Etats-Unis Impeachment: passe d'armes en direct

ATS

15.11.2019 - 18:41

L'ex-ambassadrice américaine à Kiev, Marie Yovanovitch, vendredi au Congrès, entendue dans le cadre dans l'enquête en destitution contre le président Trump.
L'ex-ambassadrice américaine à Kiev, Marie Yovanovitch, vendredi au Congrès, entendue dans le cadre dans l'enquête en destitution contre le président Trump.
Source: Keystone/AP/RICHARD DREW

Une passe d'armes à distance, mais en direct, a opposé vendredi Donald Trump et l'ex-ambassadrice américaine à Kiev. Le président américain l'a attaquée au moment même où elle était entendue au Congrès dans l'enquête en destitution qui le menace.

«Partout où Marie Yovanovitch est passée, les choses ont mal tourné», a tweeté le président américain en référence à la diplomate qu'il avait brusquement rappelée à Washington en mai. «Elle a débuté en Somalie, et regardez comment ça s'est terminé», a-t-il ajouté en référence à ce pays de la Corne de l'Afrique plongé dans le chaos depuis 1991, avant de défendre son «droit absolu» de choisir ses ambassadeurs.

«Je ne crois pas avoir de tels pouvoirs, ni à Mogadiscio en Somalie, ni ailleurs», a répondu Mme Yovanovitch, immédiatement appelée à réagir par l'élu démocrate Adam Schiff, qui a interrompu son interrogatoire pour lui lire les messages du président. Après un moment de recul, elle a ajouté en pesant ses mots: «c'est très intimidant».

Des accusations renforcées

«Mauvais jugement extraordinaire»

«Certains d'entre nous ici prenons très au sérieux l'intimidation de témoins», a conclu M. Schiff, laissant entendre que ce chef pourrait aller étayer un éventuel dossier de mise en accusation, «impeachment», contre M. Trump à la Chambre des représentants. Le président a fait preuve d'un «mauvais jugement extraordinaire» en lançant cette salve en pleine audition, a commenté sur les plateaux Kenneth Starr, l'ancien procureur spécial en charge de la procédure de destitution contre Bill Clinton en 1998.

Le président américain est dans la tourmente parce qu'il a demandé à son homologue ukrainien, lors d'un échange téléphonique le 25 juillet, d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020. La révélation de cet échange, suite à l'intervention d'un mystérieux lanceur d'alerte, a décidé l'opposition à ouvrir une enquête en destitution contre Donald Trump, accusé d'avoir abusé de ses pouvoirs à des fins personnelles.

Ce mécanisme, prévu par la Constitution, n'avait jusque-là servi que contre trois présidents de l'Histoire des Etats-Unis sans qu'aucun ne soit destitué. Compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, qui sera chargé de juger le président, le milliardaire new-yorkais devrait également conserver son poste. Mais sa probable mise en accusation à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, jettera une ombre sur sa campagne de réélection.

Accusé de corruption

Auditions publiques

Après avoir mené une douzaine d'auditions à huis clos, les élus de la chambre basse ont entamé mercredi des auditions publiques. Deux hauts diplomates ont raconté les pressions exercées sur Kiev pour le convaincre d'enquêter sur Joe Biden lors de cette audience suivie par près de 14 millions d'Américains, selon le cabinet Nielsen.

William Taylor, qui avait remplacé Mme Yovanovitch, a notamment déclaré avoir appris par l'entremise d'un autre ambassadeur, que le président Trump avait posé l'ouverture de cette enquête comme condition au déblocage d'une aide militaire destinée à l'Ukraine.

L'ambassadrice, 61 ans, avait quitté Kiev quand cette aide d'environ 400 millions de dollars, cruciale pour ce pays en guerre, avait été gelée. Elle ne peut donc pas en dire beaucoup plus sur le sujet. Elle est revenue en revanche sur la campagne de dénigrement menée contre elle par l'avocat personnel du président Rudy Giuliani dans les mois précédant son rappel.

«Je n'ai pas compris pourquoi il m'attaquait», a-t-elle déclaré, en confiant s'être «inquiétée» de voir le président et son fils» relayer ses attaques. Jurant n'avoir «aucun parti pris politique», la diplomate a également assuré que son rappel avait «porté un coup au moral» des diplomates américains à Kiev et dans l'ensemble du réseau américain.

Les démocrates sont convaincus que le départ de l'ambassadrice, réputée pour ses efforts en matière de lutte contre la corruption, a laissé le champ libre à des proches du président pour exercer leurs pressions sur Kiev. Mme Yovanovitch est également revenue sur sa réaction quand elle avait découvert que Donald Trump l'avait critiquée dans son appel avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «Il va lui arriver des choses», avait-il déclaré. «Ça ressemblait à une vague menace», a-t-elle dit.

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