UE Dette italienne: possibles sanctions

ATS

29.5.2019 - 18:19

Les menaces de Bruxelles risquent de n'avoir qu'un effet limité sur le gouvernement italien, étant donné le ton employé ces derniers jours par son homme fort, Matteo Salvini, dont le parti d'extrême droite, la Ligue, a remporté les élections européennes (archives).
Les menaces de Bruxelles risquent de n'avoir qu'un effet limité sur le gouvernement italien, étant donné le ton employé ces derniers jours par son homme fort, Matteo Salvini, dont le parti d'extrême droite, la Ligue, a remporté les élections européennes (archives).
Source: KEYSTONE/AP/ANTONIO CALANNI

Bruxelles a ouvert mercredi la voie à de possibles sanctions financières contre l'Italie à cause de son énorme dette. Elle risque de se heurter à l'inflexibilité du gouvernement populiste, notamment de Matteo Salvini, fort de sa victoire aux européennes.

Dans une lettre envoyée mercredi, la Commission européenne réclame à l'Italie des clarifications sur la détérioration de ses finances publiques. Elle estime que le pays «n'a pas réalisé suffisamment de progrès».

La coalition populiste au pouvoir en Italie, qui réunit la Ligue (extrême droite) et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), a jusqu'au 31 mai pour répondre à ce courrier.

Mais quelle que soit sa réponse, il est probable, étant donné l'état des finances italiennes, que Bruxelles recommande le 5 juin l'ouverture d'une «procédure pour déficit excessif» à son encontre, comme elle l'avait déjà fait fin 2018.

L'ouverture d'une telle procédure peut aboutir à terme à des sanctions allant jusqu'à 0,2% du PIB. Mais elle devra encore être validée, le cas échéant, par les ministres des Finances de l'UE, sans doute en juillet.

Effet limité

Les menaces de Bruxelles risquent cependant de n'avoir qu'un effet limité sur le gouvernement italien, étant donné le ton employé ces derniers jours par son homme fort, Matteo Salvini. Ce dernier est tout juste auréolé par l'écrasante victoire de son parti d'extrême droite, la Ligue, aux élections européennes.

Le vice-Premier ministre italien avait ironisé dès mardi sur «la petite lettre de Bruxelles», évoquant même une amende de 3 milliards d'euros --ce qui correspond grosso modo à 0,2% du PIB de l'Italie. «Toute mon énergie sera utilisée pour changer ces vieilles règles», avait promis M. Salvini.

«Messieurs de Bruxelles, il est fini le temps des petites lettres, des rappels, des 'tu es méchant et tu vas au tableau' et tu restes précaire ou au chômage pendant dix ans parce que c'est la règle européenne. Récupérons notre droit à la croissance et à l'avenir», avait-il lancé.

Il a insisté sur la nécessité d'un «choc fiscal» pour relancer le pays, avec une extension de la «flat tax» sur les revenus des entreprises et des familles. Une mesure qui coûterait, selon lui, 30 milliards d'euros.

L'autre vice-Premier ministre de la coalition, Luigi Di Maio, chef de file du M5S, a lui subi une déconvenue aux élections. Il a jugé lundi nécessaire de «mettre en oeuvre de sérieuses baisses d'impôts», un sujet sur lequel il était pourtant peu porté jusque-là.

Dette record

Le gouvernement italien avait déjà eu maille à partir fin 2018 avec Bruxelles, qui avait recommandé une première fois l'ouverture d'une procédure pour déficit excessif. Les deux parties avaient finalement assoupli leurs positions pour parvenir à un compromis opportun à quelques mois des élections européennes.

Mais selon les dernières prévisions de la Commission, la dette italienne risque d'atteindre de nouveaux records: 132,2% du PIB en 2018, puis 133,7% en 2019 et 135,7% en 2020, bien au-delà du seuil de 60% fixé par les règles européennes. Et son déficit structurel devrait s'aggraver alors qu'une amélioration sensible était demandée. Difficile, dans ce contexte, d'en rester là avec l'Italie.

La Bourse de Milan, malmenée comme les autres places financières par les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, perdait 1,32% vers 16h25.

Quant au spread, le très surveillé écart entre les taux d'emprunt italien et allemand, un bon indice de l'inquiétude des investisseurs, il s'est nettement tendu ces trois derniers jours, passant de 267 points vendredi à 287 points mercredi, après un pic à 292 points.

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