Droits LGBTTir de barrage contre Budapest au sommet de l'UE
ATS
24.6.2021 - 18:42
24.06.2021, 18:42
La Hongrie était sous pression jeudi, accusée de discriminer les LGBT avec une loi dénoncée par la majorité des dirigeants des pays de l'UE réunis pour un sommet à Bruxelles. Les 27 doivent aborder bien d'autres sujets épineux dont le dialogue avec Moscou.
La législation controversée a conduit 17 pays membres, dont la France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, à interpeller dans une lettre commune les chefs de l'UE et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres (invité au sommet) sur la nécessité de faire respecter les valeurs européennes.
Sans mentionner la Hongrie, la lettre déplore des «menaces contre les droits fondamentaux et en particulier le principe de non-discrimination en raison de l'orientation sexuelle». Le sujet devrait animer le dîner jeudi soir entre les chefs d'Etat et de gouvernement réunis jusqu'à vendredi, avec un Premier ministre hongrois Viktor Orban sommé de s'expliquer et appelé à revoir son texte.
La nouvelle loi hongroise prévoit que «la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans».
«La loi ne concerne pas les homosexuels (mais) la façon dont les parents veulent faire l'éducation sexuelle de leurs enfants», s'est défendu M. Orban, accusant ses homologues européens de ne pas l'avoir lue. Cette loi «ne me paraît pas conforme à nos valeurs», lui a rétorqué le président français Emmanuel Macron, espérant pouvoir convaincre M. Orban d'un «changement de ce texte».
«Dialogue exigeant avec Moscou»
Plus offensif, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte est allé jusqu'à affirmer que la Hongrie, avec sa loi, n'a «plus rien à faire dans l'Union européenne», tout en souhaitant «faire plier» Budapest sur cette question. Antonio Guterres a jugé «toute discrimination contre les LGBTIQ+ totalement inacceptable dans nos sociétés modernes».
Autre gros sujet au menu du dîner: les relations de l'UE avec la Russie, qui n'ont cessé de se détériorer depuis l'annexion de la Crimée et le début du conflit en Ukraine en 2014, et sont actuellement «au plus bas», selon le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.
Angela Merkel et Emmanuel Macron jugent nécessaire d'organiser des rencontres avec le président russe Vladimir Poutine pour traiter des sujets d'intérêt majeur pour l'UE, malgré les différends et les tensions. La chancelière allemande a estimé que l'Union européenne devait nouer un «contact direct» avec Moscou, une semaine après le sommet Biden-Poutine. «Il ne suffit pas que le président américain parle au président russe», a-t-elle lancé.
«C'est un dialogue nécessaire à la stabilité du continent européen mais exigeant parce que nous ne cédons rien de nos valeurs, ni de nos intérêts», a appuyé Emmanuel Macron. Cette initiative est soutenue par Vladimir Poutine. «Nous la percevons positivement», a affirmé son porte-parole.
Mais elle suscite le rejet de plusieurs pays de l'UE, dont la Pologne et les pays baltes.
Détente avec Ankara
Pandémie oblige, les Européens ont discuté dans l'après-midi de la coordination contre le Covid-19 et de l'inquiétante propagation du variant Delta. La chancelière allemande Angela Merkel avait plaidé pour une plus grande harmonisation des règles entre pays membres.
Les dirigeants doivent aussi se pencher, pour la première fois depuis juin 2018, sur le sujet de la migration, en abordant la question de la coopération avec les pays d'origine et de transit des migrants.
Terre d'accueil pour près de 4 millions de réfugiés syriens, la Turquie est un partenaire important pour l'UE qui a signé avec elle en 2016 un accord destiné à stopper l'afflux de migrants en échange notamment d'une aide financière aux associations humanitaires sur place.
Les chefs d'Etat et de gouvernement vont discuter d'une proposition de la Commission de consacrer 5,7 milliards d'euros pour financer l'aide aux Syriens réfugiés en Turquie, au Liban et en Jordanie jusqu'en 2024. Dont 3,5 milliards pour la Turquie. L'UE a déjà alloué plus de 6 milliards d'euros dans le cadre de l'accord de 2016, dont 4,1 milliards ont été décaissés.
Les Européens souhaitent normaliser les relations avec la Turquie après une année 2020 marquée par les tensions, mais demandent au président turc Recep Tayyip Erdogan des gages pour une reprise de la coopération. «Nous allons clarifier les lignes d'un réengagement du dialogue», a déclaré Emmanuel Macron.