Le parti conservateur allemand a décidé lundi de choisir le 25 avril son nouveau président, candidat à la succession d'Angela Merkel à l'horizon 2021. En pleine crise, la formation a subi la veille un cinglant revers électoral.
Au terme d'une semaine de consultations menées par la dirigeante démissionnaire de l'Union démocrate-chrétienne (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer dite «AKK», les responsables de la formation ont opté pour la tenue le 25 avril d'un congrès extraordinaire chargé de désigner son successeur, ont indiqué des sources proches du parti à l'AFP.
La question de savoir si elle sera remplacée par une seule personne, appelée ensuite à devenir le candidat du mouvement pour la chancellerie en vue des élections prévues fin 2021, ou par une direction collégiale afin d'éviter des luttes fratricides, n'est pas encore tranchée.
Et celle de la candidature à la chancellerie pourrait être elle être formellement décidée à la fin de l'année, vu le contexte.
Revers cinglant
Les instances dirigeantes de la CDU se sont réunies lundi à Berlin au lendemain d'un cinglant revers lors d'élections régionales de Hambourg.
Dans la cité hanséatique, la CDU a été rétrogradée à la troisième place avec 11,2% des suffrages, l'un de ses pires scores de l'après-guerre, derrière des sociaux-démocrates à 39% et surtout des Verts passés de 12,3% à plus de 24,2%.
Le parti a été visiblement sanctionné à la suite des remous internes qui l'agitent. Il est depuis plusieurs semaines sans direction et divisé par des tiraillements sur sa ligne politique, notamment à l'égard des extrêmes tant à droite qu'à gauche.
AKK a dû jeter l'éponge après que les élus CDU de Thuringe se sont alliés au début du mois à l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) pour élire le dirigeant de cet Etat régional.
Coup de barre à droite?
La dirigeante voulait au départ aller vite: son successeur devait être nommé rapidement et aussi intronisé candidat à la chancellerie du parti, afin qu'il jouisse d'une légitimité lui faisant cruellement défaut.
Mais choisir dès aujourd'hui le successeur désigné d'Angela Merkel aurait été difficilement compatible avec un maintien de la chancelière au pouvoir pendant encore un an et demi. «Comment se débarrasser d'Angela Merkel?» devenue encombrante, résume ainsi le quotidien Bild.
Pour la présidence du parti, la CDU devrait au final choisir entre deux partisans d'un coup de barre à droite, pour rompre avec la politique centriste d'Angela Merkel dans l'espoir de récupérer les électeurs tentés par l'AfD, et deux personnalités modérées.
Parmi les premiers on trouve Fredrich Merz, vieil ennemi d'Angela Merkel dont il a récemment qualifié le leadership de «défaillant», et Jens Spahn, étoile montante du parti. Dans la deuxième catégorie figurent Armin Laschet, un baron régional, ainsi qu'un invité de dernière minute, Norbert Röttgen, ancien ministre de l'Environnement jadis écarté par la chancelière.
«Auto-destruction»
Le choix préfigurera donc l'orientation future de ce parti qui domine la vie politique allemande depuis plus de 70 ans, mais voit sa base électorale s'éroder. Il ne recueille plus que 27% des intentions de vote, contre 23% aux Verts et 14% à l'extrême droite.
Car au-delà des personnes, la CDU doit urgemment clarifier son profil politique dans un paysage électoral de plus en plus morcelé, où les majorités deviennent à tous les niveaux difficiles à composer. Jusqu'ici la CDU campe sur une ligne du «ni-ni», excluant des alliances tant avec l'extrême droite qu'avec la gauche radicale.
Le débat a atteint son paroxysme dans la région de Thuringe. Après s'être alliés à l'AfD, la CDU locale a opté ce week-end pour une coopération avec la gauche radicale de Die Linke. Conséquence: nouveau tollé et rappel à l'ordre de sa direction nationale.
L'hebdomadaire Der Spiegel parle d'une «auto-destruction de la CDU» à l'oeuvre, à l'heure du crépuscule de l'ère Merkel, d'un «parti sans direction, sans centre stratégique». Le quotidien Süddeutsche Zeitung s'inquiète du risque de voir les démocrates-chrétiens «désorientés» perdre à terme leur statut de grand parti, à la suite déjà des sociaux-démocrates.
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