Guerre en UkraineEn pleine escalade, Moscou et Kiev échangent des prisonniers
ATS
3.1.2024 - 21:08
La Russie et l'Ukraine ont annoncé mercredi avoir chacune libéré plus de 230 prisonniers de guerre. Cette opération d'échange, la plus plus grande de ce type en près de deux ans de conflit, intervient en pleine escalade des bombardements.
03.01.2024, 21:08
ATS
Il s'agit du premier échange de prisonniers de guerre depuis l'été, les autorités ukrainiennes ayant accusé Moscou de bloquer les négociations à ce sujet. «A l'issue d'un processus de négociation complexe, 248 militaires russes ont été rapatriés du territoire contrôlé par le régime de Kiev», s'est réjoui le ministère russe de la Défense dans un communiqué sur Telegram.
«Plus de 200 de nos soldats et civils sont revenus de captivité chez les Russes», a de son côté annoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
«49e échange»
Selon le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets, exactement 230 militaires ukrainiens ont été échangés au cours de ce «49e échange» entre Kiev et Moscou depuis le début de l'assaut russe en février 2022.
C'est «le plus important en termes de nombre de défenseurs (ukrainiens) rapatriés», a affirmé le centre ukrainien de coordination chargé des prisonniers de guerre. Parmi eux figurent 66 défenseurs de l'usine Azovstal au moment du siège de la ville de Marioupol par l'armée russe en 2022, selon un responsable ukrainien ayant pris part aux négociations.
Au total, depuis le 24 février 2022, «2828 défenseurs (ukrainiens) sont rentrés chez eux!», a affirmé M. Loubinets mercredi. D'après les médias ukrainiens, le précédent échange de prisonniers de guerre remontait à août dernier.
Médiation émiratie
Selon Kiev et Moscou, l'échange de mercredi a été rendu possible par une médiation des Emirats arabes unis, un partenaire important de la Russie dans plusieurs dossiers humanitaires, économiques et énergétiques.
Cet échange intervient en pleine intensification des violences entre Russes et Ukrainiens ces derniers jours, avec des frappes des deux côtés qui ont fait des dizaines de morts et de blessés parmi les civils.
Une attaque de missiles russe contre l'Ukraine a fait une cinquantaine de morts vendredi dernier. Elle a été suivie par un bombardement ukrainien sans précédent de la ville russe de Belgorod samedi (25 morts) puis de nouvelles frappes russes d'ampleur contre Kiev, ses environs et Kharkiv dans l'est mardi (cinq morts).
Mercredi, des bombardements russes de moindre ampleur ont fait trois morts dans deux régions d'Ukraine. La veille au soir, c'était la région russe de Belgorod qui avait été attaquée par quatre vagues de frappes ukrainiennes, qui ont fait un mort et onze blessés.
«Un langage que Poutine comprend»
Dans ce contexte, le nouveau chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski a appelé mercredi le monde occidental à équiper l'Ukraine de missiles de longue portée. Ceux-ci lui permettraient de répondre aux frappes massives russes «dans un langage que Poutine comprend».
De son côté, l'Union européenne a annoncé mercredi avoir pris des sanctions contre le géant russe du diamant, le groupe public Alrosa, et son PDG. Elle a ajouté Alrosa, le plus gros producteur de diamants dans le monde, et son patron Pavel Marinychev, à sa liste noire des entités et des personnalités sous le coup de sanctions, qui prévoient essentiellement un gel des avoirs et une interdiction de séjour dans l'UE.
Selon l'UE, Alrosa, qui produit 90% des diamants russes, «constitue une part importante d'un secteur économique fournissant de substantiels revenus au gouvernement» russe.
Milliers de prisonniers
La Russie et l'Ukraine ont procédé à de multiples échanges de prisonniers depuis le début du conflit en février 2022. Fin novembre, Dmytro Loubinets avait pourtant accusé la Russie d'empêcher tout échange de prisonniers de guerre. «Les échanges n'ont pas lieu car la Russie ne le veut pas», avait-il déploré.
En août dernier, le commissaire ukrainien aux droits humains avait dit que l'Ukraine avait réussi à récupérer près de 2600 de ses citoyens faits prisonniers depuis le début de l'invasion russe. Il y aurait toujours des milliers de prisonniers de guerre dans les deux camps.
Ces derniers mois, Moscou a multiplié les procès pour infliger de très lourdes peines à des prisonniers militaires ukrainiens, les accusant du meurtre de civils et d'autres crimes de guerre.