«Reparti à l'attaque»Macron a repris des couleurs mais reste très impopulaire
ATS
16.5.2023 - 19:47
La page n'est pas totalement tournée, mais il a sorti la tête de l'eau: en occupant l'espace médiatique pour marteler son message de «constance» économique, Emmanuel Macron a retrouvé une dynamique. Mais le ressentiment lié à la retraite à 64 ans risque d'être durable.
Keystone-SDA
16.05.2023, 19:47
ATS
Etonnamment discret durant les trois premiers mois de l'année pendant que sa réforme-phare enflammait les esprits, le président français a choisi la stratégie inverse après l'avoir promulguée.
Depuis qu'il a décrété, mi-avril, cent jours pour sortir son second quinquennat du bourbier, il est partout: dans un bain de foule en Alsace, quitte à se faire violemment huer; sur un marché du Jura pour une visite-surprise à l'abri des casserolades; dans un lycée professionnel de Charente-Maritime pour dévoiler la refonte de cette formation-clé; ou encore dans une usine du Nord pour vanter la réindustrialisation du pays.
Déplacer la lumière
Mais aussi dans les médias, avec une tribune et quatre interviews depuis en six jours, dont le 20h00 de TF1 lundi. Avec un objectif: déplacer la lumière sur sa politique économique. Axée sur la baisse des impôts et du coût du travail pour attirer et soutenir les investissements, revitaliser l'industrie française tout en accélérant la transition écologique, elle porte ses fruits, dit-il.
«Les investisseurs voient la force de ce qu'on a fait, la constance», et donc «même quand il y a des contestations, on ne change pas, on ne fait pas de tête à queue», a-t-il plaidé lundi soir, fort d'un record de 13 milliards d'euros d'investissements attirés lors du raout annuel Choose France.
Pour Emmanuel Macron, les retraites, l'assurance-chômage, les baisses d'impôts y compris sur le capital – autant de réformes qui lui ont été reprochées -, «c'est un tout», et c'est ce qui favorisera le plein emploi.
«Reparti à l'attaque»
Malmenée ces derniers mois, la Macronie a l'impression de reprendre quelques couleurs. Surtout que le président, qui va se tourner ces prochains jours vers l'international avec notamment un déplacement au G7 au Japon, a retrouvé sa verve pour défendre son bilan, là où, comme il l'a reconnu, il ne s'était pas assez «mouillé» sur les retraites.
«Il est reparti à l'attaque», se réjouit un proche. «Il y a une volonté de redresser un peu la tête» et d'arrêter d'être «sur la défensive», ajoute-t-il.
«On sature l'espace médiatique» jusqu'à «remplacer totalement les manifestants», «tout en distillant des annonces budgétaires ciblées» pour les enseignants ou les classes moyennes, relève Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique.
«Face aux syndicats, le rouleau compresseur élyséen marche» et Emmanuel Macron a pu «reprendre en main l'agenda», dit-il à l'AFP. Mais «il n'a pas récupéré le capital politique perdu, ni résolu l'équation de l'absence de majorité absolue au Parlement, qui s'est même aggravée».
Oppositions mobilisées
Les oppositions restent fortement mobilisées. A l'image de Marine Le Pen, qui dénonce un «déni de réalité sur le macronisme» synonyme selon elle d'"appauvrissement des classes moyennes, ensauvagement de la société, mépris pour la démocratie».
«La folie, c'est de s'entêter», a aussi réagi l'insoumise Clémentine Autain, déplorant que le «dogme absolu» soit «de ne pas toucher au pouvoir du capital».
Marges réduites
Après avoir beaucoup dépensé durant son premier quinquennat, en réponse à la crise des gilets jaunes ou à la pandémie de Covid-19, le chef de l'Etat a aussi moins de marges de manoeuvre.
Sa promesse de deux milliards d'euros de baisses d'impôts pour les classes moyennes, sans calendrier ni précisions, risque de laisser les Français sur leur faim, comme sa volonté de s'en remettre au «dialogue social» pour les hausses de salaire, ou aux négociations entre industriels de l'agroalimentaire et distributeurs pour les baisses des prix.
«Les annonces ne sont pour l'instant que des annonces» et rencontrent des Français «sceptiques», explique Bernard Sananes, président de l'institut Elabe, qui a publié mardi un sondage montrant que 69% des personnes interrogées jugent la réélection d'Emmanuel Macron il y a un an comme une «mauvaise chose».
Pour lui, «l'opinion n'a pas tourné la page des retraites» et la dernière séquence a permis au mieux de stabiliser une popularité en berne. D'autant, note-t-il, que «l'opposition forte à la réforme s'est cumulée à la réactivation de l'hostilité à l'égard de la personnalité d'Emmanuel Macron», toujours décrit comme «méprisant», bien qu'il «récuse» ce terme.