Si, si! Pourquoi Donald Trump va nous manquer 

Valérie Passello

21.1.2021

Au-delà de toute considération politique, avec le départ de Trump, c'est un personnage haut en couleurs qui disparaît des radars. Pendant cinq ans, l'homme a fait couler de l'encre comme jamais auparavant. Voici les cinq motifs qui, même si nous ne voulons pas nous l'avouer, vont nous faire regretter le 45ème président des Etats-Unis.

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Donald Trump a tourné les talons, cédant de mauvaise grâce son trône à Joe Biden. Mais, bien plus qu'un «simple» président des Etats-Unis, le milliardaire américain est un personnage. Universel. Comme le père Noël, Tintin, ou la reine d'Angleterre. Tout le monde le connaît, tout le monde a un avis sur lui.

Caricatural jusqu'au bout des ongles, il a le don de cristalliser un nombre incalculable de petits et grands travers, tous très humains. Si, si, nous allons regretter Donald Trump, pour plusieurs raisons.

Son look

La banane blonde peroxydée toujours bien peignée, les joues orangées mêlant excès de solarium et fond de teint, l'inamovible cravate rouge et le costume bleu marine. Soignant son apparence à la manière des plus grandes stars de téléréalité, Donald Trump a fait le bonheur des caricaturistes. 

Avant les élections présidentielles, la Maison du Dessin de presse, à Morges, a présenté en octobre 2020 une exposition des 50 dessins préférés de 23 caricaturistes représentant Donald Trump. Ici, une vision du dessinateur suisse Alex.
Avant les élections présidentielles, la Maison du Dessin de presse, à Morges, a présenté en octobre 2020 une exposition des 50 dessins préférés de 23 caricaturistes représentant Donald Trump. Ici, une vision du dessinateur suisse Alex.
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Les mimiques appuyées du personnage, sa mine souvent renfrognée et ses grosses colères ont donné du grain à moudre à de nombreux artistes de par le monde. 

Jusqu'en Suisse, d'ailleurs, puisqu'à l'aube des élections présidentielles, la Maison du Dessin de presse de Morges consacrait une exposition au président américain, garnie d'une cinquantaine de caricatures. Notre dessinateur national Chappatte avouait à cette occasion «n'avoir jamais autant dessiné un personnage».

Ses bourdes

Affirmatif, tranché, sans filtre, Donald Trump ne s'est jamais gêné pour donner son avis, parfois au plus grand désespoir de ses conseillers. Des déclarations que l'on peut qualifier d'énormes bourdes, considérant leurs conséquences dramatiques.  

L'une des plus belles bourdes de son mandat aura sans doute été celle  de l'eau de javel. Dans un point presse tenu à la Maison Blanche, l'ex-président s'est appuyé sur une ébauche d'étude scientifique pour imaginer un traitement contre le coronavirus... à base d'injections d'eau de javel. 

Mortifiés, les médecins américains ont immédiatement démenti ses déclarations, mais le mal était fait. Plusieurs cas d'intoxications ont été rapportés par les médias américains, certains citoyens ayant cru bon d'ingérer des produits de nettoyage. 

Durant sa première campagne électorale, une vidéo de Trump tenant des propos terriblement vulgaires à l'endroit des femmes avait aussi créé la polémique. Semant même le doute chez certains républicains, qui ont hésité à changer de candidat. 

Dans ses discours, apparitions publiques et sur les réseaux sociaux, l'homme n'a cessé d'enchaîner les maladresses, pour ne pas dire pire. Les journaux les ont toutes relayées. Désormais, on ne pourra plus s'interpeller en disant: «Hé, tu as vu la dernière de Trump?»

Ses Tweets scandaleux

Les réseaux sociaux, c'était le truc de Trump. Toujours un portable en main, il utilisait ce vecteur pour dire tout ce qui lui passait par la tête. 

Jamais aucun média social n'a sévi sérieusement face à la désinformation que ses messages pouvaient véhiculer ou à ses propos souvent infamants. Il faut dire qu'avec plus de 88 millions d'abonnés sur Twitter plus de 35 millions sur Facebook et près de 25 millions sur Instagram, Trump faisait aussi «tourner la baraque».

Ce n'est qu'après les événements du Capitole que les principaux réseaux sociaux ont décidé de fermer les comptes de Donald Trump.
Ce n'est qu'après les événements du Capitole que les principaux réseaux sociaux ont décidé de fermer les comptes de Donald Trump.
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Ce n'est qu'après les événements du 6 janvier dernier au Capitole que Twitter, Facebook et les autres ont décidé de fermer ses comptes. 

Parmi les propos bien sentis de Trump sur les réseaux, on notera par exemple le gratiné: «Pourquoi Kim Jong-Un m'insulterait-il en me traitant de "vieux" alors que je ne le traiterai JAMAIS de "petit gros"? Eh bien, j'essaie tellement d'être son ami, peut-être qu'un jour ça arrivera!» 

Sa mauvaise foi

Comme un enfant capricieux, Donald Trump a souvent fait preuve de mauvaise foi. L'histoire retiendra sans doute son refus d'accepter la défaite aux dernières élections. 

Le 2 janvier, un nouveau scandale éclaboussait d'ailleurs le locataire de la Maison Blanche: dans un enregistrement diffusé par le Washington Post, il demandait à un haut responsable de «trouver» les quelque 12'000 bulletins de vote nécessaires pour annuler sa défaite dans l'Etat de Géorgie.

Un autre exemple, révélé par le New York Times pendant la campagne contre Joe Biden et qui a lui aussi fait les choux gras de toute la sphère médiatique: l'ex-président n'aurait quasiment pas payé d'impôts depuis près de quinze ans, y compris lors de ses deux premières années à la tête du pays. «Ce sont des informations bidon, totalement inventées», a rétorqué Trump. Mais sans accepter de publier ses déclarations d'impôts. 

Ses tournures d'esprit

Enfin avouons-le, la dimension clownesque du personnage nous a bien amusés pendant les cinq dernières années. Son ironie, sa maladresse, son premier degré et sa mégalomanie ont prêté à sourire à de multiples reprises. Citons quelques phrases gratinées: 

«Une partie de ma beauté, c’est que je suis riche». Culte, la phrase a même été imprimée sur des T-shirts. 

Lors de la précédente campagne présidentielle, Donald Trump a tenu des propos très désobligeants envers Hillary Clinton.
Lors de la précédente campagne présidentielle, Donald Trump a tenu des propos très désobligeants envers Hillary Clinton.
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À propos d'Hillary Clinton, une petite méchanceté gratuite:«Comment peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari?» C'était en vue de la campagne présidentielle de 2016.

Et une dernière pour la route: «Si Ivanka n’était pas ma fille, je sortirais peut-être avec elle ! Je trouve qu’elle a un joli visage.» Charmant!

C'est sûr, il va être difficile de trouver des sujets de conversation et de remplir des pages de journaux après le règne d'un personnage si coloré. 

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