Et en Suisse? Des tiques tropicales découvertes en Allemagne

SDA

17.8.2018

L’hyalomma marginatum (à droite) comparée à la tique commune
L’hyalomma marginatum (à droite) comparée à la tique commune
IMB / Lidia Chitimia-Dobler via www.uni-hohenheim.de

En Allemagne, des chercheurs ont découvert plusieurs tiques tropicales du genre hyalomma. Ces espèces sont également présentes en Suisse et peuvent transmettre le virus de la fièvre de Crimée-Congo, dangereuse pour l’homme. Les experts considèrent toutefois que le risque d’une flambée épidémique est très faible.

Selon des membres de l’Université de Hohenheim et de l’Institut de microbiologie de l’armée allemande à Munich, les scientifiques de Basse-Saxe et de Hesse ont enregistré un total de sept spécimens du genre hyalomma cette année. Non seulement les bêtes sont beaucoup plus grosses que la tique commune locale, mais elles peuvent transmettre d’autres maladies. Dans un spécimen, les chercheurs ont trouvé une bactérie de la famille des rickettsies, responsable de la fièvre boutonneuse et qui provoque des réactions cutanées importantes et de la fièvre chez l’homme.

Habituées à la chaleur sèche, ces tiques qui vivent habituellement en Afrique, en Asie et en Europe du Sud, se sentent très à l’aise avec les conditions météorologiques actuelles en Allemagne, soulignent les scientifiques. «Nous supposons que nous devrons compter avec de plus en plus d’espèces de tiques tropicales en Allemagne, qui viendront s’installer en raison de conditions climatiques favorables», a déclaré Ute Mackenstedt, parasitologue à l’Université de Hohenheim à Stuttgart. Jusqu’ici, seuls deux cas isolés de tiques du genre hyalomma avaient été découverts en Allemagne, en 2015 et 2017.

En Suisse depuis 1975

La situation est légèrement différente en Suisse. Les tiques tropicales ont été évoquées en Suisse dès 1975. A cette époque, des chercheurs de l’Université de Neuchâtel avaient découvert que les tiques du genre hyalomma arrivaient en Suisse avec les oiseaux migrateurs. Comme l’a confié le parasitologue Alexander Mathis de l’Université de Zurich à l’agence Keystone-ATS: «La mondialisation du tourisme et du transport de marchandises peut aussi aider des espèces étrangères telles que les tiques du genre hyalomma à trouver leur chemin vers la Suisse».

Si l’on cherchait spécifiquement ces espèces de tiques tropicales, on les trouverait donc aussi ici et là en Suisse, poursuit Alexander Mathis. Cependant, ces tiques n’ont pas encore été systématiquement répertoriées à ce jour.

Pour le parasitologue, il est peu probable que ce type de tiques tropicales colonise la Suisse. «Nos hivers sont trop rigoureux pour que les tiques du genre hyalomma s’installent ici.» Avec le changement climatique, les choses pourraient évoluer à long terme, mais ces modifications se feront très lentement.

Rester vigilant

Les tiques du genre hyalomma peuvent transmettre différentes maladies, parmi lesquelles le virus de la fièvre de Crimée-Congo, extrêmement dangereuse pour l’homme. Toutefois à ce jour, aucun cas de cette maladie infectieuse grave n’a encore été signalé en Suisse.

Jan Fehr, directeur du Centre de la médecine des voyages et des maladies infectieuses à l’Hôpital universitaire de Zurich, estime que la probabilité d'une épidémie due à l'introduction de tiques est faible. «Mais nous devons rester vigilants et observer la propagation des tiques du genre hyalomma.»

Il souligne l’importance de l’application spéciale tiques, développée par l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et soutenue par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Cette application permet d’envoyer des tiques après une morsure et de les faire analyser pour détecter des agents pathogènes. Selon Fehr, cela pourrait être étendu à l’avenir aux tiques touchant les animaux de compagnie.

«Si nous avions un cas de fièvre de Crimée-Congo chez une personne qui ne s’est pas rendue dans les régions où la maladie est présente, ce serait un signal d’alarme», a expliqué l’infectiologue à l’agence Keystone-ATS.

Par ailleurs, il a constaté que le nombre de cas de méningo-encéphalites à tiques (FSME) avait récemment augmenté de manière significative en Suisse. «Mais on peut se protéger efficacement de cette maladie par la vaccination», souligne Fehr.

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