Les Togolais se rendaient aux urnes jeudi dans le calme et sous une forte présence militaire pour élire leurs députés. Ce scrutin a toutefois été boycotté par 14 partis d'opposition qui dénoncent un "hold-up électoral" du parti au pouvoir.
A Lomé, la plupart des bureaux de vote ont ouvert comme prévu à 07h00 (08h00 suisses) dans le quartier de Doumassessé, fief du parti au pouvoir UNIR. Les électeurs formaient déjà une file, a constaté un journaliste de l'AFP.
Mercredi, le ministre de la sécurité Yark Damehame avait mis en garde les "gens" qui souhaitent "empêcher les élections": "Nous avons pris les dispositions qui s'imposent pour accompagner nos compatriotes pour qu'ils puissent accomplir leur devoir civique", avait-il averti lors d'une conférence de presse.
Forces de l'ordre déployées
Aux carrefours de la capitale, et aux stations services, les forces de sécurité étaient déployés pour prévenir toute violence lors de ce vote, sous haute tension.
Dans les quartiers de l'opposition, l'affluence était très mitigée. A Agoé, fief du Parti National Panafricain (PNP), "les gens viennent au compte-gouttes", expliquait le président du bureau de vote d'Alfourkane. "Dans le courant de la journée, je suis sûr que les gens vont essayer de surmonter leur peur", ajoutait-il.
Pour nombre de partisans de l'opposition, ce n'est toutefois pas la peur qui les éloigne des bureaux de vote, mais bien l'appel au boycott de la coalition de l'opposition C-14.
Absence de réformes
"Je ne vote pas parce que les réformes (constitutionnelles et électorales) n'ont pas été faites", justifie François Atandji, jeune résident du quartier de Bé, fief de l'Alliance Nationale pour le Changement (ANC), le parti historique de l'opposition.
Dans un communiqué de la C-14 largement partagé sur les réseaux sociaux, le "peuple Togolais" était invité à boycotter et "empêcher" ce "énième hold-up électoral".
Depuis plus d'un an, l'opposition multiplie les marches de protestation pour demander la démission du président Faure Gnassingbé et la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a succédé dans la violence à son père, le général Eyadema Gnassingbé, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 38 ans.
Au moins quatre morts
Les manifestations des 8 et 10 décembre ont fait au moins quatre morts - six selon l'opposition - tués par balles.
Avec ce boycott de l'opposition, le parti au pouvoir peut espérer remporter les quatre cinquièmes des sièges (73 députés sur 91 contre 62 actuellement), pouvant lui permettre d'opérer seul les réformes au Parlement, notamment une réforme constitutionnelle permettant au président Gnassingbé de se représenter en 2020 et 2025.
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