Ouganda En plein Covid, 25 millions d'euros aux députés suscitent la colère

ATS

24.7.2021 - 17:33

L'Ouganda a distribué cette semaine l'équivalent d'environ 25 millions d'euros à ses députés afin qu'ils s'achètent des voitures. Cela a suscité un tollé dans ce pays d'Afrique de l'Est où la crise du Covid-19 frappe durement les plus vulnérables.

Keystone-SDA

Le président ougandais avait annoncé le 18 juin la fermeture des écoles, églises et bars, pendant au moins six semaines.
Le président ougandais avait annoncé le 18 juin la fermeture des écoles, églises et bars, pendant au moins six semaines.
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Chacun des 529 députés a reçu 200 millions de shillings ougandais, soit environ 52'000 francs. Le 18 juin, face à des contaminations record, le président Yoweri Museveni a annoncé la suspension des déplacements ainsi que la fermeture des écoles, églises et bars, pendant au moins six semaines.

«Il est inacceptable qu'un gouvernement achète des produits luxueux à un petit groupe au Parlement, qui continue de recevoir un salaire mensuel de plus de 30 millions de shillings (environ 7800 francs), quand la majorité de la population n'a pas les moyens de se nourrir», a déclaré samedi à l'AFP Annet Nana Namata, directrice de l'Union des défenseurs des droits humains en Ouganda.

Les petits revenus, qui concernent l'immense majorité de la population, s'étalent souvent entre 100'000 shillings (26 francs) pour un travailleur manuel et 280'000 shillings (73 francs) pour un instituteur. Pour Moses Isooba, leader du Forum national des ONG d'Ouganda, qui évoque une «faillite morale» de l'Etat, la somme déboursée aurait pu représenter un don d'environ 20 euros «pour plus de 500'000 personnes vulnérables».

«Un acte honteux»

«C'est un acte honteux alors que le gouvernement appelle les citoyens privés à contribuer à l'achat des vaccins contre le Covid-19», a-t-il déclaré à l'AFP. Confronté à la colère sur les réseaux sociaux et dans les médias, le porte-parole du gouvernement, Ofwono Opondo, a défendu la décision en soulignant que les députés avaient «droit au transport», évoquant une «tradition de longue date».

«Il s'agit de faciliter leur engagement envers l'électorat. Dans tous les cas, les organisations de la société civile ont pris part au processus budgétaire et savaient depuis longtemps que les parlementaires recevraient de l'argent pour acheter des voitures», a-t-il ajouté.

En 2018, le déboursement de cette allocation avait également suscité la colère. Des manifestants avaient envahi le Parlement, avant d'être dispersés par la police.