Appels au boycottElon Musk, repoussoir ou aimant pour les clients de Tesla?
ATS
9.2.2025 - 07:59
Les prises de position d'Elon Musk engagé comme conseiller du président américain Donald Trump font «peur» à des acheteurs de Tesla en Europe et des appels au boycott ont été lancés. Mais il reste difficile d'évaluer à quel point le milliardaire effraie les clients potentiels.
Une Tesla avec un autocollant faisant référence à l'achat de la voiture (achetée d'occasion, pas d'argent pour Musk) (archives).
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Keystone-SDA
09.02.2025, 07:59
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En Allemagne comme en France, les ventes du pionnier de l'électrique ont été divisées par deux sur un an au mois de janvier 2025, alors qu'en Suisse, elles ont chuté de 27%.
Des propriétaires de Tesla font aussi part de leur irritation. A Francfort, en Allemagne, Enrico Parano, cadre bancaire de 60 ans, reconnaît que «bien que la voiture soit très bonne», il réfléchirait «aujourd'hui très attentivement avant de l'acheter, en raison du comportement de Musk». Il envisage de vendre ses actions Tesla.
«Contribuer à donner du fric à ce type fait peur», a témoigné après de l'AFP Adriaan, un jeune médecin français qui a acheté une Tesla d'occasion. Il craint cependant qu'on n'aille vers «une catastrophe [climatique, ndlr] encore pire que l'accession au pouvoir de l'autre fou», Donald Trump, si l'on freine sur l'électrification des voitures.
«Boycott»
Elon Musk était habitué aux gros titres, mais il divise l'opinion depuis son rapprochement avec Donald Trump, entre ses attaques contre les politiques de diversité et son soutien à l'extrême droite européenne. Les critiques se sont notamment multipliées en Allemagne depuis qu'Elon Musk a affiché un large soutien au parti d'extrême droite AfD.
A l'arrière des voitures Tesla sont apparus des autocollants «I bought this before Elon went crazy» (je l'ai achetée avant qu'Elon ne devienne fou), comme aux Etats-Unis.
A la fin janvier, des activistes ont projeté sur la gigantesque usine Tesla de Berlin, pour le dénoncer, le salut polémique effectué par Elon Musk lors d'une réunion électorale, interprété par certains comme un salut nazi.
«Personne ne veut être associé au comportement de Musk», explique à l'AFP Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile en Allemagne. Or la marque et son patron sont «presque indissociables», ajoute-t-il.
Selon un autre expert allemand, Matthias Schmidt, «l'Allemagne reste très sensible à son histoire et ce discours politique de Musk est potentiellement toxique, étant donné que les consommateurs de Tesla sont, en partie, motivés par des préoccupations écologiques».
Aux Pays-Bas, un concessionnaire Tesla a été vandalisé avec des graffitis de croix gammées au début février, a rapporté le média Dutch News.
En Pologne, le soutien d'Elon Musk à l'AfD et ses commentaires sur l'histoire allemande ("les enfants ne devraient pas être coupables pour les péchés de leurs [...] grands-parents") ont poussé le ministre du tourisme Slawomir Nitras à dire qu'il était «nécessaire de répondre fermement [à Musk], par exemple avec un boycott».
Des fans trentenaires
S'il y avait un boycott, il resterait cependant difficile à mesurer: la marque Tesla est déjà freinée en Europe par différentes difficultés. Pionnière de la voiture électrique, l'entreprise affronte désormais une avalanche de modèles concurrents, sur un marché ralenti.
Par ailleurs, la gamme de Tesla était vieillissante et pourrait bénéficier d'un coup de fouet dans les prochains mois, avec le renouvellement de son SUV vedette, le Model Y, selon Matthias Schmidt. Contactée, le constructeur n'a pas souhaité commenter la situation.
Au niveau mondial cependant, les ventes de Tesla sont restées stables pendant l'année 2024 et l'action de Tesla est au plus haut en bourse depuis l'élection de Donald Trump. «Tesla, c'est aujourd'hui les deux faces d'une même pièce», analyse Ieva Englund de l'institut suédois Novus, qui a réalisé un sondage en ligne à la fin janvier.
«La moitié de la population [suédoise] est positive ou neutre [envers la marque], et admire l'innovation et le travail environnemental de Tesla», a-t-elle commenté dans un communiqué. Mais le blocage de la situation sociale de salarié suédois de Tesla, en grève, et les actions d'Elon Musk «font voir rouge à tous les autres».
L'experte de Novus note cependant que les hommes âgés de 35 à 49 ans, qui «peuvent être considérés comme le principal groupe cible de Tesla», restent «relativement positifs» à l'égard de la marque.