«Piégés dans un enfer» Israël poursuit ses frappes et ses opérations à Gaza, vote à l'ONU

ch

19.12.2023 - 19:11

L'armée israélienne a poursuivi mardi ses bombardements sur la bande de Gaza, malgré des pressions internationales toujours insistantes pour épargner les civils, et dans l'attente de l'adoption d'une éventuelle résolution au Conseil de sécurité de l'ONU.

Des habitants palestiniens inspectent mardi les décombres de leur maison à Deir al Balah, dans le centre de la bande de Gaza, après des frappes israéliennes.
Des habitants palestiniens inspectent mardi les décombres de leur maison à Deir al Balah, dans le centre de la bande de Gaza, après des frappes israéliennes.
ATS

Keystone-SDA, ch

Dix jours après un véto américain, le Conseil de sécurité des Nations unies devrait se prononcer mardi sur un nouveau texte appelant à une «suspension» des hostilités à Gaza, déclenchées par l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien.

Initialement prévu lundi, le vote pourrait toutefois être à nouveau reporté, dans un contexte marqué en outre par les inquiétudes croissantes d'une extension du conflit, notamment à cause des attaques menées par les rebelles Houthis du Yémen, alliés du Hamas, contre le trafic maritime international en mer Rouge.

Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, après l'attaque menée par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre qui a fait environ 1140 morts. Sur les 250 otages, 129 sont encore retenus à Gaza, selon les autorités israéliennes.

Dans le territoire palestinien, 19'667 personnes, en majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

«Piégés dans un enfer»

Durant la nuit, des frappes ont de nouveau visé Rafah et Khan Younès, dans le sud, ainsi que le centre de Gaza, selon des correspondants de l'AFP. Mardi, 20 Palestiniens, dont quatre enfants, et un journaliste, Adel Zorob, et sa famille, ont été tués dans un bombardement à Rafah, selon le Hamas.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé mardi avoir découvert des explosifs dans un centre médical de Choujaiya, dans la banlieue de la ville de Gaza, détruit des tunnels du Hamas et tué des cadres du mouvement, lors de récentes opérations.

A Rafah, ville frontalière avec l'Egypte qui abrite des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui les combats plus au nord, des rescapés fouillaient au matin les décombres d'un immeuble effondré.

«Aujourd'hui, les Palestiniens sont contraints de se réfugier dans des zones de plus en plus petites (...) tandis que les opérations militaires continuent de s'approcher de plus en plus», a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk: «Ils sont piégés dans un véritable enfer».

«Furieux»

Gaza est le lieu «le plus dangereux au monde» pour un enfant, a fustigé mardi un porte-parole de l'Unicef, après son retour du territoire palestinien. «Je suis furieux de voir que Noël va probablement entraîner une augmentation de la sauvagerie et des attaques tandis que le monde est distrait par l'amour et les bons sentiments», a insisté James Elder.

La guerre a plongé la bande de Gaza, soumise par Israël à un siège total depuis le 9 octobre, dans une profonde crise humanitaire, mis hors service la plupart des hôpitaux, entraîné des destructions considérables et le déplacement de 85% de la population, soit 1,9 million de personnes selon l'ONU.

L'hôpital al-Ahli Arab, un des derniers encore en service dans le nord de la bande de Gaza, a cessé de fonctionner mardi après avoir été pris d'assaut par l'armée israélienne, a indiqué son directeur, selon qui quatre personnes blessées lundi par des tirs israéliens alors qu'elles se trouvaient dans l'hôpital ont succombé.

«Approche plus chirurgicale»

Face au lourd bilan humain, les appels à l'apaisement se multiplient. Le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a appelé mardi l'armée israélienne à «une approche plus chirurgicale, clinique et ciblée» contre le Hamas, l'exhortant à «minimiser les pertes civiles».

En visite lundi à Tel-Aviv, le secrétaire américain à la Défense avait plaidé aussi pour l'acheminement de «davantage d'aide humanitaire dans la bande de Gaza», tout en assurant que les Etats-Unis allaient continuer à fournir «l'équipement» militaire nécessaire à l'armée israélienne.

Même si des camions d'aide et de marchandises sont encore entrés dans le territoire mardi par les points de passage de Rafah, via l'Egypte, et de Kerem Shalom, dans le sud d'Israël, ces ravitaillements sont très loin de répondre aux besoins les plus élémentaires de la population.

«Les mesures limitées d'Israël, notamment l'autorisation de faire entrer plus de carburant, de nourriture et de gaz pour cuisiner, et l'ouverture de Kerem Shalom/Karem Abu Salem pour l'entrée de l'aide humanitaire, sont positives, mais loin d'être suffisantes au regard de ce qui est nécessaire pour faire face à la catastrophe humaine sur le terrain», a lancé mardi devant le Conseil de sécurité des Nations unies l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland.

Tractations pour une trêve

Des tractations se poursuivent pour la mise en oeuvre d'une nouvelle trêve. La précédente, du 24 novembre au 1er décembre, avait permis la libération de 105 otages à Gaza, dont 80 en échange de 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

Le Hamas se dit prêt à «un échange de prisonniers, mais après un cessez-le-feu», alors qu'Israël est de son côté opposé à un cessez-le-feu immédiat qui, selon lui, laisserait le contrôle de la bande de Gaza au mouvement palestinien, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment.

La communauté internationale s'inquiète en outre d'un risque d'extension du conflit, avec les attaques menées par les Houthis contre le trafic maritime international en mer Rouge.

Ces attaques constituent une «menace» pour le commerce international, a déclaré mardi le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, dont le pays a annoncé la veille la formation d'une coalition internationale pour y faire face.

Un responsable Houthi a averti lui que «tout pays» qui agirait contre les rebelles verrait ses navires pris pour cibles.