Afghanistan Il y a 20 ans, le commandant Massoud était assassiné

ATS

9.9.2021 - 04:41

Le 9 septembre 2001, deux faux journalistes kamikazes d'Al-Qaïda viennent interviewer Ahmad Shah Massoud. Ils déclenchent leur bombe, tuant le dernier grand commandant afghan, qui résistait encore aux talibans.

Ben Laden avait ordonné en personne l'attaque contre le commandant Ahmad Shah Massoud (archives).
Ben Laden avait ordonné en personne l'attaque contre le commandant Ahmad Shah Massoud (archives).
ATS

Vingt ans plus tard, cet assassinat et le 11 septembre qui a immédiatement suivi, déclencheurs de l'invasion américaine, restent pour beaucoup d'Afghans le point de départ de deux décennies de conflits sanglants, ponctuées cet été par le retour au pouvoir des talibans.

Le charismatique Ahmad Shah Massoud s'est forgé une réputation de brillant chef de guerre dans les années 1980, en luttant contre les forces soviétiques, qui occupaient sa province du Panchir, une vallée très encaissée du nord-est de l'Afghanistan.

Au début des années 1990, le «Lion du Panchir» fait toutefois partie des chefs de guerre autrefois unis contre les Soviétiques qui se déchirent, s'affrontent et détruisent en partie Kaboul, une des périodes les plus noires de la vie des habitants de la capitale.

Après la prise de pouvoir des talibans en 1996, il retourne à la résistance contre le régime islamiste et ses alliés d'Al-Qaïda, qui le traquent. Le chef d'al-Qaïda, Oussama ben Laden, ordonnera lui-même la mission-suicide qui le tuera.

Dix jours avec Massoud

Pour l'approcher, ses assassins prétendent tourner un documentaire pour un centre culturel islamique de Grande-Bretagne, et utilisent des passeports belges volés. Quand ils arrivent pour interviewer le commandant Massoud dans sa base de Khwaja Bahauddin en août 2001, ce dernier est trop occupé pour les recevoir.

«Ils ont passé dix jours avec nous, attendant calmement et patiemment qu'il arrive, sans trop insister pour que l'interview se fasse vite», avait raconté à l'AFP Fahim Dashti, un journaliste membre de l'entourage de Massoud, deux semaines après l'assassinat.

Le moment enfin venu, Fahim Dashti prépare sa propre caméra pour enregistrer l'interview et les deux faux journalistes posent leurs questions en arabe au conseiller le plus proche de Massoud, chargé de les traduire. Au moment où le commandant tend l'oreille pour écouter les questions traduites, ils font exploser leur bombe, cachée dans leur caméra.

L'assassinat déclenche une onde de choc en Afghanistan et dans le reste du monde, notamment en Occident. Pour certains Afghans, il était considéré comme le dernier espoir face aux talibans et les Occidentaux le voyaient comme un allié potentiel face à un régime fondamentaliste qu'ils détestaient.

Un mausolée

Une semaine après sa mort, des milliers de personnes assistent à son inhumation dans son district natal de Bazarak. Un mausolée de marbre sera ensuite construit pour l'abriter, où ses partisans se recueilleront au fil des années.

Le vent tourne avec le 11 septembre et l'intervention quelques semaines plus tard en Afghanistan des Etats-Unis pour punir les talibans d'avoir hébergé Ben Laden. Le régime taliban chute à la fin de l'année, balayé par les bombardements des Américains, eux-mêmes guidés au sol par les combattants de l'alliance du Nord.

Vingt ans plus tard, les talibans viennent de reprendre le pouvoir, à la faveur du retrait des Américains et d'une offensive éclair qui a provoqué l'effondrement du gouvernement pro-occidental, sans combat ou presque à Kaboul et dans les autres grandes villes.

Dans la foulée, ils ont rapidement envoyé des combattants pour encercler la province du Panchir, ultime bastion de la résistance, emmenée cette fois par le fils du commandant Massoud, Ahmad, qui avait 12 ans au moment de sa mort, avant d'y pénétrer et de la déclarer conquise lundi dernier.

Parmi leurs victimes tuées lors des combats figure Fahim Dashti, le journaliste qui avait survécu à l'attentat contre le commandant Massoud vingt ans plus tôt.