Boris Johnson Son avenir politique se joue avec les élections locales

ATS

5.5.2022 - 16:37

Les Britanniques votaient jeudi lors d'élections locales décisives pour l'avenir de Boris Johnson, après le scandale du «partygate». En Irlande du Nord, les républicains du Sinn Fein espèrent une victoire historique.

Partygate et coût de la vie devraient dominer les élections locales au Royaume Uni. En Irlande du Nord, le Sinn Fein est en passe de créer la surprise.
Partygate et coût de la vie devraient dominer les élections locales au Royaume Uni. En Irlande du Nord, le Sinn Fein est en passe de créer la surprise.
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Keystone-SDA

Des milliers de sièges sont en jeu dans des conseils locaux en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles, ce qui permettra aux électeurs de s'exprimer pour la première fois après des mois de révélations sur les fêtes tenues à Downing Street pendant les confinements.

Ces élections, marquées traditionnellement par des enjeux très locaux et une très faible participation, révéleront aussi l'opinion des électeurs sur les conservateurs au pouvoir, après des critiques sur leur gestion de la pandémie et leur aide jugée insuffisante aux ménages étranglés par l'inflation. Celle-ci devrait culminer cette année à plus de 10%, selon la banque centrale, entraînant une contraction de l'économie l'année prochaine.

Gemma, une électrice de 44 ans qui travaille dans les ressources humaines, interrogée par l'AFP dans le Yorkshire du nord, pense que le «coût de la vie» est «un gros problème auquel les gens vont penser en votant aujourd'hui».

Johnson détendu

De mauvais résultats pour la majorité pourraient convaincre certains députés de retirer leur soutien à Boris Johnson. Ce dernier, semblant détendu et souriant, est allé voter avec son chien Dilyn dans un bureau du centre de Londres dès 07h40.

Dans une vidéo postée sur son compte Twitter, il a encouragé à voter conservateur pour «protéger le budget de votre famille» alors que la chute du pouvoir d'achat est en tête des préoccupations des électeurs.

La popularité de Boris Johnson, 57 ans dont bientôt trois à Downing Street, s'est effondrée après le «partygate». Ce scandale lui a valu une amende et des appels à la démission. Il a pour l'instant traversé la tempête, mettant en avant son rôle moteur dans le soutien occidental à l'Ukraine.

Le Labour, principal parti d'opposition, espère bien tirer profit de ses faiblesses, même si son chef, Keir Starmer, 59 ans, a lui-même été accusé d'avoir enfreint les règles sanitaires pour avoir partagé bières et currys avec son équipe l'an dernier.

La formation espère gagner des sièges à Londres, notamment dans des bastions traditionnellement conservateurs tels que Westminster ou Wandsworth et veut également reconquérir ses anciens fiefs devenus conservateurs lors des dernières élections en 2019 dans le nord et le centre de l'Angleterre.

Objectif réunification

En Irlande du Nord, c'est un séisme politique qui s'annonce: les sondages donnent le Sinn Fein en tête de l'Assemblée locale pour la première fois en 100 ans d'histoire de la province britannique de 1,9 million d'habitants, sous tension depuis le Brexit.

Une victoire du Sinn Fein, l'ex-vitrine politique de l'organisation paramilitaire Armée républicaine irlandaise (IRA), propulserait sa vice-présidente Michelle O'Neill au poste de cheffe du gouvernement local, censé réunir nationalistes et unionistes en vertu de l'accord de paix de 1998.

Mme O'Neill, qui a mené campagne surtout sur les sujets sociaux, a promis jeudi d'être une «Première ministre pour tous», appelant à voter pour «l'avenir».

Si son parti l'emporte, cela pourrait redéfinir le Royaume-Uni, le Sinn Fein prônant une réunification avec la République d'Irlande. Mais pourrait aussi aboutir à une paralysie.

Post-Brexit

Après avoir voté à Belfast, le chef des unionistes du DUP, Jeffrey Donaldson, a répété que sa formation refuserait de participer à un nouvel exécutif si le gouvernement britannique ne suspend pas le statut spécial post-Brexit de la province. Selon les loyalistes, ce statut porte atteinte aux liens avec le reste du Royaume-Uni.

«Nous avons besoin d'action pour faire face aux difficultés très réelles que le protocole cause aux habitants de toute l'Irlande du Nord», a-t-il déclaré à des journalistes. «Je n'entrerai pas dans un exécutif tant que cette action ne sera pas prise», a-t-il averti.

Dans tout le pays, les bureaux de vote fermeront à 21h00 GMT (23h00 suisses), avec de premiers résultats connus dans la nuit de jeudi à vendredi en Angleterre, puis au fil de la journée et samedi.