaccins frelatés
Les seuls vaccins disponibles en Chine sont de fabrication nationale, avec des taux d'efficacité compris entre 50% et 80%. Avant l'épidémie de Covid, le pays a par le passé été le théâtre de scandales de vaccins frelatés.
Alors que la campagne de vaccination prend de l'ampleur, des habitants forment une longue file d'attente devant un centre médical de l'arrondissement de Chaoyang à Pékin.
«Ca fait un bout de temps que je me pose la question parce que c'est un truc nouveau, mais maintenant de plus en plus de gens ont été vaccinés», se résigne M. Zhang, un jeune homme qui s'apprête à recevoir l'injection.
Ensuite le bâton
Dans l'arrondissement de Xicheng, au centre de Pékin, les pas de portes s'ornent désormais d'un panneau en couleur spécifiant quel pourcentage des habitants ou des employés du lieu a reçu un vaccin.
L'affichette est verte si plus de 80% de la population concernée est vaccinée, jaune pour une proportion comprise entre 40% et 80%, et rouge si elle est inférieure à 40%.
Vaccination «facultative», mais
«Je trouve ça un peu bizarre», avoue Wang Ying, dont le café s'orne désormais d'une affiche rouge. «Je croyais que la vaccination était facultative, mais maintenant j'ai l'impression que tout le monde doit y passer».
La serveuse reconnaît avoir eu des doutes quant à la sécurité des vaccins disponibles, mais qu'elle et ses collègues finiront par tendre leur bras à l'infirmière. «Dans les bars et restaurants ça rassurera tout le monde», admet-elle.
Si le gouvernement assure que la vaccination est facultative, dans certains cas il semble que le refus ne soit pas une option.
A la frontière birmane, la petite ville de Ruili (sud-ouest) a entrepris de vacciner la totalité de sa population dans un délai de cinq jours, après la découverte d'un foyer de contagion la semaine dernière. Il n'a pas été précisé s'il serait possible d'y échapper.