Japon Hirohito n'a pas pu exprimer ses remords

ATS

20.8.2019 - 11:44

Hirohito (à gauche) voulait «faire figurer l'expression de remords» dans son discours pour la cérémonie célébrant la fin de l'occupation américaine et le retour de souveraineté de l'archipel en 1952 (archives).
Hirohito (à gauche) voulait «faire figurer l'expression de remords» dans son discours pour la cérémonie célébrant la fin de l'occupation américaine et le retour de souveraineté de l'archipel en 1952 (archives).
Source: Keystone/AP Kyodo News

L'empereur Hirohito, qui a régné sur le Japon pendant la Seconde guerre mondiale, voulait exprimer ses remords pour le conflit. Mais le premier ministre d'alors l'en a empêché, selon des documents révélés par la chaîne publique NHK.

Dans le journal intime (18 carnets) de Michiji Tajima, plus haut responsable de l'Agence de la Maison impériale de 1949 à 1953, est mentionné clairement le souhait de Hirohito «d'exprimer envers les citoyens de profonds regrets et un sentiment de remords».

La NHK, qui a obtenu ces documents portant sur cinq années et demie auprès de la famille de feu M. Tajima, les a confiés pour analyses à plusieurs historiens et autres experts.

Le souverain, décédé en 1989, voulait «faire figurer l'expression de remords» dans son discours pour la cérémonie célébrant la fin de l'occupation américaine et le retour de souveraineté de l'archipel en 1952, selon les éléments rapportés par la NHK.

«Je ressens un grand remords. Je veux vraiment ajouter ce passage – réflexion sur le passé et discipline à l'avenir – même si les mots peuvent être changés», a également dit l'empereur selon les médias japonais.

Mécontentement

Toutefois, poursuit la NHK, «le Premier ministre de l'époque, Shigeru Yoshida, s'y est opposé et le passage où devait figurer cette volonté a été coupé». M. Yoshida craignait, selon les notes de M. Tajima, «que les gens disent qu'il était responsable du déclenchement de la guerre» du Pacifique, une question qui continue de diviser les historiens.

Les experts ayant eu accès à ces notes très précises, selon la NHK, se sont dit «très surpris» de découvrir à quel point l'empereur a eu «une volonté forte d'exprimer des remords et des regrets». Il a à maintes reprises fait part à M. Tajima de son mécontentement de ne pouvoir dire le fond de sa pensée, mais il a dû respecter la Constitution qui donne le dernier mot au Premier ministre, explique la NHK dans un documentaire retranscrit en partie sur son site.

Par ailleurs, Hirohito a semblé s'en vouloir de ne pas avoir su stopper l'avancée de l'armée nippone à travers l'Asie.

Finalement, c'est le fils de Hirohito, l'empereur Akihito qui, le premier, a réussi à glisser dans un discours le 15 août 2015, jour du 70e anniversaire de la capitulation du Japon, l'expression des «profonds remords» pour les exactions commises par l'armée japonaise. Il a réitéré ces mêmes mots tous les ans jusqu'en 2018, avant d'abdiquer en avril dernier.

Son fils Naruhito, devenu empereur le 1er mai, a repris la même expression lors de son allocution jeudi dernier, confirmant sa volonté déjà exprimée de continuer à reconnaître les ravages du passé impérialiste du pays.

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