Gaza Distribution d'aide meurtrière: l'UE réclame une enquête

ATS

1.3.2024 - 17:30

La communauté internationale a souligné l'urgence d'un cessez-le-feu humanitaire et réclamé une enquête après des tirs israéliens sur des civils palestiniens pendant une distribution d'aide jeudi à Gaza. Plus de 110 personnes sont mortes, selon le Hamas.

Des Palestiniens inspectent les décombres de bâtiments détruits par des frappes israéliennes dans un camp de réfugiés du centre de la bande de Gaza.
Des Palestiniens inspectent les décombres de bâtiments détruits par des frappes israéliennes dans un camp de réfugiés du centre de la bande de Gaza.
ATS

Keystone-SDA

Près de cinq mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les frappes israéliennes incessantes contre le territoire palestinien dévasté ont fait dans la nuit plus de 80 morts, a indiqué vendredi le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

Alors que le bilan humain ne cesse de s'alourdir avec plus de 30'200 morts à Gaza depuis le début du conflit le 7 octobre, selon le ministère, 2,2 millions des 2,4 millions d'habitants de ce petit territoire assiégé par Israël, sont menacés de famine, d'après l'ONU.

Tirs pendant une bousculade

Jeudi, un médecin de l'hôpital al-Chifa et des témoins ont affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur une foule affamée qui se précipitait vers les camions d'aide dans la ville de Gaza, dans le nord. Le bilan est de 112 morts et 760 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Un responsable de l'armée israélienne a confirmé des «tirs limités» de soldats se sentant «menacés» et évoqué «une bousculade durant laquelle des dizaines d'habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d'aide».

Aux yeux du président américain, Joe Biden, ce drame va compliquer les pourparlers en vue d'une trêve dans la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza. Fidèle allié d'Israël, Washington a exigé des «réponses» du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie et plaidé pour «un accord sur un cessez-le-feu temporaire (...)».

En référence à ce même événement, la Suisse a indiqué être «profondément préoccupée par le nombre très élevé de victimes civiles». «De telles scènes sont inacceptables, des éclaircissements sont essentiels», a indiqué vendredi le Département fédéral des affaires étrangères.

«Enquête efficace»

L'Italie et l'Espagne ont, elles, souligné l'urgence d'un cessez-le-feu. La France a réclamé une «enquête indépendante» et l'Allemagne a appelé à une «trêve humanitaire».

L'Union européenne a elle aussi appelé à une enquête et à un cessez-le-feu pour l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, soumise au feu vert d'Israël.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit poursuivre des discussions sur un projet de déclaration au sujet du drame de Gaza. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé «une enquête indépendante efficace».

Jeudi, a raconté un témoin, certains «camions d'aide se sont approchés trop près de chars de l'armée déployés dans la zone et la foule a pris d'assaut les camions. Les soldats ont tiré sur la foule car les gens s'approchaient trop près des chars».

Nouveaux raids israéliens

En représailles à l'attaque du Hamas du 7 octobre sur sol israélien, l'armée israélienne pilonne sans répit depuis près de cinq mois la bande de Gaza et y a lancé le 27 octobre une offensive terrestre au cours de laquelle les soldats ont avancé progressivement du nord au sud de cette bande de terre d'environ 40 km de long et 10 de large.

Vendredi, des dizaines de frappes ont ciblé le territoire palestinien, notamment à Khan Younès et Rafah dans le sud, selon le gouvernement du Hamas. Des combats au sol se poursuivent à Gaza-Ville ainsi qu'à Khan Younès où l'armée israélienne a dit avoir tué plusieurs combattants palestiniens ces dernières heures.

Pour Joe Biden, il n'y aura «probablement» pas d'accord de trêve avant le début du ramadan, mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence autour du 10 ou 11 mars.

Le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte tentent d'arracher un accord prévoyant une trêve de six semaines associée à une libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens et l'entrée à Gaza de quantités importantes d'aides.

«Quasiment inévitable»

L'offensive israélienne a détruit des quartiers entiers de la bande de Gaza et forcé 1,7 million de personnes à fuir leurs foyers. Une famine «est quasiment inévitable, si rien ne change», a alerté le porte-parole de l'agence de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Jens Laerke.

Selon le porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), citant les statistiques des autorités du Hamas, une dizaine d'enfants ont été enregistrés comme étant décédés des suites de malnutrition, un nombre selon lui certainement en-deçà de la réalité.

Près de 1,5 million de déplacés d'après l'ONU ont gagné Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, où la population massée sans échappatoire craint une offensive terrestre d'Israël.