Nouvelle-ZélandeHommage aux victimes en Nouvelle-Zélande
ATS
22.3.2019 - 13:12
L'appel à la prière a été diffusé vendredi dans toute la Nouvelle-Zélande, suivi de deux minutes de silence. Ce pays rend ainsi hommage aux 50 musulmans tués il y a une semaine par un extrémiste australien dans deux mosquées de la ville de Christchurch.
Des milliers de personnes, dont la Première ministre Jacinda Ardern, se sont recueillies en silence dans un parc en face de la mosquée al-Nour, la première visée le 15 mars par le tueur. Ce massacre filmé et diffusé en direct sur Facebook par son auteur a provoqué une onde de choc dans un archipel connu pour sa tolérance, sa faible criminalité et sa tradition d'accueil.
Depuis une semaine, les Néo-Zélandais se sont mobilisés en nombre pour des veillées ou encore des célébrations du traditionnel haka maori. Vendredi encore, des habitants allaient embrasser leurs voisins musulmans dans d'émouvants témoignages de solidarité.
A 13h30 (00h30 GMT), le muezzin a lancé l'appel à la prière, qu'ont écouté des milliers de personnes rassemblées dans le Parc Hagley, près de la mosquée al-Nour. Cette prière a été relayée par les télévisions, les radios et sur de nombreux sites internet.
Le pays a ensuite observé deux minutes de silence, notamment lors de rassemblements organisés notamment à Auckland, la capitale économique, et Wellington, la capitale administrative.
L'imam de la mosquée al-Nour Gamal Fouda, qui dirigeait la prière, a dénoncé la haine tout en notant le formidable élan de solidarité apparu en Nouvelle-Zélande : «Je regarde et je vois l'amour et la compassion dans les yeux de milliers de compatriotes néo-zélandais et d'êtres humains dans le monde entier».
«Un sentiment de joie»
Une semaine après, la mosquée al-Nour demeure fermée, et des ouvriers s'efforcent de restaurer ses murs criblés de balles pour qu'elle rouvre au plus vite. «Ce terroriste voulait diviser notre Nation au nom d'une idéologie maléfique (...) Mais, au contraire, nous avons montré que la Nouvelle-Zélande était indivisible».
Après la prière, la tristesse a cédé la place à la communion entre musulmans et non-musulmans posant ensemble pour des photos devant l'impressionnant parterre de bouquets de fleurs.
De nombreuses femmes à travers le pays ont choisi de porter un foulard pour exprimer leur solidarité avec la communauté musulmane. Certaines publiaient des photos d'elles ainsi voilées sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #HeadScarfforHarmony («Foulard pour l'harmonie»).
Réactions
Les pays musulmans ont appelé vendredi la communauté internationale à prendre «des mesures concrètes, exhaustives et systématiques pour remédier au fléau» de l'islamophobie. Les représentants des pays membres de l'Organisation de coopération islamique (OCI) ont aussi appelé les pays dans lesquels vivent des communautés musulmanes à «s'abstenir de toute politique, déclaration ou acte associant l'islam au terrorisme et à l'extrémisme».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté appelé à combattre l'islamophobie au même titre que «l'antisémitisme après l'Holocauste».
La Nouvelle-Zélande a réagi en interdisant jeudi les armes semi-automatiques et fusils d'assaut, ce qui a relancé les appels au contrôle des armes à feu aux Etats-Unis. Jacinda Ardern avait promis immédiatement après la tuerie un durcissement d'une législation qui avait permis au tueur d'acheter en toute légalité l'arsenal ayant servi à l'attaque.
Des centaines de Néo-Zélandais ont déjà entamé les démarches pour rendre leurs armes, a annoncé vendredi la police. Elle a également déploré qu'un grand nombre de citoyens ait fait de fausses déclarations de restitution d'armes sur son site internet pour manifester leur mécontentement face à cette interdiction.
La police a révélé vendredi s'être entretenue en octobre 2017 avec l'auteur de la tuerie avant de lui octroyer le permis grâce auquel il avait acquis les armes utilisées dans le massacre.
Brenton Tarrant, qui a été inculpé samedi, avait demandé un permis de port d'arme en septembre 2017 et une «équipe de contrôle des armes à feu» de la police lui a rendu visite à domicile à Dunedin (sud) le mois suivant, a indiqué un porte-parole de la police. Son permis avait été approuvé en novembre 2017.
L'assassin, un suprémaciste blanc de 28 ans, a abattu 50 personnes âgées de 3 à 77 ans et blessé des dizaines de personnes dans ce massacre.
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