BrésilFlop des manifestations bolsonaristes: l'enquête se poursuit
ATS
12.1.2023 - 17:36
Au lendemain de l'échec d'un appel de bolsonaristes à des manifestations dans tout le Brésil «pour reprendre le pouvoir», le gouvernement de gauche de Lula poursuivait jeudi les enquêtes sur les émeutes de Brasilia et réorganisait tous les dispositifs de sécurité.
12.01.2023, 17:36
12.01.2023, 18:39
ATS
Jeudi, Luiz Inacio Lula da Silva multipliait les réunions au Palais présidentiel de Planalto, envahi par des hordes d'émeutiers quatre jours plus tôt, tentant de redonner un semblant de normalité à un début de mandat compliqué.
Dans la capitale, où plusieurs milliers de sympathisants de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro avaient semé le chaos dimanche, les forces de l'ordre avaient été sur le pied de guerre mercredi soir: des dizaines de policiers, des camions anti-émeutes et un hélicoptère avaient été déployés.
Mais aucun manifestant n'a répondu à l'appel à Brasilia.
Sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, même constat: un fort dispositif policier, mais pas le moindre manifestant.
Deux bolsonaristes sont apparus en t-shirts jaunes et verts sur l'Avenue Paulista, à Sao Paulo, mais sont vite repartis quand ils se sont rendus compte que personne d'autre ne viendrait.
Pourtant, de nombreux messages sur les réseaux sociaux avaient transmis un appel à une «méga-manifestation nationale» dans «toutes les capitales» d'Etats du Brésil, promettant une mobilisation «géante».
93% condamnent
Ce mouvement trouve peu d'écho auprès de la population: un sondage publié mardi soir par l'institut de référence Datafolha a montré que 93% des Brésiliens condamnaient l'assaut contre les lieux de pouvoir à Brasilia, même s'il a été approuvé par une personne sur cinq selon une autre enquête d'opinion (Atlas Intelligence).
«Le gouvernement Lula a agi rapidement pour contenir les groupes qui s'organisaient dimanche et beaucoup (de bolsonaristes) se sont démobilisés, de peur de se faire arrêter», a expliqué à l'AFP Guilherme Casaroes, professeur de Sciences Politiques à la Fondation Getulio Vargas (FGV).
Plus de 2000 personnes ont été interpellées après les troubles de dimanche, et 1.159 d'entre elles ont été incarcérées après avoir été interrogées, selon le dernier bilan des autorités.
Et l'étau continue de se resserrer, de nombreux émeutiers étant identifiés grâce aux caméras de surveillance, des images de la presse ou aux selfies qu'ils ont publiés sur les réseaux sociaux.
- Financeurs identifiés -
La contre-offensive face aux putschistes n'a pas ciblé que des militants d'extrême droite anonymes.
Les têtes de dirigeants de haut rang ont commencé à tomber.
Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, bête noire des bolsonaristes, a émis mardi soir un mandat d'arrêt contre Anderson Torres, ancien ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, pour collusion présumée avec les émeutiers en tant que secrétaire à la sécurité de la capitale, poste dont il a été démis après les troubles.
Niant «toute collusion avec la barbarie», M. Torres, qui se trouvait aux Etats-Unis au moment des troubles, a promis de rentrer bientôt au Brésil pour se rendre aux autorités.
Le chef de la police militaire du district fédéral de Brasilia a déjà été arrêté sous les ordres du juge Moraes, qui a également écarté de son poste le gouverneur Ibaneis Rocha.
Lula, de son côté, a décrété dès dimanche soir une «intervention fédérale» pour reprendre en main les forces de sécurité à Brasilia.
Il a nommé aux commandes le vice-ministre de la Justice, Ricardo Cappelli, qui a assuré mercredi qu'il n'y avait «pas la moindre possibilité de voir se reproduire dans la capitale les événements inacceptables du 8 janvier».
Ce 8 janvier, qui a rappelé en de nombreux points l'invasion du Capitole à Washington il y a deux ans, a vu plusieurs milliers de partisans de Jair Bolsonaro envahir le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Congrès, détruisant tout sur leur passage, y compris des oeuvres d'art.
Financeurs identifiés
En attendant que les services du patrimoine puissent chiffrer les dégâts, l'enquête pour identifier les financeurs et les organisateurs des troubles de dimanche continue d'avancer.
Selon la chaîne TV Globo, les enquêteurs ont déjà identifié des financeurs présumés dans dix des 26 Etats du pays, notamment des chefs d'entreprises du secteur de l'agronégoce.
Ils sont soupçonnés notamment d'avoir payé le transport et l'alimentation des émeutiers arrivés à Brasilia samedi soir de plusieurs régions du pays, à bord d'une centaine d'autocars.
Un émeutier a même déclaré lors de sa déposition avoir été payé 400 réais (72 euros) pour faire le trajet depuis Bahia, selon le quotidien O Globo.