Joe BidenIl affirme que Poutine «ne peut pas rester au pouvoir», la Maison Blanche nuance
hl
26.3.2022 - 22:23
Le président américain Joe Biden a violemment attaqué son homologue russe Vladimir Poutine samedi à Varsovie, jugeant qu'il ne pouvait «pas rester au pouvoir» après son invasion de l'Ukraine, une déclaration immédiatement tempérée par la Maison Blanche.
hl
26.03.2022, 22:23
26.03.2022, 22:29
ATS
Venu afficher son soutien à la Pologne, pays du flanc oriental de l'Alliance atlantique et frontalier de l'Ukraine, M. Biden a qualifié la guerre dans ce pays d'"échec stratégique pour la Russie». Il a aussi mis en garde les autorités de Moscou en leur enjoignant de ne «même pas [penser] à avancer d'un centimètre en territoire de l'Otan».
Avant sa charge contre le maître du Kremlin en début de soirée, le président américain avait traité M. Poutine de «boucher» pour les crimes commis selon lui par l'armée russe en Ukraine.
Appelant M. Biden à rester «réfléchi» dans ces propos, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réagi en jugeant qu"à chaque fois, les insultes personnelles de ce genre réduisent le champ des possibles pour nos relations bilatérales avec le gouvernement américain actuel».
«Ce que le président voulait dire»
A l'occasion d'un discours devant un millier de personnes au château royal de Varsovie, le président américain s'est directement adressé au «peuple russe». Assurant ne pas le considérer comme un «ennemi», mais jugeant que la guerre en Ukraine, avec ses atrocités, n'était pas «digne» de lui, M. Biden a ajouté: «Cet homme [M. Poutine, ndlr.] ne peut pas rester au pouvoir».
«Ce que le président voulait dire, c'est que Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région», a dû par la suite nuancer la Maison Blanche. «Il ne parlait pas du pouvoir de Poutine en Russie, ni d'un changement de régime.»
M. Biden a également émis des doutes sur les intentions de la Russie en Ukraine. Un peu plus d'un mois après le déclenchement de la guerre, le commandement russe a créé la surprise en annonçant vendredi «concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal: la libération» du bassin minier du Donbass.
Cette annonce a tranché avec la volonté affichée par Moscou jusque là de «démilitariser et dénazifier l'Ukraine» dans son ensemble et non pas seulement dans cette région orientale où se trouvent deux «républiques» séparatistes pro-russes. «Je ne suis pas sûr» que les intentions des Russes aient changé, a jugé M. Biden dans la capitale polonaise.
A Varsovie, M. Biden a rencontré le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba et le ministre de la Défense Oleksii Reznikov. Ont aussi participé à la réunion leurs homologues américains Antony Blinken et Lloyd Austin.
M. Biden, qui a aussi rencontré le président polonais Andrzej Duda, a également souligné «l'engagement sacré» de Washington sur le principe de la défense collective des pays membres de l'Otan. De son côté, le président ukrainien Volodomyr Zelensky a accusé Moscou d'alimenter une dangereuse course aux armements en mettant en avant son arsenal nucléaire, lors d'une intervention vidéo au Forum de Doha.
Couvre-feu à Kiev
Sur le front militaire, autour de Donetsk et Lougansk, les deux grandes villes du Donbass, l'armée ukrainienne assure «avoir infligé des pertes importantes aux envahisseurs russes», dans son dernier bulletin publié samedi. Celui-ci fait état de trois avions abattus, huit chars détruits et quelque 170 soldats tués côté russe.
Le ministère de la Défense russe a fait état lui d'une bataille pour le contrôle de deux villages près de Donetsk, à Novobakhmutivka et Novomykhailivka. Les autorités locales ont annoncé qu'une série de frappes russes, ayant touché des dépôts de carburant, avaient fait cinq blessés à Lviv, grande ville de l'ouest de l'Ukraine relativement épargnée par les combats jusque-là.
Le ministère russe a aussi affirmé que des roquettes de type Kalibr ont détruit un dépôt d'armes et de munitions dans la région de Jytomyr, à l'ouest de Kiev, le 25 mars. Un dépôt de carburant a également été touché près de la ville portuaire de Mykolaïv (sud), selon la même source.
Autour de Kiev, dont le maire a renoncé à décréter un nouveau couvre-feu qui devait initialement entrer en vigueur samedi soir, les combats continuent pour «repousser l'offensive ennemie», a affirmé l'état-major ukrainien, selon qui la ligne de front n'a pas bougé. L'armée ukrainienne assure poursuivre la contre-offensive sur Kherson, grande ville du sud.
Bataille de l'information
Selon les autorités régionales ukrainiennes, l'armée russe a pris le contrôle de la ville de Slavoutitch, où réside le personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl, arrêtant brièvement le maire et suscitant des manifestations pro-ukrainiennes.
A environ 120 km au nord-est de Kiev, la ville de Tcherniguiv est encerclée par les forces russes et il est impossible d'en évacuer massivement les civils et les blessés, a annoncé son maire, Vladislav Atrochenko. Mais les forces ukrainiennes ont repris le contrôle de la ville de Trostianets, dans le nord-est du pays, a affirmé le ministère de la Défense ukrainien.
Dans la ville assiégée de Marioupol (sud), port stratégique sur la mer d'Azov, plus de 2000 civils ont été tués, selon la municipalité. Quelque 100'000 de ses habitants y sont toujours bloqués et manquent de tout, selon le président Zelensky.
Ces déclarations russes et ukrainiennes doivent être prises avec précaution. Chaque camp se livre à une intense bataille de l'information, alors qu'il est très difficile de vérifier de source indépendante ce qui se passe sur le théâtre des opérations.
Réapparition ministérielle
Dans le même temps, Kiev a annoncé la mort d'un septième haut responsable militaire russe en Ukraine. La Russie a confirmé à ce jour la mort de deux hauts gradés. Selon des responsables occidentaux, un autre général a été démis de ses fonctions par le Kremlin à cause des lourdes pertes subies par les troupes russes.
Selon des images diffusées samedi en Russie, le ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou a fait sa première apparition publique en deux semaines. Son absence avait nourri des interrogations que le Kremlin s'était efforcé de balayer.