France «Gilets jaunes»: Macron condamne les violences et les silences «complices»

AFP

18.11.2019 - 23:46

Emmanuel Macron a condamné lundi soir «le nihilisme de la violence» de ceux qui selon lui «ont perverti» le mouvement des «gilets jaunes», ainsi que «les voix qui se taisent et deviennent complices», après les violences de samedi lors du premier anniversaire du mouvement.

«Lorsque la haine s'abat et qu'au nom d'idéaux la destruction se joue dans la rue, trop de voix se taisent et deviennent alors complices, trop de voix laissent confondre des idéaux avec le nihilisme de la violence», a-t-il dit, sans plus de précision, lors d'une remise de décoration à l'ex-dirigeant communiste Robert Hue.

Il a en revanche loué la «fraternité sur les ronds-points» au début du mouvement, en décorant cette fois le président de l'Association des maires ruraux de France, Vanik Berbérian.

Évoquant «la colère drapée dans le jaune de la détresse», il a salué un ami qui a su percevoir «l'aspiration française de nos concitoyens à la communauté» dans «ce mouvement spontané».

«Au-delà des revendications où nous devons apporter des réponses, les Français en sortant de chez eux, en se réunissant sur les ronds-points, ont retrouvé en bien des endroits la chaleur des liens, la fraternité, l'entraide». Même si «d'aucun ont perverti cela et recherchent l'anomie, la violence», a dit le chef de l’État à Vanik Berbérian.

Extrême gauche mise en cause

Dimanche, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait déploré que le mouvement des «gilets jaunes» soit depuis plusieurs mois «gangrené par des ultras» de l'extrême gauche.

Le numéro 2 de la France Insoumise Adrien Quatennens a lui déploré «un désordre sinon organisé, au moins maintenu» par le gouvernement qui a conduit, selon lui, aux violences samedi à Paris.

Le vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella, a lui dénoncé un gouvernement qui «laisse les milices d'extrême gauche pourrir le mouvement des +gilets jaunes+», réclamant leur «dissolution».

Quatre hommes décorés

Avant d'ouvrir mardi le Congrès des maires de France, Emmanuel Macron décorait lundi soir quatre hommes politiques de tous bords qui l'ont soutenu, avec pour point commun leur mandat de maire allant de 19 à 32 ans: le communiste Robert Hue, les centristes Jean Arthuis et Vanik Berberian et l'ex-socialiste Dominique Baert.

C'est à Robert Hue qu'il a réservé son plus vibrant hommage, évoquant avec transport un communisme français bercé par Jean Ferrat et Aragon sans céder au «mirage soviétique».

«Nous manquons de dirigeants comme vous aujourd'hui», lui a-t-il lancé, le félicitant d'avoir «mené toute les luttes en ayant chevillé au corps ce qu'implique la République, la lutte contre la haine, le refus de la violence».

«Vous vous êtes rendu compte plus tôt que la plupart d'entre nous que le manège des partis (...) tournait à vide». «En 2014, dans votre livre, vous disiez +les partis vont mourir et il ne le savent pas+», a relevé le chef de l’État.

En 2002, vous avez vu ceux qui dans «l'électorat populaire se détournaient du communisme pour donner leur voix au Font national, apporter leur suffrage à un candidat d'extrême droite négationniste, et vous l'avez dénoncé», a-t-il dit.

«Cela a renouvelé votre détermination (...) de dépasser les clivages pour faire front à mes côtés lors de la campagne de 2017», a-t-il ajouté.

Il a également remercié Jean Arthuis, ex-sénateur et ex-député européen, qui a été l'un des premiers hommes politiques français à le soutenir, affirmant devoir beaucoup à sa «capacité de prendre des risques».

Pour la petite histoire, Jean Arthuis avait invité à la réception le compositeur-chanteur Laurent Voulzy dont il a été... le comptable.

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