Etats-Unis Destitution de Trump: âpre bataille sur les règles du procès

ATS

22.1.2020

Les débats se sont ouverts au Sénat mardi dans le procès en destitution de Donald Trump, en l'absence de l'accusé, arrivé en Suisse le matin même pour assister au WEF à Davos. Dans une âpre bataille sur les règles de ce rendez-vous historique, les démocrates ont accusé les républicains d'organiser un acquittement au pas de charge du président des États-Unis.

Cinq jours après avoir juré de rendre la justice de «manière impartiale», les cent sénateurs se sont retrouvés peu après 13h00 (20h00 en Suisse) au Capitole, siège du Congrès à Washington, sous la présidence solennelle du chef de la Cour suprême John Roberts.

Mais avant d'entamer enfin les débats sur l'acte d'accusation pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès, adopté en décembre par la Chambre des représentants, ils ont engagé un rude bras de fer sur les règles du jeu. Le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell a introduit une résolution pour encadrer ce procès.

A dix mois de la présidentielle, celui-ci parasite la campagne de réélection du locataire de la Maison Blanche. Au programme, des audiences à marche forcée. D'abord 24 heures pour l'accusation et autant pour la défense afin qu'elles exposent leurs arguments, le tout en six jours maximum. Puis 16 heures de questions des sénateurs.

«C'est une feuille de route équitable pour notre procès», a estimé l'influent M. McConnell, qui ne cache pas sa volonté d'offrir au milliardaire républicain l'acquittement rapide qu'il espère, idéalement dans un délai de deux semaines. Accusé de vouloir organiser un procès nocturne quand les Américains dorment, il a toutefois dû rallonger la durée des argumentaires par rapport à une première proposition.

«Honte nationale»

L'élu Adam Schiff, chargé de porter l'accusation, a reproché aux républicains d'organiser un «procès truqué» au Sénat, quand les républicains estiment que les démocrates avaient conduit une enquête «truquée» à la Chambre des représentants.

En cause, la question cruciale des témoins-clés que les démocrates veulent convoquer et des documents qu'ils exigent de la Maison Blanche, du département d'Etat et du ministère de la Défense. Les républicains veulent repousser toute décision là-dessus après la séance de questions.

«On marche à l'envers, un procès avant les pièces à conviction», a lancé Adam Schiff. «La majorité des Américains ne croient pas que ce sera un procès équitable».

Evoquant une «honte nationale», le chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer a introduit plusieurs amendements pour obtenir immédiatement ces témoignages et documents, qui prolongeaient les débats tard dans la soirée.

Les cinq premiers ont été rejetés selon les lignes partisanes: les 53 sénateurs républicains ont voté contre, les 47 démocrates pour. Mais M. Schumer semblait prêt à rester encore plusieurs heures dans l'hémicycle pour faire plier les républicains.

Quatre républicains

«Nous avons besoin de quatre républicains qui soient prêts à choisir le camp de la justice», a lancé Chuck Schumer, qui courtise une poignée de sénateurs conservateurs jugés plus modérés. «Les sénateurs républicains vont être confrontés à un choix, connaître les faits ou rejoindre Mitch McConnell et le président Trump dans leur tentative de dissimulation».

Le 45e président des Etats-Unis, qui est seulement le troisième à subir l'affront d'un procès en destitution après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1999, ne sera pas personnellement présent aux audiences.

«Rien fait de mal»

Mais il a profité de son déplacement au Forum économique mondial de Davos, de l'autre côté de l'Atlantique, pour vanter le «retour» du «rêve américain». Et qualifier une fois de plus mardi son procès de "farce" et de «chasse aux sorcières».

Au coeur du scandale: un coup de téléphone en juillet au cours duquel Donald Trump demandait à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d'enquêter sur Joe Biden, son adversaire démocrate potentiel à la présidentielle de novembre. Les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants qui a mené l'enquête en destitution, accusent l'ex-magnat de l'immobilier d'avoir exercé un chantage sur Kiev: vous lancez l'enquête ou nous bloquons une aide militaire cruciale.

«Le président n'a rien fait de mal», répondent ses avocats dans leur argumentaire de 110 pages soumis lundi au Sénat. C'est la ligne de défense de l'ex-homme d'affaires new-yorkais âgé de 73 ans, qui enchaîne les provocations et aime casser les codes politiques. Depuis que l'affaire a éclaté en septembre, il n'a cessé de clamer que son appel au président ukrainien était «parfait».

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