DésinformationLa Chine, la Russie et l’Iran font leur chou gras des tensions à Los Angeles
ATS
15.6.2025 - 07:57
Selon les chercheurs de NewsGuard, des acteurs étrangers exploitent activement les manifestations contre la politique migratoire de Donald Trump à Los Angeles pour amplifier la désinformation, tandis que les théories complotistes locales prolifèrent à l’intérieur même des États-Unis.
La police montée disperse la foule d’opposants à Donald Trump, à Los Angeles, le 14 juin 2025.
AFP
Keystone-SDA
15.06.2025, 07:57
ATS
Selon les chercheurs de l'organisme de surveillance de la désinformation NewsGuard, des sources russes, chinoises et iraniennes affiliées à ces Etats ont publié environ 10'000 messages et articles sur les manifestations qui ont récemment éclaté à Los Angeles, avançant de fausses affirmations présentant la ville comme le «point zéro d'une apocalypse américaine».
Profitant du clivage politique entre le président républicain Donald Trump et le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom, des comptes pro-Pékin sur le réseau social X et des plateformes chinoises comme Douyin ou Weibo ont colporté des affirmations infondées, selon lesquelles, la Californie était prête à faire sécession et à déclarer son indépendance des Etats-Unis.
Des journaux basés à Téhéran ont eux raconté que le chanteur iranien Andy Madadian avait été arrêté par la garde nationale à Los Angeles, dans le but de dépeindre les Etats-Unis comme un Etat autoritaire. Sauf que NewsGuard rapporte qu'il nie ces allégations et affirme: «Je vais bien. S'il vous plaît, ne croyez pas ces rumeurs».
Les médias et influenceurs pro-russes ne sont pas en reste et avancent des théories conspirationnistes de droite, y compris l'affirmation infondée selon laquelle le gouvernement mexicain attise les manifestations contre le gouvernement américain à Los Angeles.
«Les manifestations se déroulent alors que plusieurs facteurs s'accumulent: il y a une érosion de la confiance dans les institutions, une polarisation politique, les robots d'intelligence artificielle amplifient les fausses affirmations sur les troubles et les grandes plateformes font moins d'efforts pour modérer les contenus», explique à l'AFP McKenzie Sadeghi, chercheuse chez NewsGuard.
«Par conséquent, les acteurs étrangers ont le champ libre pour inonder Internet de fausses informations, à un rythme plus rapide et avec moins de barrières par rapport aux épisodes précédents de troubles», ajoute-t-elle.
L'alignement apparent des trois pays est en tout cas remarquable, note-t-elle: «Si la Russie, la Chine et l'Iran diffusent régulièrement leurs propres formes de désinformation, il est plus rare de les voir agir de manière aussi coordonnée».
«Cette fois-ci, les médias d'Etat ont intensifié leurs messages pour promouvoir leurs intérêts géopolitiques et détourner l'attention de leurs propres crises domestiques», poursuit McKenzie Sadeghi.
Cette désinformation s'ajoute à de faux récits véhiculés par des influenceurs aux Etats-Unis. Ces derniers jours, des comptes conservateurs sur les réseaux sociaux ont par exemple fait circuler deux photographies de piles de briques, qui, selon eux, avaient été placées à des endroits stratégiques pour que les manifestants californiens puissent s'en servir de projectiles contre la police.
Selon certains, ces images prouvaient que les manifestations étaient alimentées par des organisations à but non lucratif soutenues par George Soros, le milliardaire philanthrope honni de l'extrême droite.
Mais l'AFP a découvert que l'une des photographies provenait d'un marché en ligne, où un quincaillier malaisien l'avait téléchargée il y a plusieurs années, tandis que l'autre avait été prise près d'un chantier de construction... dans le New Jersey, à l'autre bout du pays.
«Chaque fois qu'il y a une manifestation populaire, le vieux canular des palettes de briques n'est jamais loin», relève le Social Media Lab, centre de recherche de l'université métropolitaine de Toronto, sur la plateforme Bluesky.
«Le fait que ce type de fausses images soit utilisé n'est pas une coïncidence. Cela fait partie d'un récit pernicieux et persistant, selon lequel, les manifestations contre les politiques gouvernementales, en quelque sorte, ne sont pas authentiques».
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