LégislativesEric Zemmour veut surfer sur sa vague de succès en Israël
hl
2.6.2022 - 11:14
Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour espère surfer sur son succès à la présidentielle chez les Français vivant en Israël pour faire élire un député de l'étranger aux législatives. Mais pour y arriver, il devra déloger l'élu sortant Meyer Habib, un ami proche de Benjamin Netanyahu.
Keystone-SDA, hl
02.06.2022, 11:14
ATS
Au premier tour de la présidentielle, le chef de la formation Reconquête avait réuni 53% des voix chez les Franco-israéliens, devant le président Macron (30%), qui avait remporté la mise locale au second tour, de nombreux électeurs refusant de voter pour Marine Le Pen comme les en enjoignait Eric Zemmour.
À l'approche du premier tour des législatives, avec un vote le 5 juin en Israël et le 12 en France, Reconquête mise sur le candidat local, Serge Siksik, 64 ans et ami d'enfance d'Eric Zemmour, pour tenter de décrocher la 8e circonscription des Français à l'étranger qui regroupe Israël, Italie, Chypre, Grèce, Turquie, Malte, Saint-Marin et le Saint-Siège.
Israël et l'Italie sont les deux pays phares pour faire le plein de votes en faveur de Serge Siksik et menacer Meyer Habib, l'actuel député qui se représente sous la bannière du parti Les Républicains (LR). Ce dernier jouit d'une grande popularité parmi les électeurs franco-israéliens et avait récemment accueilli à l'Assemblée nationale française un ténor de l'extrême droite israélienne, Bezalel Smotrich.
«Les mêmes valeurs»
Lorsqu'Emmanuel Macron avait rencontré, en janvier 2020 à Jérusalem, le Premier ministre israélien de l'époque Benjamin Netanyahu, aujourd'hui chef de l'opposition, Meyer Habib était là. Et lorsque des députés français se rendent en Israël, il les présente à son «ami» Benjamin Netanyahu qui s'est invité dans les législatives françaises en appelant à voter pour lui dans une vidéo de campagne.
«Je suis pas français mais si j'étais français», dit M. Netanyahu en français, «j'aurais voté pour lui (en hébreu et désignant Meyer Habib à ses côtés) parce qu'il se bat pour vous». «Défendre la France et défendre Israël, c'est pareil, on a les mêmes valeurs», ajoute M. Habib. Et Benjamin Netanyahu de répondre en français: «exactement».
«Meyer Habib a bien défendu Israël mais ce qui m'anime c'est le programme de Reconquête et la défense de l'identité française», affirme Serge Siksik qui a partagé dans sa jeunesse les bancs d'une école juive à Paris avec Eric Zemmour. Il dit aujourd'hui se «battre» pour «l'avenir de la France qui est en danger» car le pays a «été transformé vers le bas et perd son identité», dit-il à l'AFP.
Sur le Kikar
Pour leur campagne, plusieurs des 13 candidats ont fait un passage obligé sur le «Kikar», une place de Netanya (centre), ville balnéaire où résident des milliers de Franco-israéliens.
«Les candidats savent que pour parler aux Français, il faut venir ici», affirme à l'AFP le Franco-Israélien Ygal Allon, propriétaire de la pizzeria Alonzo, sur la place, disant que malgré le fort vote local pour Zemmour, «les gens à Netanya aiment beaucoup Meyer Habib», qui avait appelé au second tour de la présidentielle à voter pour Emmanuel Macron.
Face à MM. Habib et Siksik, le camp Macron est représenté par Deborah Abisror-De Lieme, l'ancienne cheffe de cabinet du ministre de la Santé Olivier Véran dans le précédent gouvernement. Chacun des candidats met en avant son lien privilégié avec Israël, le pays de la circonscription offrant le plus grand nombre de votants.
Pour Jonathan Serero, journaliste franco-israélien et observateur de la vie politique locale, «le discours de Zemmour qui a attiré les voix des Franco-israéliens ne suffira pas à lui obtenir la victoire dans la 8e circonscription car Meyer Habib reste le candidat préféré des électeurs (français, ndlr) en Israël». «Il est populaire, proche de la communauté juive, il a fait la tournée des synagogues et connait les sujets qui importent, après neuf ans en poste», dit-il.