Mozambique Homélie du pape à Maputo

ATS

6.9.2019 - 11:18

Le pape François a prononcé une homélie dans un stade plein à craquer de la périphérie de Maputo.
Le pape François a prononcé une homélie dans un stade plein à craquer de la périphérie de Maputo.
Source: KEYSTONE/AP/ALESSANDRA TARANTINO

Le pape a terminé vendredi sa visite au Mozambique par un rendez-vous privé avec les «marginalisés» du sida, fléau persistant dans le pays. Il a ensuite été accueilli dans un stade en délire, où il a lancé un appel à «la paix» en fustigeant l'esprit de vengeance.

Clameur de joie, courses folles et danses rythmées ont marqué l'arrivée de la papamobile. La silhouette blanche du pape s'y dressait, dans un stade d'une périphérie déshéritée de Maputo, la capitale, où 60'000 fidèles ont convergé selon les organisateurs.

Le Mozambique, majoritairement chrétien (qui compte 28% de catholiques), est l'un des pays les plus pauvres de la planète. Malgré leurs très faibles ressources, des habitants sont venus des confins du pays pour représenter leurs diocèses et transmettre ensuite les paroles du pape.

«On ne peut pas penser à l'avenir, construire une nation, une société fondée sur 'l'équité' de la violence», a lancé François aux fidèles lors de cette messe géante, quelques heures avant de s'envoler pour l'île de Madagascar, à l'est du pays, deuxième étape de son voyage.

«Aucune famille, aucun groupe de voisins ni aucune ethnie, encore moins aucun pays n'a d'avenir, si le moteur qui unit (...) se compose de vengeance et de haine», a martelé le pape, qui a dénoncé la planification de «représailles sous des formes apparemment légales». «Vous avez droit à la paix!«, a-t-il lancé, en portugais, à tous ceux qui ont vécu «des histoires de violence, de haine».

Accord de paix

Le gouvernement et l'ex-rébellion devenue principal parti d'opposition du Mozambique, ont signé le mois dernier un accord censé mettre un point final à un conflit de plus de quarante ans. Peu de temps après son indépendance en 1975, l'ex-colonie portugaise a sombré dans une guerre civile meurtrière, jusqu'à la signature d'un traité de paix en 1992.

Le pape argentin, ardent pourfendeur de la corruption, a aussi conseillé aux Mozambicains de se méfier de tous ceux, à l'intérieur ou à l'extérieur, qui veulent profiter pour leur propre intérêt des richesses naturelles d'un pays avec une «partie énorme de sa population en dessous du niveau de pauvreté». «C'est triste quand cela se passe entre des frères du même pays», a-t-il commenté dans son homélie.

2,2 millions de séropositifs

Dans la matinée, il s'était rendu dans un centre de soins pour les malades du sida dans cette même périphérie pauvre de Maputo, rendant un vibrant hommage aux employés d'un centre de soins et saluant des malades. François a loué «la compassion» des agents de santé qui écoutent «ce cri silencieux, presque inaudible, d'innombrables femmes, de tant de personnes qui vivaient dans la honte, marginalisées, jugées par tous», mais à qui on a restitué «la dignité».

Sans surprise, il a évité d'aborder de front le sujet de la prévention des maladies sexuellement transmissibles, qui demeure un terrain miné pour l'Église catholique et tout particulièrement pour les papes en visite en Afrique. Pourtant, selon Onusida, 2,2 millions de personnes – dont 60% de femmes – étaient séropositives en 2018 au Mozambique (27 millions d'habitants), dont 150'000 personnes nouvellement infectées.

L'an dernier 54'000 Mozambicains sont décédés des suites de la maladie. Onusida relève en outre que seulement 30% des 15-24 ans infectés connaissent les façons de prévenir la transmission du virus VIH. A Maputo, la prévalence du virus concerne 23% de la population adulte.

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