19'000 morts plus tardIsraël poursuit ses bombardements sur Gaza malgré le carnage
ats
17.12.2023 - 17:48
Israël a continué de pilonner la bande de Gaza dimanche, malgré déjà près de 19'000 morts dans l'enclave et une situation humanitaire dantesque. A l'interne, Tel Aviv est sous pression pour négocier et obtenir la libération d'otages enlevés par le Hamas.
Keystone-SDA, ats
17.12.2023, 17:48
ATS
La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, en Israël dimanche, a exprimé les inquiétudes vives de Paris face à l'ampleur des victimes civiles, appelant à une trêve «immédiate et durable».
Au total, 18'800 personnes, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, ont été tuées depuis le début de l'offensive lancée par Israël sur la bande de Gaza, d'après le ministère de la Santé du Hamas. Plus de 50'000 autres personnes auraient été blessées, alors que le système de santé de l'enclave est largement détruit.
Les pressions en Israël sur le gouvernement du premier ministre, Benjamin Netanyahu, sont montées en puissance depuis l'annonce vendredi de la mort de trois otages tués par des soldats qui les auraient pris par erreur pour des combattants palestiniens.
Ils faisaient partie des quelque 250 personnes capturées lors de l'attaque lancée le 7 octobre par le Hamas sur sol israélien, qui a fait 1140 morts, selon le bilan israélien officiel.
Israël refuse d'arrêter le bain de sang
L'armée israélienne mène depuis le 27 octobre une opération terrestre contre le mouvement palestinien, à présent étendue à tout le territoire, y compris au sud où se sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.
«Trop de civils sont tués», a déclaré Mme Colonna dimanche, à l'issue d'une rencontre avec son homologue israélien, Eli Cohen, qui a lui martelé la position du gouvernement israélien selon laquelle un appel au cessez-le-feu est (...) un cadeau pour le Hamas», au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza.
L'armée israélienne a affirmé avoir découvert au cours de son offensive «le plus grand tunnel» que le Hamas ait creusé sous la bande de Gaza. L'ouvrage déboucherait à seulement quelques centaines de mètres de son territoire.
Encore des dizaines de morts
Dimanche, d'épais nuages de fumée provoqués par des frappes israéliennes s'élevaient du nord de la bande de Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas a déploré la mort de 24 Palestiniens tués dans le camp de Jabaliya lors d'un bombardement.
D'autres bombes ont tué au moins douze personnes dans la ville de Deir al-Balah dimanche, selon le gouvernement du Hamas.
Blessés suturés à vif et à même le sol
D'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le service des urgences de l'hôpital al-Chifa dans le nord de l'enclave est devenu «un bain de sang», avec des centaines de patients blessés à l'intérieur et de nouveaux arrivant «chaque minute».
«Les patients souffrant de traumatismes sont suturés à même le sol et les moyens pour gérer la douleur sont très limités voire inexistants». L'hôpital ne fonctionne plus qu'a minima et avec une équipe très réduite et «les patients critiques sont transférés à l'hôpital Ahli Arab pour des interventions chirurgicales», ajoute l'OMS.
Menacés de mourir aussi de faim
Les bombardements israéliens ont laissé une grande partie du territoire en ruines et l'ONU estime que 1,9 million de Gazaouis ont été déplacés par la guerre.
«Je ne serais pas surpris si des gens commençaient à mourir de faim, ou d'une combinaison de faim, maladie et faible immunité», dénonce Philippe Lazzarini, dirgeant de l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Quelques camions d'aide
Pour alléger les pénuries en alimentation, eau, médicaments, carburants, depuis le début de la guerre et le siège total de la bande de Gaza instauré le 9 octobre, Israël a commencé à laisser entrer de l'aide humanitaire depuis le terminal de Kerem Shalom, à la frontière avec l'Egypte, mais en quantité totalement insuffisante.
Une source du Croissant-Rouge égyptien, a affirmé à l'AFP que 79 camions étaient ainsi passé dimanche par ce terminal. Une décision prise par Israël sous pression américaine pour soulager le terminal de Rafah, jusqu'à présent le seul par lequel l'aide humanitaire entrait.
«Ramener les otages vivants»
Dimanche, Mme Colonna a rencontré des familles d'otages français toujours captifs du Hamas et de groupes alliés. Environ 129 personnes seraient toujours prisonnières dans la bande de Gaza.
Des centaines de personnes ont défilé samedi soir à Tel-Aviv avant de camper devant le siège du ministère de la Défense pour réclamer un retour de leurs proches.
«Le gouvernement israélien doit (...) mettre sa meilleure offre sur la table pour ramener les otages vivants. Vivants», a insisté Ruby Chen, père de l'otage Itay Chen, lors du rassemblement.
Plus de 100 personnes enlevées par le Hamas ont jusqu'ici été libérées en échange de 240 prisonniers palestiniens au cours d'une trêve d'une semaine en novembre, négociée par le Qatar.
Netanyahu veut «maintenir la pression»
Samedi soir, Netanyahu a jugé que la «pression militaire» restait nécessaire pour ramener les otages et «briser» le Hamas.
Semblant évoquer des efforts diplomatiques en cours du Qatar pour obtenir la libération de nouveaux otages, il a ajouté qu'Israël avait «de sérieuses critiques à l'égard du Qatar (...) mais pour l'instant, nous essayons d'achever la récupération de nos otages».
Le Qatar a confirmé samedi des «efforts diplomatiques en cours». Le Hamas s'est cependant déclaré «contre toute négociation sur l'échange de prisonniers jusqu'à ce que l'agression contre notre peuple cesse complètement», dans un message sur Telegram.
Appels à la désescalade ignorés
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, devait se rendre dimanche au Moyen-Orient pour rencontrer des dirigeants en Israël, à Bahreïn et au Qatar. Ces derniers jours, l'administration américaine a poussé les autorités israéliennes à passer à une phase «moins intensive» de leur opération à Gaza, sans aucun succès jusqu'ici.
Le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, et son homologue allemande, Annalena Baerbock, ont appelé de leur côté à «un cessez-le-feu durable», aussi rapidement que possible, dans une tribune commune publiée dans le Sunday Times. Mais ils s'opposent à un «cessez-le-feu général et immédiat» estimant que le Hamas «doit déposer les armes».
Palestiniens chassés de leurs terres
Mme Colonna devait aussi rencontrer dimanche son homologue de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Maliki, ainsi que des Palestiniens ayant été chassés de leurs terres par des colons israéliens.
Hors de Gaza, l'autorité palestinienne a déploré la mort dimanche de cinq nouveaux Palestiniens en Cisjordanie occupée depuis 1967 par Israël en violation du droit international, où les violences ont flambé depuis le début de la guerre.
Craintes de contagion
Et la guerre continue d'accroître les tensions à travers la région, avec le spectre d'une contagion.
Israël échange régulièrement des tirs à travers sa frontière nord avec le Liban, principalement avec le mouvement libanais chiite Hezbollah soutenu par l'Iran. Selon Tel Aviv, un soldat a été tué et deux blessés à la frontière libanaise.
Après des attaques de rebelles Houthis du Yémen, présentées comme des ripostes à la guerre entre Israël et le Hamas, plusieurs géants du transport maritime mondial ont par ailleurs annoncé interrompre le passage de leurs navires par cette route maritime commerciale majeure.
Des attaques qui d'après la cheffe de la diplomatie française «ne peuvent rester sans réponse», la France étudiant selon elle «plusieurs options» défensives avec ses partenaires.