Etats-Unis Droit d'asile durci par la Cour suprême

ATS

12.9.2019 - 04:17

Le bâtiment de la Cour suprême à Washington (archives).
Le bâtiment de la Cour suprême à Washington (archives).
Source: KEYSTONE/AP/J. SCOTT APPLEWHITE

La Cour suprême des Etats-Unis a donné mercredi son feu vert à la stricte limitation des demandes d'asile de migrants venant d'Amérique centrale, une victoire pour Donald Trump. Ce dernier est déterminé à placer l'immigration au coeur de sa campagne pour 2020.

La haute cour a estimé que la mesure, qui oblige la plupart des migrants à solliciter le statut de réfugié dans un pays tiers traversé durant leur exil vers les Etats-Unis, s'appliquerait temporairement pendant que la bataille judiciaire se poursuit.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, souvent des familles avec enfants, sont potentiellement concernées par cette décision annoncée au coeur de l'été. Elle représente un tournant majeur dans la politique migratoire américaine.

Désaccord parmi les juges

Preuve que les neuf sages sont loin d'être d'accord sur ce sujet politiquement explosif, la juge Sonia Sotomayor, qui s'est opposée à la directive avec sa collègue progressiste Ruth Bader Ginsburg, a longuement motivé son désaccord.

«Une fois de plus, le pouvoir exécutif a émis une règle qui cherche à mettre fin à des pratiques établies de longue date concernant les réfugiés qui cherchent fuir les persécutions», a-t-elle déploré dans son plaidoyer écrit.

Et de déplorer avec force que cette décision ait été prise sans consultation préalable sur ce sujet de société alors que l'«enjeu pour les demandeurs d'asile est majeur».

«Grande victoire à la Cour suprême des Etats-Unis pour la frontière sur le droit d'asile», s'est de son côté réjoui Donald Trump qui a fait du durcissement de la politique américaine d'immigration une priorité de sa présidence, et de sa campagne.

Les juges conservateurs sont majoritaires à la haute cour depuis l'arrivée de deux magistrats nommés par le milliardaire républicain.

«Des milliers de familles»

Lee Gelernt, avocat de l'ACLU, puissant groupe de défense des droits civiques, a souligné dans un communiqué transmis à l'AFP que la bataille judiciaire sur ce dossier était loin d'être terminée.

«Il ne s'agit que d'une étape temporaire. Nous avons l'espoir de l'emporter in fine» a-t-il souligné. «Les vies de milliers de familles sont en jeu», a-t-il ajouté.

Depuis fin 2018, les Etats-Unis font face à un afflux de migrants illégaux à leur frontière avec le Mexique, ce qui a tendu les relations entre Washington et son voisin du sud.

En juin, Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane sur les produits importés du Mexique si le gouvernement d'Andrés Manuel Lopez Obrador ne mettait pas un coup d'arrêt à l'arrivée de migrants en provenance essentiellement du Guatemala, du Salvador et du Honduras.

Soldats à la frontière

Sous la pression, le Mexique a déployé plus de 25'000 soldats répartis entre la frontière sud -où arrivent la majorité des migrants- et le nord, à la frontière de 3200 km qui le sépare des Etats-Unis.

Mercredi soir, M. Trump a assuré dans un tweet avoir une «excellente» conversation téléphonique avec son homologue mexicain.

«La frontière sud est de plus en plus forte en dépit de l'obstruction des démocrates qui ne sont pas d'accord pour faire quoi que ce soit sur les failles dans la loi ou le droit d'asile!«, a-t-il martelé.

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