Tollé en Allemagne Merkel: «J'ai estimé qu'il ne fallait pas rester silencieux dans une situation aussi grave» 

L'ancienne chancelière allemande Angela Merkel a exhorté mercredi les responsables politiques à réduire les tensions à l'approche des élections du 23 février. Cela après que son parti, la CDU, a déclenché un tollé en acceptant le soutien de l'extrême droite.

Keystone-SDA

05.02.2025, 23:23

ATS

«Il y a un certain degré de polarisation (et) d'agitation», a-t-elle dit lors d'une interview en direct avec le journal Die Zeit. «Je pense que cela a occupé tous les membres du Parlement», a-t-elle ajouté. «Il faut maintenant retrouver une situation dans laquelle des compromis sont possibles, car il semble qu'aucun parti ne pourra obtenir la majorité absolue».

Pour l'ancienne chancelière, «cela signifie que les partis démocratiques devront à nouveau se parler». La semaine dernière, la CDU, parti de centre-droit, a fait passer des votes sur l'immigration au parlement avec le soutien de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), brisant un tabou parmi les partis allemands sur la collaboration avec l'extrême droite.

Effondrement du front républicain

Cette décision a déclenché des manifestations contre la CDU et son chef, Friedrich Merz, favori des élections, ainsi que des critiques de la part du chancelier de centre-gauche Olaf Scholz et des groupes de défense des droits, qui ont dénoncé l'effondrement du front républicain contre l'AfD.

Mme Merkel, plus centriste que M. Merz et sa rivale de longue date au sein de la CDU, a critiqué cette décision qu'elle a qualifiée d'«erronée», dans une rare intervention dans la politique quotidienne. Mercredi, Mme Merkel, chancelière de 2005 à 2021, a fait valoir qu'elle s'était sentie obligée de s'exprimer: «J'ai estimé qu'il ne fallait pas rester silencieux dans une situation aussi grave».

«Nous pouvons tous deux faire face», a-t-elle néanmoins estimé, appelant les partis traditionnels à tourner la page de la polémique.

CDU en première position dans les sondages

Le tollé provoqué par la décision de la CDU la semaine dernière a renforcé l'incertitude quant au processus délicat de formation d'un gouvernement de coalition après les élections du 23 février.

La CDU est en première position dans les sondages avec environ 30%, tandis que l'AfD est en deuxième position avec 20% et le SPD de M. Scholz en troisième position avec environ 16%.