Extension du conflit redoutée Israël: «Nous sommes hautement préparés pour tout scénario»

ATS

3.1.2024 - 06:10

L'armée israélienne se prépare mercredi à «tout scénario» au lendemain d'une frappe dans la banlieue de Beyrouth fatale au numéro 2 du mouvement islamiste palestinien Hamas. La situation ravive les craintes d'une extension du conflit actuel dans la bande de Gaza.

Des manifestants palestiniens brandissent des drapeaux du Hamas et crient des slogans lors d'une manifestation suite à l'assassinat du haut responsable du Hamas, Saleh Arouri, à Beyrouth, dans la ville de Naplouse en Cisjordanie, le mardi 2 janvier 2024. M. Arouri, numéro 2 du Hamas, a été tué dans une explosion attribuée à Israël. Il est la personnalité la plus haut placée du Hamas à être tuée dans la guerre de près de trois mois entre Israël et le Hamas. (AP Photo/Majdi Mohammed)
Des manifestants palestiniens brandissent des drapeaux du Hamas et crient des slogans lors d'une manifestation suite à l'assassinat du haut responsable du Hamas, Saleh Arouri, à Beyrouth, dans la ville de Naplouse en Cisjordanie, le mardi 2 janvier 2024. M. Arouri, numéro 2 du Hamas, a été tué dans une explosion attribuée à Israël. Il est la personnalité la plus haut placée du Hamas à être tuée dans la guerre de près de trois mois entre Israël et le Hamas. (AP Photo/Majdi Mohammed)
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«Les forces israéliennes sont dans un état de préparation très élevé dans toutes les arènes, en défense et en attaque. Nous sommes hautement préparés pour tout scénario. La chose la plus importante à dire ce soir est que nous sommes concentrés et restons concentrés sur la lutte contre le Hamas», a déclaré tard mardi, le porte-parole de l'armée Daniel Hagari.

Plus tôt, le Liban était secoué d'une vive onde de choc avec une frappe attribuée à Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah pro-iranien, qui a tué Saleh al-Arouri, numéro 2 de la branche politique du Hamas, ainsi qu'au moins six autres de ses cadres.

«Un mouvement dont les leaders et les fondateurs tombent en martyrs pour la dignité de notre peuple et de notre nation ne sera jamais vaincu», a réagi Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, en dénonçant «une violation de la souveraineté du Liban» et une «expansion» de la guerre en cours dans la bande de Gaza.

Le Hezbollah libanais a prévenu dès mardi soir que «l'assassinat de Saleh al-Arouri» était non seulement une «grave agression contre le Liban» mais aussi «un sérieux développement dans la guerre entre l'ennemi et l'axe de la résistance», expression désignant l'Iran et ses alliés régionaux hostiles à Israël.

«Ce crime ne restera pas sans riposte ou impuni», a ajouté le Hezbollah dont le secrétaire général, Hassan Nasrallah, doit prononcer mercredi soir un discours très attendu à l'heure où le Premier ministre libanais Najib Mikati accuse Israël de «vouloir entraîner le Liban dans une nouvelle phase de confrontation».

Montée des tensions

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, les tensions se multiplient à la frontière israélo-libanaise, en Syrie et en Irak où des bases américaines sont prises pour cible, et en mer Rouge avec des attaques des rebelles Houthis, visant à freiner le trafic maritime international, en «soutien» à Gaza.

Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron a appelé Israël à «éviter toute attitude escalatoire notamment au Liban» lors d'un entretien téléphonique avec le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Lors de cet entretien, Emmanuel Macron a réitéré son appel à «oeuvrer à un cessez-le-feu durable» entre Israël et le Hamas et a fait part de «sa plus vive préoccupation face au très lourd bilan civil» dans la bande de Gaza, théâtre de raids aériens et de tirs d'artillerie continus depuis près de trois mois.

«Très difficile pour nous»

Le Hamas avait mené le 7 octobre une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien, faisant environ 1140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes, et prenant environ 250 personnes en otage, dont plus de 100 avaient été libérés fin novembre lors d'une courte trêve.

En réaction à l'attaque sanglante, Israël a juré de «détruire» le mouvement islamiste palestinien, classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis, Israël et l'Union européenne, et pilonne depuis la bande de Gaza.

La guerre a coûté la vie à 22'185 personnes à Gaza, majoritairement des femmes, des adolescents et des enfants, a annoncé mardi le Hamas, qui dirige le territoire depuis 2007.

Saleh al-Arouri, chef en exil du Hamas pour la Cisjordanie occupée, est le plus haut responsable du mouvement islamiste palestinien tué depuis le début de cette nouvelle guerre. Peu après l'annonce de sa mort, de nombreux Palestiniens se sont rassemblés dans les rues de Ramallah, en Cisjordanie occupée

«La nouvelle du martyre de (Saleh al-Arouri) est très difficile pour nous, mais il ne vaut pas mieux que plus de 20'000 martyrs morts à Gaza», a dit sur place à l'AFP Diya Zaloum, un jeune manifestant.

«Taillés en pièces»

Malgré les demandes de cessez-le-feu pressantes de la communauté internationale, l'armée israélienne se prépare à des «combats prolongés», qui devraient durer «tout au long de l'année» dans la bande de Gaza.

«L'idée que nous pourrions nous arrêter bientôt est erronée. Sans une victoire claire, nous ne pourrons pas vivre au Proche-Orient», a renchéri le ministre de la Défense Yoav Gallant, qui a rendu visite mardi à des soldats – dont 173 sont morts dans la bande de Gaza.

Dans la nuit de mardi à mercredi, le chef de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a «déploré» des frappes «inadmissibles» sur un hôpital de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, qui ont notamment endommagé des installations locales du Croissant-Rouge palestinien.

Les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza -dont 85% ont été déplacés par les bombardements et les combats selon l'ONU – sont confrontés à de graves pénuries de nourriture, d'eau, de carburant et de médicaments.