EnvironnementInterdiction de la chasse au trophée exigée
ATS
18.8.2019 - 20:35
Plus de 50 députés européens et autant d'organisations écologistes ont appelé dimanche les parties à la CITES à interdire la chasse aux trophées. Celle-ci cause la mort d'animaux en danger comme les rhinocéros et les éléphants.
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) interdit tout commerce de plus de 1000 espèces végétales et animales considérées comme en danger d'extinction, qui sont recensées dans son annexe 1.
Dans une lettre adressée à la secrétaire générale de la CITES Ivonne Higuero, les signataires déplorent que la chasse aux trophées, ayant un caractère «récréatif» et considérée comme «non commerciale», ait échappé à cette interdiction.
La lettre a été rendue publique au moment où sont réunis à Genève des milliers de délégués venus de plus de 180 pays, défenseurs de l'environnement et responsables politiques. Ils doivent discuter de 56 propositions visant à modifier le degré de protection accordé aux animaux et aux plantes sauvages par la Convention.
Moratoire immédiat exigé
La question des trophées de chasse ne figure toutefois pas à l'ordre du jour de la conférence.
«Un nombre considérable de trophées d'espèces (relevant) de l'annexe 1 (du traité) sont commercialisés chaque année, dont les trophées d'espèces figurant sur la liste rouge de l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) en tant qu'espèces ne subsistant plus à l'état sauvage, gravement menacées (ou) en danger d'extinction, vulnérables ou proches des seuils de menace», souligne la lettre.
Les signataires appellent les parties à la Convention à «traiter les trophées de chasse de la même manière que les autres formes de commerce de la vie sauvage», et à «appliquer un moratoire immédiat sur les importations de toutes les espèces (recensées) dans l'annexe 1».
Lions élevés pour finir en trophées
Ils demandent également l'interdiction des élevages de lions captifs destinés aux trophées de chasse.
Un grand nombre d'espèces sont convoitées par les chasseurs, dont les éléphants, les rhinocéros noirs et blancs, les girafes, les crocodiles, les perroquets gris, les guépards mais aussi des primates comme les chimpanzés.
La Campagne pour interdire la chasse aux trophées a déclaré dans un communiqué que «des permis de la CITES ont été fournis (par) des chasseurs souhaitant tuer et ramener chez eux des trophées d'animaux parmi les plus menacés dans le monde».
Eduardo Goncalves, fondateur de cette association, a déclaré que l'exemption dont bénéficie la chasse aux trophées dans le traité de la CITES était «absolument inexplicable».
Millions de dollars en jeu
La chasse aux trophées est «une industrie internationale générant des millions de dollars» de bénéfices, et elle est donc «évidemment commerciale», a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis, plus gros importateur de trophées de chasse, ont délivré au cours des dix dernières années 200'000 permis d'importation, selon un rapport publié par la Campagne. Donald Jr. et Eric Trump, fils du président actuel, sont notamment connus pour leur goût du tir sur les espèces protégées en Afrique.
Chinois de plus en plus actifs
La Chine occupe la deuxième position, mais est de plus en plus active dans ce secteur: le nombre de permis délivrés par Pékin est passé de 18 en 2007 à 2142 dix ans plus tard.
La Campagne note aussi une forte hausse récente des permis détenus par des ressortissants de plusieurs autres pays comme le Canada, la Belgique, l'Autriche et la Russie.
Payer pour tuer
La chasse aux trophées est légale dans de nombreuses régions d'Afrique. Les touristes paient pour tuer un petit nombre d'animaux sélectionnés.
Les pays qui délivrent des licences font valoir que les revenus générés par la chasse aux trophées financent des projets de préservation et de lutte contre le braconnage.
Mais les détracteurs de ce type de chasse estiment qu'elle mène au déclin de nombreuses espèces. «La lacune qui autorise les chasseurs de trophées à tirer sur des espèces en danger doit être comblée immédiatement», a estimé M. Goncalves.
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