«Menace pour la cohésion nationale»Frères musulmans en France: Macron veut davantage serrer la vis
ATS
21.5.2025 - 23:49
Le président Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de formuler de «nouvelles propositions» au vu de la «gravité des faits» établis dans un rapport sur les Frères musulmans et l'islamisme politique en France. Ce dernier a fait l'objet mercredi d'un Conseil de défense.
Le président Macron avait convoqué autour de lui le Premier ministre centriste François Bayrou et les ministres en charge des Affaires étrangères, des Finances, ainsi que de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et des Sports, «trois secteurs particulièrement visés par cet entrisme par le bas», précise-t-on à l'Élysée.
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21.05.2025, 23:49
21.05.2025, 23:57
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Le rapport, dont l'AFP a obtenu copie, fait état d'une «menace pour la cohésion nationale» avec le développement d'un islamisme «par le bas» de la part des Frères musulmans.
Le président Macron avait convoqué autour de lui le Premier ministre centriste François Bayrou et les ministres en charge des Affaires étrangères, des Finances, ainsi que de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et des Sports, «trois secteurs particulièrement visés par cet entrisme par le bas», précise-t-on à l'Élysée.
Compte tenu de «la gravité des faits établis» par ce rapport, le chef de l'Etat a jugé insuffisantes les propositions examinées mercredi et a demandé au gouvernement d'en formuler de nouvelles en vue «d'un prochain Conseil de défense au début du mois de juin», a indiqué l'Elysée. Il a aussi promis de rendre public un rapport assez détaillé «d'ici la fin de la semaine», une communication rarissime pour un Conseil de défense.
L'une des vocations du rapport est de «pouvoir sensibiliser l'Etat», mais aussi «de faire connaître au grand public, aux élus locaux, la menace et comment elle procède», a souligné l'Elysée «car l'entrisme, c'est du temps long, c'est dissimulé, et c'est un discours qui est très policé».
Né en en 1928 en Egypte, le mouvement des Frères musulmans porte le projet d'un islam politique conservateur. Il a été interdit dans plusieurs pays, comme l'Arabie saoudite, l'Egypte et très récemment la Jordanie.
«Alarmant»
Evoquant un rapport «alarmant», le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a esquissé de premières pistes, à savoir «une meilleure organisation de l'État» avec «un vrai chef de file en matière de renseignement» et «un parquet administratif au ministère de l'Intérieur» pour «diligenter des dissolutions» et «des entraves administratives».
Il a également évoqué une «formation» des fonctionnaires et des élus locaux, et une «stratégie de sensibilisation du grand public», soulignant «des trous dans la raquette» concernant les «circuits financiers» de cette mouvance.
Le Conseil de défense s'est aussi penché sur la question des réseaux sociaux, «vecteur pour les islamistes qui surfent sur des éléments d'actualité et remettent en cause ce que la République défend en matière de laïcité, notamment pour essayer de démontrer que l'État est islamophobe».
La laïcité est un des piliers de la République française, où l'Eglise et l'Etat sont séparés depuis 1905. En application de ce concept, souvent mal compris à l'étranger, tout signe religieux ostentatoire est interdit pour les fonctionnaires de l'Etat et à l'école, y compris pour les élèves. Sont visés notamment les croix chrétiennes, les kippas juives, les turbans sikhs et le voile islamique.
«Des trous dans la raquette»
Auprès du Parisien, Bruno Retailleau a insisté sur «l'entrisme dans les associations sportives»: «Aujourd'hui, il y a des prières dans les vestiaires, ou des clubs où les filles ne sont plus admises», a-t-il déclaré.
Et il a esquissé de premières pistes devant le Sénat, à savoir «une meilleure organisation de l'État» avec «un vrai chef de file en matière de renseignement» et «un parquet administratif au ministère de l'Intérieur» pour «diligenter des dissolutions» et «des entraves administratives».
Il a également évoqué une «formation» des fonctionnaires et des élus locaux, et une «stratégie de sensibilisation du grand public», soulignant «des trous dans la raquette» concernant les «circuits financiers» de cette mouvance.
«Amalgames»
Présentée comme «la branche nationale des Frères musulmans en France», la Fédération des Musulmans de France a vivement dénoncé des «accusations infondées» et mis en garde contre des «amalgames dangereux».
«Nous rejetons fermement toute allégation qui tenterait de nous associer à un projet politique étranger, ou à une stratégie d''entrisme'», a-t-elle assuré.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam tombée en disgrâce en 2021, a de son côté estimé que ce rapport «entretient une confusion préjudiciable» pour les «citoyens musulmans» qui ont «aujourd'hui le sentiment de ne plus être à l'abri d'une suspicion permanente».
«L'islamophobie franchit un seuil», a tonné Jean-Luc Mélenchon, le leader de la gauche radicale française, que la droite et le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) accusent de relayer l'argumentaire islamiste.
Le président du RN Jordan Bardella a demandé que «les Frères musulmans soient interdits». «Il faut remettre en cause notre convention fiscale avec le Qatar qui est l'un des premiers fournisseurs financiers des Frères musulmans», a-t-il ajouté.
Mais l'idée qui a fait le plus réagir vient du secrétaire général du parti présidentiel, Gabriel Attal, à l'origine de l'interdiction de l'abaya à l'école et et qui souhaite interdire le voile dans l'espace public pour les mineures de moins de quinze ans, sans faire néanmoins l'unanimité au sein du bloc central.