Il plaide non coupable Trump se défend d'avoir voulu influencer l'élection de 2020

ATS

3.8.2023 - 23:05

L'ancien président américain Donald Trump, favori de son parti pour reconquérir la Maison Blanche, a plaidé jeudi non coupable d'accusations liées à ses manoeuvres «criminelles» visant à inverser les résultats de l'élection de 2020.

Lors de cette comparution pénale historique devant un tribunal fédéral de Washington, le milliardaire républicain a lui-même répondu debout «non coupable» à la lecture par la juge Moxila Upadhyaya des chefs d'accusation et des peines de prison encourues.

L'acte d'accusation de 45 pages publié mardi, qui fait notamment état d'un «projet criminel», reproche à Donald Trump d'avoir sapé les fondements de la démocratie américaine en tentant d'altérer le processus de comptabilisation des suffrages de plus de 150 millions d'Américains, des inculpations inédites et d'autant plus graves qu'il était alors président en exercice.

A contrario, les deux précédentes poursuites pénales engagées contre lui cette année, pour des fraudes comptables liées à l'achat du silence d'une actrice de films X, et pour avoir compromis la sécurité nationale par sa désinvolture dans le traitement de documents classifiés, portent respectivement sur la période précédant et suivant son mandat.

Le tribunal fédéral où il a comparu se trouve à proximité du Capitole, le siège du Congrès américain, pris d'assaut par des centaines de ses partisans chauffés à blanc pour y empêcher la certification de la victoire de Joe Biden, le 6 janvier 2021.

«Procès équitable»

«Je peux assurer à tout le monde qu'il y aura un processus et un procès équitable», a déclaré la juge Moxila Upadhyaya. Auparavant, M. Trump avait de nouveau accusé son successeur et rival démocrate Joe Biden d'être à l'origine de ces nouvelles poursuites judiciaires pour l'écarter de la course à l'élection présidentielle de 2024.

Son tort est d'"avoir contesté une élection truquée. Juridiction injuste, juge injuste», a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social, apparemment en référence à la juge fédérale Tanya Chutkan qui doit présider les débats au futur procès.

«Les présidents ne sont pas des rois», pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un manifestant aux environs du tribunal, en référence à une phrase prononcée par la juge en novembre 2021 pour rejeter une demande de M. Trump de bloquer la divulgation d'informations sur ses agissements lors de l'assaut du Capitole. La juge Chutkan a notamment siégé au procès de participants à ces violences.

«Les démocrates ne veulent pas faire campagne face à moi, sinon ils n'auraient pas recours à cette instrumentalisation sans précédent de la justice», avait auparavant écrit M. Trump.

Le président Biden, en vacances dans une station balnéaire du Delaware sur la côte est, avait assuré à la chaîne CNN qu'il ne suivrait pas les informations sur la comparution de son potentiel futur adversaire en 2024.

Nuée de journalistes

Plus de 24 heures avant le début de l'audience, les caméras et les camions satellite des médias nationaux et internationaux étaient déjà déployés sur la place devant le tribunal, sous les objectifs et l'oeil curieux des passants et des touristes.

Jeudi à l'aube, une petite centaine de journalistes faisaient la queue pour pénétrer dans le tribunal tandis que des barrières de sécurité étaient dressées autour du bâtiment, ainsi qu'autour du Capitole.

Plus de six services de police ou agences de sécurité, dont le Secret Service, chargé de la protection des hautes personnalités de l'Etat, sont mobilisés pour cette occasion, a indiqué à l'AFP la police de la capitale fédérale.

Le procureur spécial Jack Smith, qui a supervisé l'enquête, a déclaré mardi vouloir «un procès sans délai», qui pourrait donc se tenir en pleine campagne présidentielle. Donald Trump, 77 ans, reste le grand favori des primaires pour le parti républicain.

Les conséquences de cette inculpation sur sa candidature restent à déterminer. Malgré les poursuites qui s'accumulent, Donald Trump reste l'immense favori à l'investiture républicaine et creuse même l'écart avec le numéro 2, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui enchaîne les faux pas depuis le début de sa campagne. Selon un sondage New York Times/Siena College publié lundi, l'ex-président le devance désormais de 37 points.