Un accord qui choqueDétenus expulsés par Trump: une réalité glaçante les attend
Barman Nicolas
4.2.2025
Le président américain Donald Trump mise sur une politique migratoire ultra-répressive. Un nouvel accord avec le Salvador prévoit d'incarcérer des criminels et migrants expulsés dans la tristement célèbre prison CECOT. La mesure suscite une vague d'indignation.
Le CECOT, centre de confinement du terrorisme est une prison à sécurité maximale salvadorienne située à Tecoluca. Inaugurée en février 2023, d'une superficie de 1,6 km², elle peut accueillir 40' 000 détenus.
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Samuel Walder
04.02.2025, 11:32
04.02.2025, 11:47
Barman Nicolas
Dans une décision inédite, le Salvador accepte d'héberger dans ses prisons non seulement ses propres ressortissants expulsés des États-Unis, mais aussi des migrants de toutes nationalités.
Rapporté par CNN, l'accord, annoncé par le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le président salvadorien Nayib Bukele, a déclenché une levée de boucliers parmi les organisations de défense des droits humains.
Le Salvador propose de recevoir des prisonniers détenus aux Etats-Unis
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio affirme que le président salvadorien Nayib Bukele a proposé de recevoir dans son pays des prisonniers détenus aux Etats-Unis, y compris des ressortissants américains.
04.02.2025
Elon Musk: une «bonne idée»
Rubio salue un «acte d'amitié exceptionnelle», affirmant que l'accord vise principalement à déporter des membres des gangs MS-13 et Tren de Aragua. Bukele va plus loin, affirmant sur X que son pays est prêt à accueillir des criminels condamnés, dont des citoyens américains, moyennant une taxe.
«Nous avons proposé aux Etats-Unis de délocaliser une partie de leur système carcéral», a indiqué sur X le chef d'Etat, réputé pour sa fermeté dans sa lutte anti-criminalité.
«Pour les États-Unis, cette taxe serait minime, mais pour nous, elle serait significative», déclare le président salvadorien. Un projet approuvé publiquement par Elon Musk, qui le qualifie de «bonne idée».
La réalité des prisons salvadoriennes est loin d'être un modèle de réinsertion. Les conditions y sont rudes. Les détenus n'ont pas accès à des couverts et mangent à même le sol pour éviter que des objets ne soient transformés en armes.
Seuls 30 minutes de sortie de cellule sont autorisées par jour. Aucune haltère ni poids n'est mis à disposition pour limiter les risques de violences.
La réalité des prisons salvadoriennes est loin d'être un modèle de réinsertion.
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Des ONG dénoncent un système carcéral inhumain. Selon un rapport du département d'État américain, ces prisons sont surpeuplées, manquent d'hygiène, d'eau potable et d'assistance médicale.
L'année dernière, 174 prisonniers auraient été victimes de tortures ou d'exécutions extrajudiciaires.
M. Rubio a notamment cité les gangs latino-américains MS-13 du Salvador ou Tren de Aragua du Venezuela, qui opèrent aussi aux Etat-Unis, et dont certains des membres ont la nationalité américaine
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Une politique controversée
L'accord s'inscrit dans la ligne dure adoptée par Trump sur l'immigration. Ces derniers mois, il a renforcé les mesures d'expulsion vers le Venezuela, le Mexique et la Colombie.
Mais le volet le plus explosif de cette politique concerne les citoyens américains. Des experts doutent de la légalité d'une telle mesure, qui pourrait violer la Constitution américaine. Si des détenus américains sont bel et bien envoyés au Salvador, des recours judiciaires massifs sont à prévoir.
Selon M. Rubio, le Salvador est prêt à reprendre ses propres ressortissants au même titre que ceux d'autres pays.
Une réduction record de la criminalité, mais à quel prix ?
Depuis 2022, Bukele mène une campagne sans précédent contre les gangs organisés du pays. Son objectif : l'éradication totale de la criminalité de rue. Pour cela, son gouvernement a déjà emprisonné plus de 70'000 personnes.
Il défend son approche : selon lui, cette politique a permis de réduire le taux d'homicides de 57 % en 2022, faisant du Salvador un pays bien plus sûr.
Cependant, les critiques soulignent que cette lutte radicale contre les gangs ne fait pas la distinction entre criminels et innocents.
L'an passé, Bukele a inauguré la plus grande prison d'Amérique latine près de Tecoluca, à 75 kilomètres de la capitale San Salvador.
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En juin 2024, le gouvernement salvadorien a même publié une vidéo promotionnelle de sa prison de haute sécurité, présentant l'arrivée de 2'000 membres de gangs. Une mise en scène digne d'un film dystopique, qui divise l'opinion internationale.
Avec cet accord, Trump réaffirme son virage ultra-répressif sur l'immigration. Reste à voir si cette politique tiendra face aux défis juridiques et éthiques qui se profilent.