«Hommes morts»Israël traque les cerveaux de l'attaque du Hamas
ATS
21.10.2023 - 07:30
Israël, qui a juré d'éradiquer le Hamas après l'attaque du 7 octobre, répète que chaque membre du mouvement islamiste est voué à être tué. Tout en haut de sa liste figurent les deux cerveaux présumés de cette journée sanglante.
Keystone-SDA
21.10.2023, 07:30
ATS
Israël a déjà tenté à de multiples reprises d'éliminer Mohammed Deif, qui dirige la branche militaire du Hamas, et Yahya Sinouar, son chef politique à Gaza. Mais la chasse à l'homme a cette fois pris une nouvelle tournure.
«Les terroristes du Hamas ont deux options: être tués ou se rendre sans condition. Il n'y a pas de troisième option», a assuré le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant.
Le mouvement, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007 et considéré comme «terroriste» par les Etats-Unis et l'Union européenne, assure «ne pas avoir peur».
Les tunnels de Gaza
Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, sous un déluge de roquettes, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer. Selon un bilan israélien, 1400 personnes sont mortes, majoritairement des civils et principalement le jour de l'attaque, tuées chez elles ou en pleine rave-party.
Israël a riposté en mettant la bande de Gaza en état de siège et en annonçant une guerre pour détruire les capacités du Hamas, pilonnant sans relâche le petit territoire surpeuplé, prélude à une probable intervention terrestre. Les responsables du Hamas estiment que depuis le début du conflit, plus de 3700 Palestiniens ont été tués.
D'après des sources de sécurité extérieures à Gaza, Yahya Sinouar et Mohammed al-Deif sont probablement tapis dans les réseaux de tunnels construits pour échapper aux frappes israéliennes. Les deux hommes, héros aux yeux de nombreux Palestiniens pour qui ils incarnent la lutte armée contre l'occupation israélienne, ont agi dans l'ombre pendant des années.
Quatre peines de prison à vie
Yahya Sinouar, 61 ans, est particulièrement dans le viseur de l'armée israélienne, pour qui il est «le visage du diable» et «un homme mort qui marche». Elu chef du Hamas à Gaza en 2017, lorsque son prédécesseur, Ismaïl Haniyeh, a pris la direction du bureau politique du mouvement avant de s'exiler, il a rejoint l'organisation en 1987 pendant la première Intifada.
Diplômé de l'université islamique de Gaza, ce partisan de la lutte armée a appris l'hébreu pendant ses 23 années dans les prisons israéliennes. Il purgeait quatre peines de prison à vie pour avoir tué deux soldats israéliens lorsqu'il a été libéré en 2011 dans le cadre d'un échange de 1000 prisonniers palestiniens, dont il était la figure la plus importante, contre le soldat franco-israélien Gilad Shalit.
Tout comme M. Sinouar, Mohammed al-Deif est né dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans sud de la bande de Gaza, et a été inscrit en 2015 sur la liste américaine des «terroristes internationaux» les plus recherchés.
«L'invité»
Mais le chef des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, est davantage méconnu. Un seul portrait, vieux d'au moins 20 ans, circule. D'autres clichés le montrent masqué ou dans l'ombre. Né Mohammed Diab al-Masri en 1965, son surnom «al-Deif» ("l'invité» en arabe) vient supposément du fait qu'il ne dort jamais plus d'une nuit au même endroit.
Son épouse et au moins un de ses enfants sont morts dans un raid aérien israélien en 2014. Ayant survécu à au moins six tentatives israéliennes de le tuer, au cours d'une desquelles il aurait perdu un oeil, ses ennemis disent de lui que c'est «un chat aux neuf vies».
«La rage de notre peuple et de notre nation est en train d'exploser», l'entend-on dire dans un audio diffusé par le Hamas au matin de l'attaque. Il s'est engagé dans les rangs du Hamas dans les années 1980 et a été arrêté lors de la seconde Intifada (2000-2005), mais s'est échappé ou a été libéré d'une prison de l'autorité palestinienne en 1999.
Il est devenu le chef de la branche armée du Hamas en 2002 et en conséquence, la bête noire d'Israël, qui l'accuse d'avoir organisé des attentats-suicides à la bombe, des enlèvements et d'autres attaques.
Des remplaçants
Sinouar, Deif ou tout autre chef du Hamas: ils sont tous des «hommes morts», a assuré le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Mais, comme lorsque Israël a éliminé des chefs du Hamas dont son chef spirituel cheikh Ahmad Yassine, puis son successeur Abdel Aziz Rantissi en 2004, leur mort pourrait porter un coup au mouvement sans toutefois l'affaiblir durablement, selon des experts.
D'autres poids lourds du groupe opèrent depuis l'étranger. «Sinouar et Deif sont clairement la priorité parmi les dirigeants. Leur perte esquintera le Hamas, mais on peut supposer que le groupe a déjà prévu un plan de secours», estime Dr H.A. Hellyer, spécialiste de sécurité internationale à l'institut Royal United Services de Londres.