Proche-OrientL'annexion de la Cisjordanie pas écartée
ATS
14.8.2020 - 05:15
Les Emirats arabes unis et Israël doivent signer d'ici à trois semaines à Washington un accord historique destiné à normaliser leurs relations. L'accord ferait d'Abou Dhabi la troisième capitale arabe seulement à suivre ce chemin depuis la création de l'Etat hébreu.
Les lectures divergent toutefois sur le projet israélien d'annexion de territoires palestiniens. Aux yeux des Emirats arabes unis, en échange de cet accord, Israël a accepté de «mettre fin à la poursuite de l'annexion des territoires palestiniens».
«Lors d'un appel entre le président [américain Donald, ndlr] Trump et le premier ministre [israélien Benyamin] Netanyahou, un accord a été trouvé pour mettre fin à toute annexion supplémentaire», a affirmé le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane sur son compte Twitter.
Mais M. Netanyahou n'a pas confirmé, loin de là: l'annexion de pans de ce territoire palestinien occupé est «reportée», mais Israël n'y a «pas renoncé». «J'ai apporté la paix. Je réaliserai l'annexion», a-t-il même proclamé.
«Pause temporaire» pour Washington
«La formulation a été choisie avec soin par les différentes parties. 'Pause temporaire', ce n'est pas écarté définitivement», a avancé pour sa part l'ambassadeur américain en Israël, David Friedman.
Dévoilé en janvier, un plan de M. Trump pour le Proche-Orient, immédiatement rejeté par les Palestiniens et critiqué par la communauté internationale, avait offert à Israël la possibilité d'annexer des territoires et colonies juives de Cisjordanie, considérées comme illégales au regard du droit international.
L'annonce de l'accord entre Israël et les Emirats a été faite par Donald Trump dans un tweet: «Une énorme avancée», a tweeté le président américain en louant un «accord de paix historique» entre «deux grands amis» de Washington. Il a par la suite précisé que l'accord serait signé «dans les trois prochaines semaines» à Washington, en présence des deux dirigeants israélien et émirati.
L'établissement de relations diplomatiques entre Israël et les alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient, y compris les riches monarchies du golfe Persique, est un objectif clé de la stratégie régionale de M. Trump pour contenir la République islamique d'Iran, ennemi intime de Washington et de l'Etat hébreu.
«Un jour historique», une «victoire»
Pour Benyamin Netanyahou, il s'agit d'un «jour historique», d'un accord qui représente une «nouvelle ère» pour le monde arabe et Israël.
L'accord est en tout cas une «victoire» pour la diplomatie, a commenté l'ambassadeur des Emirats à Washington, Youssef al-Otaïba sur Twitter. «C'est une avancée pour les relations entre Israël et les pays arabes», a-t-il ajouté, soulignant que l'accord «préserve l'option de deux Etats [israélien et palestinien, ndlr], défendue par la Ligue arabe et la communauté internationale».
Dans le même sens, le ministre d'Etat aux affaires étrangères des Emirats, Anwar Gargash, a souligné que l'accord ouvrait la voie à l'option de deux Etats. «La plupart des pays y verront une initiative courageuse pour garantir une solution à deux Etats, à l'issue de négociations», a-t-il déclaré en conférence de presse.
Appel de l'ONU
Il n'a pas voulu donner de date précise pour l'ouverture d'ambassades entre Abou Dhabi et Israël, précisant toutefois que cela interviendrait «prochainement».
L'option de deux Etats a été ignorée jusqu'ici par le président Trump, dont le plan de paix ne comporte aucune référence à un Etat palestinien vivant au côté d'Israël.
Saluant l'accord dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU António Guterres a confié espérer qu'il créerait «une occasion pour les dirigeants israéliens et palestiniens de reprendre des négociations substantielles, débouchant sur une solution à deux Etats conformément aux résolutions onusiennes en la matière».
Mais l'autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a, elle, qualifié de «trahison» l'accord de normalisation. Elle a appelé à une «réunion d'urgence» de la Ligue arabe pour le dénoncer. En guise de protestation, elle a aussi ordonné le rappel «immédiat» de l'ambassadeur palestinien à Abou Dhabi.
Le Hamas palestinien l'a aussi condamné. Cet accord «ne sert pas la cause palestinienne, mais est considéré comme une continuation du déni des droits du peuple palestinien», a dit un porte-parole du mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza.