France Le premier ministre tente d'unir ses alliés

ATS

5.10.2025 - 19:20

Le nouveau premier ministre français Sébastien Lecornu est en passe de composer son gouvernement, après avoir reçu dimanche le feu vert de la droite, encline à maintenir son alliance avec le camp présidentiel malgré les menaces de censure.

Sébastien Lecornu fait face à une tâche difficile (archives).
Sébastien Lecornu fait face à une tâche difficile (archives).
sda

Keystone-SDA

Au terme d'un long week-end de négociations, de réunions et de coups de pression venus de toutes part dans la coalition gouvernementale, les conditions semblent réunies pour que le chef du gouvernement dévoile la liste de ses ministres – une dernière étape à franchir pour le nouveau locataire de Matignon – avant son discours de politique générale mardi.

Equipe réduite

Le gouvernement devrait être nommé en deux temps, avec une première salve d'une quinzaine de ministres dévoilés ce soir, ont indiqué des sources concordantes au sein du camp présidentiel.

Avec quel casting? Plusieurs sources au sein de l'exécutif s'attendent à de nombreuses reconductions, au sein d'une équipe resserrée, avec potentiellement autour de 25 ministres au total.

Les parlementaires des Républicains (LR, droite) ont très largement opté pour une «participation exigeante», lors d'une réunion en visioconférence dimanche.

«Elle n'est pas un blanc-seing», a affirmé à l'AFP la sénatrice Agnès Evren, porte-parole du parti, à l'issue de la réunion, assurant que LR restera «très vigilant sur les textes législatifs qui seront présentés».

Majorité introuvable

Les Républicains avaient fait monter la pression ces derniers jours, déplorant que certaines de leurs revendications, notamment sur l'immigration, la sécurité et la baisse de la dépense publique, ne soient pas entendues. En parallèle, ils ont exigé qu'un tiers des futurs ministres soient issus de leurs rangs.

En place depuis le 9 septembre, Sébastien Lecornu a multiplié les consultations afin de tenter de résoudre l'équation d'une majorité introuvable et d'échapper à la censure dès le prochain écueil, le vote du budget 2026 à l'automne, comme cela avait été le cas pour son prédécesseur François Bayrou.

Mais il peine à mettre un dernier coup de pinceau à son équipe gouvernementale.

Et Emmanuel Macron, qui va devoir valider la liste, pourrait bien trouver le temps long: selon un interlocuteur régulier du président, celui-ci a demandé à son premier ministre de former son gouvernement avant la fin du week-end, avec une équipe resserrée autour de 25 ministres. La présentation du futur exécutif pourrait toutefois n'intervenir que lundi matin.

Dans son courrier, le premier ministre égrène tout de même les grands axes de la politique qu'il entend mener, érigeant le soutien du socle commun comme un «préalable indispensable».

M. Lecornu plaide pour porter l'effort budgétaire «essentiellement sur la réduction de la dépense publique», et appelle à répondre «à la demande de justice fiscale exprimée par nos concitoyens».

Déclaration de politique générale

Il promet un projet de loi de lutte contre la fraude fiscale et sociale, pour dégager 2,3 milliards d'euros de recettes supplémentaires.

A l'adresse notamment de LR, il affirme que «la sécurité du quotidien et la lutte contre les incivilités continueront d'être une priorité majeure», ainsi que la lutte «contre l'immigration irrégulière par la mise en oeuvre de solutions techniques et efficaces».

«Sébastien Lecornu s'est retrouvé piégé en donnant une date pour sa déclaration de politique générale mardi, alors qu'il n'avait pas fini de négocier» la composition de son gouvernement, commente encore cet interlocuteur régulier du président.

En toile de fond, la pression des socialistes ne faiblit pas. Malgré l'annonce du renoncement par M. Lecornu au 49.3 pour gouverner – un texte qui a été utilisé pour faire adopter tous les budgets depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022 -, «nous nous dirigeons tout droit vers la censure» si «la donne ne change pas», a martelé samedi le premier secrétaire du parti, Olivier Faure.

En parallèle, la France insoumise (LFI, gauche radicale) promet déjà une motion de censure dans la semaine. Comme les Ecologistes de Marine Tondelier, qui a répété dimanche ne pas voir «d'autre chemin que la censure» et envisage de déposer un texte «unitaire» pour tenter de renverser M. Lecornu.