Carnet noirCornelio Sommaruga, ancien président du CICR, est décédé
mf, ats
19.2.2024 - 14:00
Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de 1987 à 1999, Cornelio Sommaruga est mort à l'âge de 91 ans, a indiqué lundi son fils, le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga. L'institution a salué «le président de la refondation du CICR».
mf, ats
19.02.2024, 14:00
19.02.2024, 15:41
ATS
«Mon père est décédé dans la nuit de samedi à dimanche», a fait savoir Carlo Sommaruga dans un courriel à Keystone-ATS, confirmant une information du Temps. Sur le blog du CICR, le porte-parole de l'organisation Frédéric Joli évoque «un grand président qui s'est éteint», se souvenant de l'opiniâtreté, de l'éloquence et des talents de comédien de Cornelio Sommaruga.
Le Tessinois est né à Rome en 1932. Il obtient un doctorat en droit en 1957, puis entre au service de la Confédération comme diplomate. Il monte rapidement les échelons de la carrière jusqu'à devenir en 1980 délégué aux accords commerciaux. Quatre ans plus tard, le Conseil fédéral le nomme à la tête de l'Office fédéral des affaires économiques extérieures.
Les crises de l'après-guerre froide
En mai 1987, le secrétaire d'Etat succède à Alexandre Hay à la tête du CICR, un poste qu'il occupera durant douze ans. A la tête de l'organisation, Cornelio Sommaruga traversera le conflit de Yougoslavie, la première guerre de Tchétchénie, il aura aussi dû faire face au génocide au Rwanda. Il assistera enfin à la naissance, à Rome, du traité instituant la Cour pénale internationale (CPI).
La perte de six de ses collaborateurs, assassinés en décembre 1996 à Novi Atagui, en Tchétchénie, a été son épreuve la plus dure comme président, confiera-t-il. Pour lutter contre la violence qui touche les employés humanitaires, il prônait un dialogue renforcé avec tous les acteurs des conflits.
Les frustrations n'ont pas manqué: et de rappeler l'absence du CICR à Srebrenica, en juillet 1995, lorsque les Serbes ont massacré des milliers d'habitants de l'enclave musulmane. Ou encore le départ forcé des délégués du Kosovo en mars 1999, cinq jours après le début des bombardements de l'OTAN.
Du côté des succès, Cornelio Sommaruga mettait à son actif le fait d'avoir renoué le dialogue avec la communauté juive. Lors d'une cérémonie à Auschwitz en 1995, il a regretté «les erreurs et omissions possibles du CICR pendant l'Holocauste».
Indépendance du CICR
Il a toujours veillé scrupuleusement au respect de l'indépendance du CICR. Lors de son départ en décembre 1999, il adressait en priorité le message suivant à son successeur Jakob Kellenberger: éviter à tout prix la politisation de l'humanitaire. Ses collaborateurs ont regretté sa chaleur latine et son sens de la communication vis-à-vis des médias.
Selon Frédéric Joli, Cornelio Sommaruga a été le président de la refondation du CICR «avec la fin de la mononationalité pour les délégués de l'institution, les Suisses n'étant plus assez nombreux pour encadrer les délégations opérationnelles». Les statuts autorisant d'autres nationalités furent modifiés en 1996.
M. Joli raconte avoir accompagné Cornelio Sommaruga, en 1999, en Erythrée et en Ethiopie, dans sa dernière mission en tant que président du CICR. Il a vu un homme «en mode diplomate de terrain, usant de tout moyen, y compris de sa large stature pour obtenir des résultats».
Le combat des mines
Une fois descendu de la colline du CICR, le Tessinois ne reste pas longtemps inactif. Contacté par Kofi Annan, il collabore avec neuf autres experts à un rapport très critique sur les opérations de paix de l'ONU. Le rapport propose une réforme en profondeur.
M. Sommaruga succède à René Felber comme président du Centreinternational de déminage humanitaire à Genève de 2000 à 2008. Il poursuit ainsi son combat contre le fléau des mines, dénoncé dès 1994. L'engagement personnel de M. Sommaruga contribua à convaincre les gouvernements (dont la Suisse) de signer le traité d'Ottawainterdisant les mines antipersonnel.
A plus de 80 ans, le Tessinois était encore actif, s'engageant en faveur de l'initiative «pour des multinationales responsables» (2020) ou celle «contre les rémunérations abusives» (2013).