Proviseur licencié En Hongrie, l'interdiction des téléphones à l'école fait des remous

ATS

2.9.2024 - 21:08

Des milliers de personnes ont manifesté lundi à Budapest en réaction au limogeage du proviseur d'un lycée renommé de la capitale hongroise, pour refus de mise en place de l'interdiction des téléphones à l'école.

La rentrée scolaire en France a également été marquée par une expérimentation de l'interdiction du téléphone, dès l'entrée de l'établissement (photo symbolique).
La rentrée scolaire en France a également été marquée par une expérimentation de l'interdiction du téléphone, dès l'entrée de l'établissement (photo symbolique).
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Keystone-SDA

Un nouveau décret prévoit que les élèves laissent leur appareil aux professeurs en début de journée. Mais son adoption en plein été est venue attiser les tensions entre le gouvernement de Viktor Orban et le corps enseignant, qui dénonce depuis des années de mauvaises conditions et avait massivement protesté en 2022.

Au pouvoir sans interruption depuis 2010, le Premier ministre nationaliste a réduit au fil des ans les aides accordées au secteur de l'éducation et supprimé le ministère dédié.

«Je suis scandalisée par toutes ces mesures prises du jour au lendemain, sans réelles consultations», a réagi auprès de l'AFP Katalin Elteto, professeure retraitée de 71 ans, présente dans la foule rassemblée en ce jour de rentrée devant le ministère de l'Intérieur, désormais chargé de ces questions.

Une «mascarade»

«Au-delà de la restriction de l'usage des portables, il s'agit surtout d'une manifestation pour alerter sur l'état général de l'éducation publique», a-t-elle ajouté, «affligée par l'absence de débats» et cette mascarade destinée à «camoufler les défaillances du système».

A l'annonce du décret, le principal syndicat des professeurs (PDSZ) avait critiqué un texte «mal ficelé» et «irréaliste», exhortant le gouvernement à laisser carte blanche aux écoles pour encadrer l'utilisation des portables.

Le lycée Imre Madach de Budapest avait alors prévenu qu'il ne retirerait pas les appareils aux élèves, préférant «leur apprendre à maîtriser la culture numérique».

Les autorités ont répliqué en congédiant le proviseur Csaba Meszaros, à la tête de l'établissement depuis 24 ans. «Un responsable qui ne se plie pas à la loi et la défie ouvertement ne saurait diriger une institution publique», a argué le ministère dans un communiqué.

Parmi les manifestants, Zita Nemethy-Csato, 17 ans, juge «décourageante» et «inutile» une telle interdiction. «On devrait plutôt nous expliquer comment utiliser de manière raisonnable les smartphones», estime-t-elle, à l'unisson des pancartes brandies par les jeunes protestataires appelant à «former des penseurs, pas des esclaves».

La rentrée scolaire en France a également été marquée par une expérimentation de l'interdiction du téléphone, dès l'entrée de l'établissement, dans «près de 180 collèges», avant une possible généralisation de cette «pause numérique» en janvier 2025.