Génocide arménien Génocide: reconnaissance «historique»

ATS

30.10.2019 - 16:09

Erevan a qualifié d'«historique» mercredi la reconnaissance par la Chambre des représentants des Etats-Unis du «génocide arménien» de 1915. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui fustigé une «insulte» et une mesure qui «n'a aucune valeur».

C'est la première fois qu'une telle résolution, accueillie par des applaudissements, a été adoptée en séance plénière dans l'une des chambres du Congrès américain.

Appelant à «commémorer le génocide arménien» et à «rejeter les tentatives (...) d'associer le gouvernement américain à la négation du génocide arménien», ce texte non contraignant a été adopté mardi par 405 voix sur 435, avec une rare union entre démocrates et républicains, et seulement onze voix contre.

Reconnu par les historiens

Le génocide arménien est reconnu par une trentaine de pays et la majorité des historiens. En Suisse, le Conseil national l'a reconnu en 2003, tout comme le Conseil d'Etat de Genève et les Grands Conseils vaudois et genevois.

Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d'Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l'Autriche-Hongrie.

Mais la Turquie refuse l'utilisation du terme «génocide», évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.

Sans surprise, la décision américaine a provoqué la colère d'Ankara. «Je m'adresse au public américain et au reste du monde: cette mesure n'a aucune valeur, nous ne la reconnaissons pas», a clamé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours dans la capitale turque devant les députés de son parti.

«Nous voyons cette accusation comme la plus grande insulte qui soit à notre nation», a-t-il ajouté. La diplomatie turque a convoqué l'ambassadeur américain à Ankara pour protester contre ce vote.

«Un pas audacieux»

En Arménie, le Premier ministre Nikol Pachinian a salué pour sa part «un vote historique», jugeant, dans un message sur Twitter, que cette résolution «est un pas audacieux vers la vérité et la justice historique qui offre également un réconfort à des millions de descendants des survivants du génocide arménien».

M. Pachinian a également fait part de son «admiration pour des générations d'Arméniens et d'Américains d'origine arménienne dont le militantisme désintéressé et la persévérance ont été le moteur» qui a permis ce vote.

Le jour de la fête nationale turque

En avril 2017, peu après son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump avait qualifié le massacre des Arméniens en 1915 d'«une des pires atrocités de masse du XXe siècle», bien qu'il se soit gardé d'employer le terme «génocide».

Avant d'être élu en 2008, son prédécesseur Barack Obama s'était engagé à reconnaître le génocide, mais il n'avait finalement jamais employé ce terme durant sa présidence.

Ce vote est intervenu le jour de la fête nationale turque, alors que les relations entre Washington et Ankara, alliés au sein de l'Otan, traversent de fortes tensions. Donald Trump a laissé le champ libre à une offensive turque en Syrie contre les combattants kurdes, pourtant également alliés des Etats-Unis, en retirant ses forces du nord du pays début octobre.

Sanctions «infernales»

Cette décision a suscité un tollé dans le monde et au sein de la classe politique américaine, jusque dans le camp républicain du locataire de la Maison Blanche, dont des élus ont menacé d'imposer des sanctions «infernales» à la Turquie.

Face à la pression, le gouvernement américain a annoncé des mesures punitives, plus modestes, avant de les lever à la faveur d'un cessez-le-feu négocié avec Ankara en Syrie.

Dans la foulée du vote sur le génocide arménien, la Chambre des représentants a aussi adopté mardi à la quasi-unanimité un texte prévoyant des sanctions contre des responsables turcs en lien avec l'offensive en Syrie, ainsi qu'une banque turque.

Mais cette proposition de loi doit encore être approuvée par le Sénat, la chambre haute du Congrès, pour devenir effective.

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