Biélorussie Fraudes massives dénoncées en Biélorussie

ATS

17.11.2019 - 20:20

Les Biélorusses devaient choisir 110 députés de la chambre basse du parlement dimanche.
Les Biélorusses devaient choisir 110 députés de la chambre basse du parlement dimanche.
Source: Keystone/EPA/TATYANA ZENKOVICH

L'opposition en Biélorussie a dénoncé dimanche des violations massives lors du scrutin législatif, en dépit des velléités de rapprochement de l'homme fort de Minsk, Alexandre Loukachenko, avec l'Union européenne dont il reste isolé.

Surnommé «le dernier dictateur d'Europe», Alexandre Loukachenko dirige cette ex-république soviétique sans partage depuis 25 ans. Aucun scrutin organisé depuis lors n'a été jugé libre ou équitable par les observateurs internationaux. Selon des chiffres officiels, plus de 55% des 6,8 millions d'électeurs avaient voté en milieu d'après-midi, passant la barre des 50% requis pour assurer la validité du scrutin. Plus de 35% des électeurs avaient voté par correspondance avant même l'ouverture des bureaux de vote.

Les électeurs choisissent 110 députés de la chambre basse du parlement. Mais les Biélorusses critiques du pouvoir n'ont que peu de choix dans les urnes: les principaux leaders contestataires et les deux seuls députés d'opposition actuels ont été exclus du scrutin.

Près de 600 violations ont été recensées en fin d'après-midi lors d'une campagne d'observation organisée par des partis d'opposition. Celle-ci fait état notamment de responsables gonflant le nombre d'électeurs dans les bureaux par rapport aux comptages effectués par les observateurs.

Candidat à la présidentielle

«Dans ma circonscription, où je me présente, il y a une surestimation du taux de participation. Nous avons constaté que la nuit, l'accès aux urnes n'est pas interdit, comme l'exige la loi. Des personnes non autorisées peuvent entrer dans la pièce. Des personnes non enregistrées dans ce district votent», a déclaré le chef du parti Front populaire Grigori Kostousev. «Cette campagne est beaucoup plus impudente de la part des autorités», ajoute-t-il.

Des défenseurs des droits de l'homme observant le déroulement du scrutin ont affirmé avoir été chassés des bureaux de vote, entravés et empêchés de prendre des photos.

Le président Alexandre Loukachenko a pour sa part confirmé à la presse qu'il se présenterait à la présidentielle de 2020. «Si la société n'aime pas comment le président organise (le vote), ils peuvent en choisir un nouveau l'année prochaine. Je ne m'accrocherai pas», a-t-il affirmé Alexandre Loukachenko après avoir voté.

L'homme fort du pays s'est pourtant récemment illustré en tentant de nouveau un rapprochement avec l'Union européenne, qui accuse ouvertement le pays de bafouer les droits de l'homme, de museler l'opposition et les médias. M. Loukachenko, 65 ans, dirige la Biélorussie sans discontinuer depuis 1994. Il achèvera son cinquième mandat en 2020.

400 observateurs de l'OSCE

Le président est passé maître dans l'art de louvoyer entre les Occidentaux et la Russie, avec qui il discute depuis des années d'une hypothétique unification des deux pays. En août, il avait aussi proposé «l'ouverture d'un nouveau chapitre» dans ses relations avec les Etats-Unis, recevant le conseiller d'alors pour la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton.

La Biélorussie s'est attiré des sanctions de la communauté internationale après la réélection d'Alexandre Loukachenko en 2010 à un quatrième mandat présidentiel et les répressions visant l'opposition et les médias indépendants qui l'ont suivie. Certaines de ces sanctions ont depuis été levées, et M. Loukachenko espère obtenir de nouvelles concessions avant la présidentielle de 2020.

La porte-parole de l'UE Maja Kocijancic a déclaré que l'Europe observerait de près le scrutin de dimanche et veut «des élections justes et transparentes respectant les standards internationaux».

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a envoyé 400 observateurs pour surveiller l'élection. Une alliance de défenseurs des droits de l'homme et de candidats d'opposition a dénoncé «de la censure et d'inacceptables restrictions de la liberté d'expression» lors de la campagne.

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