Précipité par la guerreEuropéens et Téhéran réunis à Genève sur le nucléaire iranien
ATS
20.6.2025 - 16:59
La rencontre entre trois ministres européens des Affaires étrangères et leur homologue iranien Abbas Araghchi a démarré à Genève. «Une offre complète de négociation» va être proposée à Téhéran, selon le président français Emmanuel Macron.
Plusieurs ministres européens assistent à un déjeuner de travail dans les bureaux du consul honoraire de la République fédérale d'Allemagne à Genève, le 20 juin 2025, lors d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères, alors que les pays européens appellent à une désescalade des tensions après les bombardements israéliens visant à mettre fin au programme nucléaire iranien.
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20.06.2025, 16:59
20.06.2025, 17:01
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Ce format entre la France de Jean-Noël Barrot, l'Allemagne de Johann Wadephul et les Britanniques de David Lammy est fréquent depuis plusieurs années à New York et Genève. Les dernières rencontres, à un niveau souvent inférieur, avaient eu lieu en novembre puis en janvier.
Mais cette réunion, alors que la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas est aussi à Genève, a été précipitée par la guerre actuelle entre Israël et l'Iran. Les Etats-Unis ne font pas partie de ce dispositif mais ont été consultés, alors que le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy était encore jeudi à Washington.
Le président américain Donald Trump a même semblé jouer l'atermoiement en repoussant à deux semaines une décision sur un engagement direct contre Téhéran. Le format des pays européens (E3) avait été relancé précisément en raison de l'attitude américaine contre l'Iran sous le premier mandat de Donald Trump, alors que Washington s'était retiré de l'accord sur le nucléaire iranien.
Dialogue encore possible
Derrière le soutien américain à l'Etat hébreu, les Européens veulent des preuves du caractère civil du dispositif nucléaire iranien. Le nouveau chef de la diplomatie allemande veut lui afficher une stature internationale. «Nous pouvons seulement obtenir un accord contraignant et empêcher des conflits supplémentaires si l'Iran est entièrement prêt à s'abstenir d'utiliser la technologie nucléaire pour des raisons militaires», a-t-il affirmé.
Et pour Téhéran, derrière les imprécations guerrières de l'ayatollah Ali Khamenei, il faut montrer qu'une porte reste ouverte pour un dialogue. Même si la République islamique veut répondre coup pour coup à l'offensive israélienne. «Il n'est jamais trop tard pour venir à la table des négociations quand on vient avec des intentions honnêtes», a affirmé de son côté M. Wadephul.
De retour de Washington, M. Lammy a affirmé que «le moment est venu de mettre un terme» aux affrontements au Proche-Orient et également d'empêcher une détérioration dans toute la région. Jeudi, M. Barrot a aussi discuté avec le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio. Washington se dit «prêt à un contact direct avec les Iraniens à tout moment, selon une source diplomatique française. Un dialogue téléphonique entre M. Barrot et M. Rubio est prévu après la rencontre de vendredi.
Les affrontements en Israël et l'Iran ont fait des centaines de victimes civiles en quelques jours. Téhéran ne veut plus négocier avec les Etats-Unis, officiellement au moins, tant que l'offensive israélienne se poursuit. M. Araghchi doit profiter de son déplacement à Genève pour répéter ce message dans l'après-midi devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
L'Iran reproche au Haut commissaire aux droits de l'homme Volker Türk sa réaction pas assez ferme, selon lui, après les attaques israéliennes. «C'est un crime d'agression», avait affirmé il y a quelques jours l'ambassadeur iranien à l'ONU à Genève Ali Bahreini.
Et Téhéran d'affirmer clairement ne plus faire confiance à la justice internationale. Le pays se considère comme le seul à même d'arrêter Israël dans les violations du droit international dont il l'accuse.
«Nous attendons des ministres des Affaires étrangères qu'ils prennent une position ferme» contre le nucléaire iranien, a dit à la presse l'ambassadeur israélien à l'ONU à Genève Daniel Meron. Il demande le «retour en arrière entier» du programme nucléaire iranien, le démantèlement des stocks de missiles balistiques et un terme aux menaces «terroristes» iraniennes dans la région.
Israël a été «couronné de succès» mais «a encore davantage de travail» pour éliminer les capacités nucléaires et balistiques iraniennes, a-t-il encore dit. Au huitième jour de guerre, l'armée israélienne a annoncé avoir bombardé des dizaines de cibles à Téhéran pendant la nuit, notamment ce qu'elle a qualifié de «centre de recherche et développement du projet d'armes nucléaires iranien».
La Suisse, dont M. Araghchi relève la «responsabilité importante» pour défendre le droit international humanitaire (DIH), a de son côté fermé son ambassade et des milliers de personnes ont manifesté vendredi dans la capitale iranienne. Juste avant le début des discussions, l'Iran a tiré à nouveau des missiles contre Israël qui a fait deux blessés, ont dit les secouristes.