Guerre Israël-Hamas Israël intensifie son offensive dans le sud de Gaza

ATS

24.12.2023 - 13:15

L'armée israélienne a annoncé qu'elle intensifiait dimanche ses opérations contre le Hamas dans le sud de la bande de Gaza assiégée, pendant que les Etats-Unis pressent Israël de faire plus d'efforts pour épargner la population, menacée par la faim.

«La guerre sera longue», a prévenu dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant son gouvernement, en rendant hommage aux 153 soldats tués depuis le début de l'offensive terrestre à Gaza le 27 octobre. «Nous payons un très lourd tribut à la guerre, mais nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à combattre», a-t-il dit.

Après des combats qui ont provoqué d'immenses destructions dans le nord du territoire palestinien, l'armée a expliqué qu'elle concentrait désormais ses principales opérations, à la recherche des responsables du Hamas, sur la grande ville de Khan Younès, dans le sud, où sont massés de nombreux civils ayant fui la guerre plus au nord.

Dimanche, la ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, qui selon la tradition chrétienne a vu naître Jésus-Christ, se préparait à un sombre Noël, désertée par les fidèles.

A Gaza, les bombardements se poursuivent sans répit du nord au sud. De la fumée s'élevait dans le ciel de Khan Younès après des frappes, tandis qu'une forte explosion, filmée par l'AFP depuis le sud d'Israël, a secoué le centre du territoire.

Les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël, insistent de plus en plus, face aux lourdes pertes civiles palestiniennes, pour qu'Israël privilégie des opérations plus ciblées dans sa guerre contre le Hamas, déclenchée le 7 octobre après une attaque sans précédent menée sur son sol par le mouvement islamiste.

Lors d'une conversation téléphonique samedi avec Benjamin Netanyahu, le président américain Joe Biden «a souligné le besoin crucial de protéger la population civile», selon la Maison Blanche.

En Israël, l'attaque du 7 octobre a fait environ 1140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens disponibles. Environ 250 personnes ont été enlevées, dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël.

En représailles, Israël a juré d'"anéantir» le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, pilonnant le territoire soumis à un siège total depuis le 9 octobre. Ces opérations ont fait 20.424 morts, en majorité des femmes, adolescents et enfants, selon un bilan publié dimanche par le ministère de la Santé du Hamas.

Après la ville de Gaza, «nous pivotons vers le sud et nous concentrons nos principales opérations sur un autre bastion du Hamas, Khan Younès», a expliqué un porte-parole de l'armée, Jonathan Conricus, sur la chaîne américaine Fox News, ajoutant que les combats dans le nord «continueront, peut-être à une intensité moindre».

L'armée a annoncé dimanche qu'environ 200 cibles avaient été visées la veille. Dans le nord de Gaza, les soldats ont découvert «un dépôt d'armes adjacent à des écoles, une mosquée et un centre médical», qui renfermait «des ceintures d'explosif adaptées pour des enfants, des dizaines d'obus de mortier, des centaines de grenades et du matériel de renseignement», selon l'armée.

«Notre peuple se meurt»

A Bethléem, face à l'église de la Nativité, des policiers palestiniens étaient déployés sur la place de la Mangeoire, presque vide à quelques heures de la veillée de Noël, là où fidèles et touristes sont habituellement des milliers à admirer la crèche ou le sapin qui n'ont pas été installés cette année.

Les chrétiens palestiniens n'ont pas le coeur aux célébrations, largement annulées par la municipalité, ne pouvant faire fi du sort de leurs concitoyens, assiégés et bombardés à Gaza.

«Ils sont nombreux à mourir pour cette terre, c'est très difficile de célébrer quelque chose alors que notre peuple se meurt», confiait à l'AFP Nicole Najjar, une étudiante de 18 ans, sur la place de la Mangeoire.

La situation humanitaire à Gaza, une étroite bande côtière coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, est désastreuse: la plupart des hôpitaux y sont hors service et dans les six prochaines semaines, l'ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d'insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu'à la famine, selon les Nations unies.

Selon l'ONU, 1,9 million de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, soit 85% de la population, dont beaucoup ont été déplacées plusieurs fois à mesure de l'avancée des combats.

A Rafah, la ville frontalière avec l'Egypte, des Palestiniens pleuraient leurs proches tués.

Négociations

Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution réclamant l'acheminement «immédiat» et «à grande échelle» de l'aide humanitaire, vitale pour la population de Gaza, celle-ci n'a pas connu d'augmentation significative samedi, avec l'entrée de 93 camions contre une moyenne de quelque 80 les jours ayant précédé le vote, d'après les autorités du point de passage de Rafah.

«Pour que l'aide parvienne jusqu'à ceux qui en ont besoin, pour que les otages soient libérés, pour que d'autres déplacements soient évités et surtout, pour que cessent ces pertes humaines dévastatrices, un cessez-le-feu humanitaire est la seule issue», a déclaré dimanche le Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de parvenir à un compromis sur une nouvelle trêve qui permettrait l'entrée de plus d'aide à Gaza ainsi que des libérations d'otages et de prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.

Le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant «l'élimination» du mouvement islamiste.