Bolivie Des policiers se mutinent en Bolivie

ATS

9.11.2019 - 05:27

Les unités de police de trois villes boliviennes se sont mutinées vendredi, refusant de réprimer des manifestations de l'opposition qui réclament la démission du président Evo Morales après sa réélection controversée. Celui-ci a dénoncé un coup d'Etat «en cours».

La première unité de police à se rebeller a été l'Unité tactique d'opérations policières (UTOP) de la ville de c(centre), suivie peu après par les commandos de la police de Sucre (sud, capitale de la Bolivie) et de Santa Cruz, une région riche à l'est du pays et un bastion d'opposition.

«Nous nous sommes mutinés», a déclaré un policier, le visage dissimulé devant les journalistes au quartier général de l'Unité des opérations de police tactique (UTOP) à Cochabamba. «Nous allons être du côté du peuple, pas avec les généraux», a ajouté un de ses collègues, qui ne pouvait pas non plus être identifié. Des scènes de fraternisation entre policiers et manifestants de l'opposition ont été observées dans la capitale, La Paz, un contraste avec les trois nuits précédentes où les deux camps s'étaient affrontés.

Pas «d'opération militaire»

«Soeurs et frères, notre démocratie est en danger à cause du coup d'Etat en cours que des groupes violents ont lancé contre l'ordre constitutionnel. Nous dénonçons devant la communauté internationale cette attaque contre l'Etat de droit», a indiqué sur Twitter le président indigène de gauche à l'issue d'une réunion d'urgence avec plusieurs ministres.

«J'appelle notre peuple à prendre soin pacifiquement de la démocratie et de la CPE (Constitution politique de l'Etat) pour préserver la paix et la vie en tant que biens suprêmes au-dessus de tout intérêt politique», a ajouté M. Morales dans un autre tweet.

Avant la réunion, le ministre de la Défense Javier Zavaleta a assuré qu'il n'était pas question d'une intervention militaire contre les mutins pour l'heure: «Aucune opération militaire ne sera menée pour le moment, c'est totalement exclu», a-t-il déclaré.

Une vingtaine d'agents ont grimpé au sommet du bâtiment du quartier général de la police à Cochabamba en agitant le drapeau bolivien ainsi qu'une banderole dénonçant une élection présidentielle frauduleuse. Des dizaines de jeunes opposants les encourageaient depuis la rue. Les manifestants ont fait exploser des pétards dans une ambiance festive et ont hissé sur un mât un drapeau bolivien (rouge, jaune et vert) chantant l'hymne national.

Appel aux militaires et à la police

Le leader régional Luis Fernando Camacho, le leader le plus visible et le plus radical de l'opposition bolivienne, avait demandé samedi dernier aux militaires et à la police de se joindre à l'opposition dans cette crise déclenchée par la réélection controversée de M. Morales lors des élections du 20 octobre.

Camacho était à un rassemblement dans la partie sud de La Paz vendredi après-midi quand la nouvelle de la mutinerie de Cochabamba s'est répandue. La foule a applaudi debout et s'est mise à chanter: «Ami de la police, le peuple est avec toi».

La Bolivie vit sa troisième semaine de manifestations violentes, avec des grèves et des blocus dans les rues, contre la réélection du président pour un quatrième mandat. Ces manifestations qui secouent le pays depuis le 20 octobre ont fait trois morts et quelque 200 blessés.

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