António Guterres«Il faut engager le dialogue avec les talibans»
ATS
10.9.2021 - 05:34
Le secrétaire général de l'ONU António Guterres a plaidé jeudi, lors d'un entretien avec l'AFP, en faveur d'«un dialogue» continu avec les talibans en Afghanistan. Il faut éviter une «dégringolade économique» avec «des millions de morts», ajoute-t-il.
Keystone-SDA
10.09.2021, 05:34
10.09.2021, 07:47
ATS
«Notre devoir, c'est d'étendre notre solidarité à un peuple qui souffre énormément, où des millions et des millions risquent de mourir de faim», a insisté le chef de l'ONU.
Selon lui, il faut à tout prix éviter une «dégringolade économique» en Afghanistan. Sans évoquer une levée des sanctions internationales et un déblocage des fonds afghans gelés dans le monde, il a estimé que des «instruments financiers» pouvaient permettre de maintenir à flot le pays et de permettre à l'économie de «respirer».
«Est-ce qu'il y a des garanties» pour la communauté internationale d'être servie en retour en matière de protection des droits des femmes et des filles? «Non, la situation est imprévisible et, parce qu'elle est imprévisible, il faut engager [dans la discussion, ndlr] les talibans [...] si l'on veut que l'Afghanistan ne soit pas un centre de terrorisme, si l'on veut que les femmes et les filles ne voient pas se perdre tous les droits acquis pendant la période précédente, si l'on veut que les différents groupes ethniques puissent se sentir représentés», a-t-il poursuivi.
Une réceptivité pour discuter
«Jusqu'à présent, dans les discussions que nous avons eues, il y a au moins une réceptivité pour discuter», a assuré M. Guterres. «Nous voulons que le pays puisse être gouverné en paix et stabilité, avec les droits des gens respectés». De leur côté, «les talibans veulent être reconnus, que les sanctions soient abolies, veulent l'appui financier et cela donne un certain levier à la communauté internationale», a-t-il estimé.
Interrogé sur les risques que le scénario afghan se produise au Sahel, António Guterres a affirmé craindre son «impact psychologique et réel». «Il y a un vrai danger». Des groupes terroristes au Sahel «peuvent se sentir enthousiasmés avec ce qui s'est passé [en Afghanistan] et avoir des ambitions au-delà de ce qu'ils pensaient il y a quelques mois», a-t-il jugé.
Le chef de l'ONU a aussi souligné «une chose nouvelle dans le monde qui est très dangereuse». Voir des «groupes fanatisés, avec une idéologie où la mort par exemple est désirable, des groupes disponibles pour tout faire» affronter des «armées qui se désintègrent».