Gouvernement françaisLe retour inattendu de Rachida Dati, ex-protégée de Sarkozy
hl
12.1.2024 - 07:01
Rachida Dati est la surprise du nouveau gouvernement français, tandis que Stéphane Séjourné hérite de l'important ministère des affaires étrangères. Pièce maîtresse de la «macronie» et très proche du président Emmanuel Macron et du premier ministre Grabriel Attal, il est moins connu du grand public.
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12.01.2024, 07:01
12.01.2024, 07:02
ATS
Pressenti pour la tête de liste de la majorité aux élections européennes, M. Séjourné s'empare finalement de la diplomatie française au moment où les tensions sont à leur maximum au Proche-Orient comme en Asie en passant par l'Europe et l'Afrique.
Le président confie ce poste régalien très exposé à un de ses anciens collaborateurs du temps de Bercy, patron du parti Renaissance et président du groupe au Parlement européen.
Le nouveau premier ministre Gabriel Attal connaît également très bien Stéphane Séjourné: les deux hommes furent, un temps, pacsés.
Homme de l'ombre, très influent, parlant plusieurs langues dont l'Espagnol pour avoir passé une partie de sa jeunesse en Argentine, cet éphémère adhérent du parti socialiste, devient à 38 ans le plus jeune ministre des affaires étrangères de la Ve République.
Conseiller politique de M. Macron avant même son élection en 2017, le député européen conservera la tête du parti présidentiel Renaissance, selon une source au sein du parti, à six mois des élections européennes pour lesquelles l'extrême droite domine largement les sondages.
A Bruxelles et Strasbourg depuis cinq ans, M. Séjourné s'est notamment illustré à la tête du groupe centriste «Renew», même s'il reste mal connu du grand public. Cette discrétion ne l'avait pas empêché de briguer le Quai d'Orsay dès le remaniement de juillet, selon une source gouvernementale.
Rachi Dati dit tout haut...
Rachida Dati est une «femme d'engagement, d'énergie, qui toute sa vie s'est battue pour obtenir ce qu'elle voulait», l'a défendue le premier ministre Gabriel Attal jeudi soir sur la chaîne privée TF1, rappelant à propos de son inculpation le principe de la «présomption d'innocence».
Avant même une annonce officielle, cette femme menue de 58 ans, ancienne eurodéputée, élue d'un arrondissement huppé de la capitale française, dont elle a brigué en vain la mairie aux dernières municipales, avait elle-même annoncé sa nomination à des élus parisiens de son parti de droite Les Républicains (LR).
«Je souhaite bon courage aux acteurs du monde de la culture compte tenu des épreuves qu'ils vont traverser», a immédiatement réagi la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, sa rivale affichée avec laquelle elle entretient une relation houleuse.
La nouvelle ministre de la culture n'a en effet pas peur des formules-choc. En politique, «elle a un caractère combatif; elle est déterminée», relève un ancien collaborateur, pour résumer cette avocate, fille d'un maçon marocain et d'une mère au foyer algérienne, propulsée sur le devant de la scène en 2007 par Nicolas Sarkozy.
Si l'ancien président français a rendu hommage à son «énergie inépuisable», le caractère bien trempé de l'ancienne garde des sceaux ne lui a pas attiré que des amitiés: «elle a ses humeurs», résume diplomatiquement un élu.
«En Marche [le parti de la majorité présidentielle, ndlr], c'est quoi? Ce sont des traîtres de gauche et des traîtres de droite», avait-elle lancé à l'antenne de la radio France Inter en juin 2021.
Elle est inculpée depuis juillet 2021 pour «corruption» et «trafic d'influence passif par personne investie d'un mandat électif public» dans l'enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, quand le controversé Carlos Ghosn en était le président et directeur général. Elle nie toute irrégularité.
Douze enfants
Son nom est aussi cité dans une enquête sur les accusations d'enlèvement, séquestration et torture d'un lobbyiste franco-algérien, qui visent notamment le patron du club de football parisien PSG Nasser Al-Khelaïfi.
Issue d'une famille de douze enfants et élevée dans une cité populaire de Chalon-sur-Saône (centre-est), elle n'a jamais caché ses ambitions.Ses proches brossent le portrait d'une jeune femme payant ses études grâce au travail (vendeuse en grande surface, aide-soignante) et frappant avec culot aux portes les plus prestigieuses pour décrocher stages ou emplois.
Couvée par Nicolas Sarkozy dont elle fut la conseillère et la porte-parole de campagne, elle sort de l'ombre par la grande porte en mai 2007 en accédant, à 41 ans, au poste de ministre de la justice (jusqu'en 2009). Son caractère et ses méthodes lui valent l'hostilité du monde judiciaire, jusqu'à l'exaspération de collaborateurs qui finissent par démissionner.
Ses apparitions dans les magazines «people», sa grossesse savamment médiatisée irritent aussi.
Elue en 2008 maire du VIIe arrondissement de Paris, elle était restée un peu en retrait des projecteurs jusqu'à se lancer dans la course à la mairie de Paris, perdue en 2020 face à Anne Hidalgo.