Proche-Orient Gaza: frappes plus intenses à Rafah, pourparlers sur une trêve

ATS

8.2.2024 - 11:40

L'armée israélienne a intensifié jeudi ses frappes sur Rafah, accentuant les craintes sur le sort de plus d'un million de Palestiniens coincés dans cette ville à la pointe sud de la bande de Gaza. Cela alors que les tractations se poursuivent pour une trêve.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit mercredi avoir ordonné à l'armée israélienne de "préparer" une offensive sur Rafah (archives).
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit mercredi avoir ordonné à l'armée israélienne de "préparer" une offensive sur Rafah (archives).
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Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui achève jeudi une tournée régionale dans le cadre des efforts déployés pour parvenir à un arrêt des combats, a exhorté la veille son allié israélien à «protéger» les civils dans ses opérations militaires, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ordonnait de préparer une offensive sur Rafah.

M. Blinken a plaidé durant sa tournée pour un accord de trêve permettant l'acheminement de davantage d'aide dans la bande de Gaza assiégée, où la situation humanitaire est «cauchemardesque» selon l'ONU, et pour la libération des otages israéliens retenus dans le territoire palestinien.

Il a abordé la question des otages jeudi matin avec Benny Gantz et Gabi Eisenkot, deux anciens chefs de l'armée israélienne, qui ont rejoint le cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Après une première phase de son déploiement qui se concentrait dans le nord du territoire palestinien, l'armée israélienne a progressé vers le centre et le sud de Gaza, notamment dans la ville de Khan Younès, épicentre ces dernières semaines de combats acharnés et de raids aériens continus.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit mercredi avoir ordonné à l'armée israélienne de «préparer» une offensive sur Rafah, ville située à la frontière fermée avec l'Egypte, où s'entassent 1,3 million de Palestiniens dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les affrontements des derniers mois.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins et des sources hospitalières ont fait état de frappes mortelles dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Rafah, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant au total 130 morts au cours des dernières 24 heures.

Selon un journaliste de l'AFP, l'armée israélienne a mené sept frappes aériennes à Rafah. La maison d'un chef de la police locale a notamment été touchée selon le ministère de la Santé du Hamas.

«Ces bombardements sont la preuve que Rafah n'est pas un lieu sûr», lance Oum Hassan, 48 ans, dont la maison proche a été aussi touchée par la frappe. «Notre monde a été réduit en cendres», lance Abou Aymane, un homme de 46 ans qui vit aussi à proximité.

«Déshumanisés»

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a prévenu qu'un éventuel assaut sur Rafah «augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire».

«En ce qui concerne Rafah (...) Israël a (...) l'obligation de faire tout ce qui est possible pour s'assurer que les civils soient protégés et qu'ils aient accès à l'aide dont ils ont besoin», a déclaré de son côté mercredi M. Blinken après avoir rencontré M. Netanyahu.

«Les Israéliens ont été déshumanisés de la façon la plus horrible qui soit le 7 octobre et les otages ont été déshumanisés chaque jour depuis. Mais cela ne peut servir de caution pour déshumaniser les autres. La majorité écrasante de la population de Gaza n'a rien à voir avec les attaques du 7 octobre», a-t-il ajouté.

Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007, ont mené dans le sud d'Israël une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Environ 250 personnes ont également été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus sur place, dont 29 seraient morts.

En représailles, Israël, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste, tout comme les Etats-Unis et l'Union européenne, a juré de «détruire» ce groupe et a lancé une offensive qui a fait au moins 27.840 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, faisant état également de 67.317 blessés.

«Mon âme a été tuée»

Pour sa cinquième tournée dans la région depuis le début de la guerre, M. Blinken a soutenu une proposition de trêve élaborée par des responsables américains, qataris et égyptiens fin janvier à Paris, à laquelle le Hamas a répondu.

S'il a estimé que des éléments de la réponse du Hamas étaient «inacceptables», M. Blinken a dit néanmoins espérer une seconde trêve après celle d'une semaine en novembre qui avait notamment favorisé la libération d'otages à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Or l'Egypte et le Qatar parrainent «un nouveau cycle de négociations» qui débute jeudi au Caire et vise à obtenir «le calme dans la bande de Gaza» ainsi qu'un échange de prisonniers palestiniens et d'otages israéliens, a annoncé un responsable égyptien à l'AFP.

Et le Hamas a précisé jeudi matin qu'une délégation menée par Khalil al-Hayya, haut responsable de son bureau politique, était attendue en matinée au Caire.

A Tel-Aviv mercredi, des otages libérés ont imploré le gouvernement israélien de négocier un accord en vue de la libération des personnes toujours retenues dans la bande de Gaza.

«J'y suis restée 52 jours. Pourquoi moi, une jeune fille de 16 ans, ai-je dû vivre un tel cauchemar? (...) Je suis peut-être vivante et je respire, mais mon âme a été tuée. Et tous ceux qui sont là-bas sont tués chaque jour à nouveau», a lancé Sahar Calderon, dont le père est toujours otage.

ATS