Karabakh L'Azerbaïdjan a «rétabli sa souveraineté», assure le président

ATS

20.9.2023 - 21:58

L'Azerbaïdjan a «rétabli sa souveraineté» sur le Nagorny-Karabakh. Les séparatistes arméniens ont «commencé» à déposer les armes après la victoire-éclair des forces de Bakou, s'est félicité mercredi le président azerbaïdjanais Ilham Aliev.

Cette victoire «va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev (ci-dessus)», au pouvoir depuis vingt ans, mais celui-ci va désormais devoir «tenir sa promesse d'assurer les droits des Arméniens du Karabakh», a souligné Chahin Hajiev, un expert azerbaïdjanais indépendant.
Cette victoire «va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev (ci-dessus)», au pouvoir depuis vingt ans, mais celui-ci va désormais devoir «tenir sa promesse d'assurer les droits des Arméniens du Karabakh», a souligné Chahin Hajiev, un expert azerbaïdjanais indépendant.
KEYSTONE

«La plupart» des forces et des équipements des séparatistes arméniens ont été «détruits», a ajouté M. Aliev devant la presse. Selon lui, les autorités arméniens ont fait preuve de «compétence politique» en n'intervenant pas directement dans le conflit.

Vaincus en 24 heures, les séparatistes ont annoncé la signature d'"un accord sur une cessation complète des hostilités à 13h00 (11h00 suisses) avec la médiation du commandement des forces de paix russes». Selon eux, les affrontements avaient fait au moins 200 morts et 400 blessés.

Pourparlers prévus jeudi

Dans le détail, l'accord de cessez-le-feu, confirmé par Bakou, prévoit «le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l'Arménie» et «la dissolution et le désarmement complet des formations de l'Armée de défense du Nagorny-Karabakh». Les séparatistes ont aussi accepté d'avoir jeudi de premiers pourparlers sur «la réintégration» à l'Azerbaïdjan de ce territoire.

Mercredi soir, le président russe Vladimir Poutine a indiqué que les négociations sur le futur de l'enclave se dérouleraient avec «la médiation» des forces russes déployées sur le terrain. Déployé dans la région depuis la fin du dernier conflit en 2020, ce contingent de maintien de la paix a affirmé dans la soirée n'avoir enregistré «aucune violation du cessez-le-feu».

Deux soldats de ces troupes russes ont cependant été tués mercredi lorsque leur voiture a été visée par des tirs, a annoncé le ministère russe de la Défense, sans dire quel camp en avait été responsable.

«Réintégration pacifique»

A la veille de ces discussions, Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais, a assuré que l'Azerbaïdjan avait «pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh» et une «normalisation» des relations avec l'Arménie.

Il a également promis «un passage en toute sécurité» aux forces séparatistes arméniennes, assurant que «toutes les actions» menées «sur le terrain» étaient coordonnées avec le contingent de maintien de la paix russe.

Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit toutefois les craintes d'un départ massif des 120'000 habitants du Nagorny-Karabakh, tandis que des images diffusées par des médias locaux montraient une foule rassemblée à l'aéroport de la capitale régionale Stepanakert.

Plus de 10'000 personnes ont d'ores et déjà été évacuées de l'enclave, a indiqué mercredi soir un responsable des séparatistes arméniens.

Pachinian sous pression

Cette capitulation des séparatistes a fait monter encore un peu plus la pression sur le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, critiqué pour ne pas avoir envoyé d'aide au Nagorny-Karabakh.

Au lendemain de heurts devant le siège du gouvernement, des milliers de manifestants y étaient de nouveau rassemblés mercredi soir et des heurts ont éclaté avec la police. Nikol Pachinian «doit partir, il ne peut pas diriger le pays», a déclaré l'un d'eux.

Usant la manne pétrolière pour renforcer son armée, Ilham Aliev est quant à lui en passe de réussir son pari de reprendre le contrôle de cette région majoritairement peuplée d'Arméniens, qui a été le théâtre de deux guerres entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie: l'une de 1988 à 1994 (30'000 morts) et l'autre en 2020 (6500 morts).

Cette victoire «va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev», au pouvoir depuis vingt ans, mais celui-ci va désormais devoir «tenir sa promesse d'assurer les droits des Arméniens du Karabakh», a souligné Chahin Hajiev, un expert azerbaïdjanais indépendant.

«Affaire intérieure»

Absorbée par la guerre en Ukraine, la Russie a joué un rôle de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu, selon Bakou et les séparatistes. Mais, estimant que la crise au Karabakh est une «affaire intérieure» de l'Azerbaïdjan, Moscou n'a jusqu'ici rien dit de l'accord.

La porte-parole de M. Pachinian s'est contentée d'indiquer que le premier ministre arménien avait évoqué le Nagorny Karabakh au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine.

Craignant que la reprise des hostilités ne déstabilise tout le Caucase, les Occidentaux et la Russie avaient appelé à un arrêt immédiat des combats, dès mardi. Des appels ignorés par le président azerbaïdjanais – soutenu par son allié historique turc.

ATS