Allemagne L'Allemagne se recueille après la tuerie

ATS

20.2.2020 - 20:38

Au lendemain des fusillades racistes de Hanau, au cours desquelles neuf personnes ont été tuées, l'heure était jeudi soir au recueillement en Allemagne. Celle-ci est confrontée à une menace terroriste d'extrême droite de plus en plus pesante.

A Hanau, proche de Francfort, mais aussi Hambourg, à Berlin, comme dans une cinquantaine d'autres villes, des milliers de personnes se sont rassemblées jeudi soir contre la haine.

«Cette attaque a provoqué un choc pour moi. En raison de son histoire, l'Allemagne doit être un exemple pour l'Europe et le monde», a expliqué Patrick Knopke, 36 ans, venu se recueillir à Berlin, devant la mythique Porte de Brandebourg. Les manifestants y ont formé une chaîne humaine.

A Hanau, des milliers de personnes se recueillaient jeudi soir en silence, en présence du président de la République Frank-Walter Steinmeier. La chancelière allemande Angela Merkel avait auparavant dénoncé «le poison» du racisme, faisant le lien avec d'autres attentats d'extrême droite depuis 20 ans dans le pays.

A Bruxelles, de nombreux dirigeants ont exprimé leur solidarité à Mme Merkel avant l'ouverture d'un sommet européen. Emmanuel Macron s'est dit «au côté» de la chancelière. La présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, s'est déclarée «choquée par la tragédie».

Cinq Turcs tués

L'assaillant présumé, Tobias R., 43 ans, a été retrouvé mort dans son appartement, de même que sa mère, tuée par balle, portant le bilan total à 11 morts, dont neuf dans les deux fusillades. Les victimes, dont certaines sont d'origine ou de nationalité étrangère, avaient entre 21 et 44 ans, selon le parquet.

Cinq Turcs figuraient parmi les victimes, a annoncé jeudi soir un proche conseiller de Recep Tayyip Erdogan. Un Bosnien et un Bulgare ont aussi trouvé la mort lors de cette double-fusillade.

Complicités?

Le parquet antiterroriste cherche à déterminer si l'auteur a pu bénéficier de complicités pour mener ces attaques dont le mobile est «profondément raciste».

Mercredi soir, un bar à chicha, le Midnight, avait été visé par des tirs dans le centre de Hanau, ville de près de 100'000 habitants à 20 kilomètres de Francfort, avant que le tireur ne gagne un deuxième établissement, l'Arena Bar, dans le quartier périphérique de Kesselstadt.

L'assaillant a sonné à la porte du deuxième bar et tiré sur des personnes présentes, tuant cinq personnes dont une femme, selon des informations de Bild.

Parmi les tués figurent «plusieurs victimes d'origine kurde», a indiqué la Confédération des communautés du Kurdistan en Allemagne (Kon-Med). Celle-ci a accusé les dirigeants allemands de ne pas «résolument combattre le terrorisme d'extrême droite».

Thèses racialistes

L'auteur présumé, qui a suivi une formation de conseiller bancaire puis des études de gestion, a laissé derrière lui une vidéo et un manifeste de 24 pages, que l'AFP a pu consulter.

Il y appelle à «anéantir» la population d'au moins 24 pays, parmi lesquelles celles du Maghreb, du Moyen-Orient, d'Israël ou encore d'Asie du Sud, avançant des thèses racialistes tout en assurant être surveillé depuis l'enfance par une «organisation secrète».

Les enquêteurs ont également retrouvé dans sa voiture des munitions et des chargeurs. Le suspect pratiquait le tir sportif, selon de premiers éléments de l'enquête.

Mesures annoncées

Le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, qui a déposé des gerbes de fleurs sur les sites visés avec sa collègue de la Justice, Christine Lambrecht, a promis de nouvelles mesures dans les prochains jours.

L'association Ditib, principale organisation de la communauté turque musulmane d'Allemagne, a parlé dans un communiqué de «jour noir dans l'histoire de l'Allemagne» et réclamé plus de protection pour ses fidèles.

Attaques planifiées

La menace d'un terrorisme d'extrême droite inquiète de plus en plus les autorités allemandes, depuis notamment le meurtre d'un élu allemand pro-migrants, membre du parti de la chancelière Merkel, en juin dernier.

Vendredi, 12 membres d'un groupuscule d'extrême droite ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés d'avoir planifié des attaques de grande ampleur contre des mosquées.

Au total plus de 12'700 extrémistes de droite jugés «dangereux» sont recensés par les autorités allemandes

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