Union européenne L'adhésion de l'Ukraine prendra «sans doute 15 ou 20 ans»

ATS

22.5.2022 - 16:19

L'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne prendra «sans doute 15 ou 20 ans», a estimé dimanche le ministre français délégué français aux Affaires européennes. Clément Beaune a préconisé que Kiev entre en attendant dans la communauté politique européenne proposée par le président Macron.

Image d'illustration
Image d'illustration
KEYSTONE/Christian Beutler

22.5.2022 - 16:19

«Il faut être honnête. (...) Si on dit que l'Ukraine va rentrer dans l'UE dans 6 mois, 1 an ou 2 ans, on ment. Ce n'est pas vrai. C'est sans doute 15 ou 20 ans, c'est très long», a affirmé M. Beaune sur les ondes de Radio J.

«Je ne veux pas qu'on vende aux Ukrainiens des illusions et des mensonges. Si l'on dit aux Ukrainiens: 'Bienvenue dans l'UE, mais vous n'avez pas lu sur le contrat, en note de bas de page, Coucou c'est dans 15 ans', je pense qu'on prépare demain des déceptions pour toute une génération du peuple ukrainien», a-t-il poursuivi. «En attendant on doit aux Ukrainiens (...) un projet politique dans lequel ils peuvent rentrer», a poursuivi M. Beaune.

Porte ouverte

La communauté politique européenne proposée par le président Macron est «complémentaire de l'UE» et «peut offrir un projet politique et concret à des pays qui ne sont pas dans le coeur de l'UE et qui veulent se rapprocher de nous», a encore observé le ministre.

«Ce n'est pas une porte fermée mais au contraire une porte ouverte», a-t-il affirmé, citant pèle-mêle des avantages comme la «libre circulation en Europe» et pouvoir «bénéficier en partie du budget européen pour la reconstruction et demain pour la relance» de l'Ukraine, peut-être des politiques communes sur l'énergie.

La question de l'élargissement de l'UE à l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie génère polémiques et dissensions au sein de l'Union.

«Traitement de seconde zone»

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dénoncé jeudi un «traitement de seconde zone» de la part de «certaines capitales» au sujet de la candidature ukrainienne pour adhérer à l'UE. Le chancelier allemand Olaf Scholz avait affirmé un peu plus tôt qu'il n'était pas favorable à l'octroi à l'Ukraine d'un «raccourci» en vue d'une adhésion à l'UE.

Dans son intervention à l'occasion du jour de l'Europe, le 9 mai, M. Macron avait souligné que l'Ukraine, envahie par la Russie, était déjà «membre de coeur de notre union». Mais il avait estimé que le processus d'adhésion à l'UE, à laquelle aspire Kiev, «prendrait plusieurs années, en vérité plusieurs décennies». Il avait proposé, en parallèle, la création d'une «organisation européenne nouvelle».

«On ne peut nous garder à distance», lui avait répondu le président Volodymyr Zelensky, avant de poursuivre samedi: «Nous n'avons pas besoin d'alternatives à la candidature de l'Ukraine à l'UE, nous n'avons pas besoin de tels compromis».

Interrogé sur cette réaction, le ministre français a déclaré «comprendre» Volodymyr Zelensky car l'intégration à l'UE «mobilise son peuple». «Mais je réponds: l'adhésion européenne, soyons honnêtes, ça prend du temps.»

ATS