Boutcha Zelensky accuse les dirigeants russes d'être responsables des meurtres

ATS

3.4.2022 - 23:05

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé dimanche que les dirigeants russes devaient être tenus pour responsables de «meurtres» et de «tortures» à Boutcha, une ville au nord-ouest de Kiev récemment reprise par les Ukrainiens où de nombreux civils ont été tués.

« Les dirigeants de la Fédération de Russie ont une responsabilité commune. Pour ces meurtres, pour ces tortures, pour les bras arrachés par des explosifs (...) », a déclaré Zelensky. (archives)
« Les dirigeants de la Fédération de Russie ont une responsabilité commune. Pour ces meurtres, pour ces tortures, pour les bras arrachés par des explosifs (...) », a déclaré Zelensky. (archives)
KEYSTONE/EPA

«Je veux que tous les dirigeants de la Fédération de Russie voient comment leurs ordres sont exécutés. Ce genre d'ordres (...). Et ils ont une responsabilité commune. Pour ces meurtres, pour ces tortures, pour les bras arrachés par des explosifs (...) Pour les balles tirées dans la nuque», a déclaré M. Zelensky, passant de l'ukrainien au russe, dans un message vidéo.

Il a précisé qu'un «mécanisme spécial» allait être créé pour «enquêter sur tous les crimes des occupants dans notre pays et les poursuivre», ajoutant qu'il fonctionnerait sur la base du «travail commun d'experts nationaux et internationaux».

«Ce mécanisme aidera l'Ukraine et le monde à traduire en justice ceux qui ont déclenché ou participé de quelque manière que ce soit à cette terrible guerre contre le peuple ukrainien et aux crimes contre notre peuple», a expliqué le chef de l'Etat.

«Crimes de guerre»

«Il est temps de tout faire pour que les crimes de guerre de l'armée russe soient la dernière manifestation de ce mal sur terre», a-t-il martelé. «Des centaines de personnes ont été tuées. Des civils torturés et abattus. (...) Même les corps des morts étaient minés!», a lâché M. Zelensky

«Je veux que chaque mère de chaque soldat russe voie les corps des personnes tuées à Boutcha, à Irpin, à Gostomel», des villes de la région de Kiev reconquises par les troupes ukrainiennes après le retrait des forces russes.

«Qu'ont-elles fait? Pourquoi ont-elles été tuées (...) Pourquoi des civils ordinaires ont-ils été torturés à mort dans une ville paisible? Pourquoi ont-ils étranglé des femmes après leur avoir arraché des boucles d'oreille? Comment des femmes pouvaient-elles être violées et tuées devant des enfants? Malmener leurs corps même après la mort? Pourquoi les chars ont-ils écrasé les corps des gens? Qu'est-ce que Boutcha a fait à votre Russie? Comment tout cela est-il devenu possible?», s'est emporté le président.

Il s'est ensuite directement adressé aux «mères russes» qui ont, selon lui, élevé des «pillards», des «bourreaux» «privés de tout ce qui est humain» qui «tuent délibérément et avec plaisir».

L'Otan critiquée

M. Zelensky a par ailleurs critiqué le «refus caché», en 2008, de l'Otan d'accueillir l'Ukraine en son sein à cause de la «peur absurde de certains responsables politiques à l'égard» de Moscou qui «pensaient qu'en rejetant l'Ukraine, ils pouvaient apaiser la Russie».

«Au cours des 14 années qui ont suivi cette erreur de calcul, l'Ukraine a connu une révolution et huit années de guerre dans le Donbass (est, où des séparatistes prorusses ont créé deux «républiques") et maintenant (...) la pire guerre en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale».

«J'invite Mme (Angela) Merkel (l'ex-chancelière allemande) et M. (Nicolas) Sarkozy (l'ancien président français) à visiter Boutcha et à voir à quoi la politique de concessions envers la Russie a abouti», a poursuivi M. Zelensky.

Mais «nous ne blâmons pas l'Occident. Nous ne blâmons personne d'autre que les militaires russes (...) et ceux qui leur ont donné des ordres», a-t-il aussitôt ajouté.